Quels colonels pour la Grèce?
Après des décennies de gestion socialiste calamiteuse, la Grèce est tombée en faillite. Les conséquences de celle-ci font toutefois tellement peur que l’on préfère s’exprimer comme si les jeux n’étaient pas encore faits: on dit que l’on «redoute que la Grèce ne tombe en faillite» – un peu comme lorsque l’on rentre chez soi complètement trempe en disant: «Je crains qu’il ne se mette bientôt à pleuvoir!» Le fait est que les banques européennes, après avoir déversé dans ce pays des sommes d’argent colossales qui ont été dilapidées jusqu’au dernier cent, ont désormais renoncé à en revoir la couleur. Officiellement, on parle d’un simple rééchelonnement de la dette grecque: touchante fioriture linguistique alors que personne n’espère plus récupérer quoi que ce soit.
Dans le même ordre d’idées, on remarque que l’Union européenne, contre toute évidence, continue à se réclamer de la démocratie. Le site internet de la Commission européenne affirme par exemple: «Pour l’Union européenne, la démocratie et les droits de l’homme sont des valeurs universelles qui doivent être vigoureusement défendues dans le monde entier.» Dans le monde entier peut-être, mais manifestement pas en Grèce puisque, lorsque le premier ministre grec Georges Papandréou a annoncé son intention d’organiser un référendum sur les conditions de l’aide européenne, la nouvelle a provoqué à Bruxelles un vent de panique et de consternation. Le chef du gouvernement grec a été «convoqué» par les dirigeants des grands Etats européens afin de «s’expliquer» sur sa décision. Morigéné comme le dernier des sous-fifres, il a cédé d’abord en acceptant de modifier la date de son référendum, puis en acceptant de renoncer à tout référendum.
Après les scrutins négatifs survenus en France, aux Pays-Bas et en Irlande – qui n’ont pas empêché les gouvernements des Etats concernés de passer outre –, on savait déjà que l’Union européenne voyait d’un mauvais œil que l’on demande l’avis des citoyens sur quelque sujet que ce soit. Mais, dans le cas de la Grèce, c’est la première fois que les grands Etats qui dirigent l’Union européenne contraignent explicitement un pays membre à annuler préventivement une consultation populaire.
Une fois tout danger écarté, quelques chroniqueurs en ont profité pour prendre des poses avantageuses de démocrates outragés, jouant à s’indigner de ce que la voix du peuple, dans cette affaire, avait moins compté que celle des «marchés». Cette critique très convenue des marchés financiers – qui ont tout de même alimenté le régime socialiste grec pendant des décennies – et de l’austérité budgétaire – qui permettrait à la Grèce de regagner son indépendance, ce que la gauche ne veut pas – n’a évidemment rien à voir avec une défense de la voix du peuple, et l’on peut être sûr que ces pseudo-thuriféraires de la démocratie tiendraient un autre discours s’il s’agissait de demander l’avis des citoyens sur des sujets plus «populistes» tels que l’expansion architecturale d’une religion extra-européenne virulemment conquérante.
On en conclut, logiquement, que le principe politique qui prévaut désormais au sein de l’Union européenne est le refus de la démocratie, accusée d’exciter les plus basses passions populaires, d’encourager le clientélisme électoral le plus dégradant et d’empêcher les actes politiques courageux que seul peut accomplir un pouvoir personnel fort. Celui d’un petit groupe de colonels, par exemple?
Le seul choix qui reste aux Grecs est celui d’être gouvernés par des colonels grecs possiblement animés par le désir de servir leur pays, ou par des colonels étrangers et apatrides qui ne conçoivent la Grèce que comme un simple rouage d’un empire abstrait.
Pollux
Dans le même ordre d’idées, on remarque que l’Union européenne, contre toute évidence, continue à se réclamer de la démocratie. Le site internet de la Commission européenne affirme par exemple: «Pour l’Union européenne, la démocratie et les droits de l’homme sont des valeurs universelles qui doivent être vigoureusement défendues dans le monde entier.» Dans le monde entier peut-être, mais manifestement pas en Grèce puisque, lorsque le premier ministre grec Georges Papandréou a annoncé son intention d’organiser un référendum sur les conditions de l’aide européenne, la nouvelle a provoqué à Bruxelles un vent de panique et de consternation. Le chef du gouvernement grec a été «convoqué» par les dirigeants des grands Etats européens afin de «s’expliquer» sur sa décision. Morigéné comme le dernier des sous-fifres, il a cédé d’abord en acceptant de modifier la date de son référendum, puis en acceptant de renoncer à tout référendum.
Après les scrutins négatifs survenus en France, aux Pays-Bas et en Irlande – qui n’ont pas empêché les gouvernements des Etats concernés de passer outre –, on savait déjà que l’Union européenne voyait d’un mauvais œil que l’on demande l’avis des citoyens sur quelque sujet que ce soit. Mais, dans le cas de la Grèce, c’est la première fois que les grands Etats qui dirigent l’Union européenne contraignent explicitement un pays membre à annuler préventivement une consultation populaire.
Une fois tout danger écarté, quelques chroniqueurs en ont profité pour prendre des poses avantageuses de démocrates outragés, jouant à s’indigner de ce que la voix du peuple, dans cette affaire, avait moins compté que celle des «marchés». Cette critique très convenue des marchés financiers – qui ont tout de même alimenté le régime socialiste grec pendant des décennies – et de l’austérité budgétaire – qui permettrait à la Grèce de regagner son indépendance, ce que la gauche ne veut pas – n’a évidemment rien à voir avec une défense de la voix du peuple, et l’on peut être sûr que ces pseudo-thuriféraires de la démocratie tiendraient un autre discours s’il s’agissait de demander l’avis des citoyens sur des sujets plus «populistes» tels que l’expansion architecturale d’une religion extra-européenne virulemment conquérante.
On en conclut, logiquement, que le principe politique qui prévaut désormais au sein de l’Union européenne est le refus de la démocratie, accusée d’exciter les plus basses passions populaires, d’encourager le clientélisme électoral le plus dégradant et d’empêcher les actes politiques courageux que seul peut accomplir un pouvoir personnel fort. Celui d’un petit groupe de colonels, par exemple?
Le seul choix qui reste aux Grecs est celui d’être gouvernés par des colonels grecs possiblement animés par le désir de servir leur pays, ou par des colonels étrangers et apatrides qui ne conçoivent la Grèce que comme un simple rouage d’un empire abstrait.
Pollux
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