Bricoles

 

Suisse décevante

 

            Un père de famille pas vraiment de chez nous s’indigne dans notre quotidien habituel tout heureux de l’aubaine: l’homme a découvert que son fils de quinze ans fumait, ce qui est évidemment épouvantable, mais surtout qu’il pouvait s’approvisionner impunément chez un commerçant de sa commune de domicile, Versoix. Après s’être servi de son rejeton pour piéger ledit commerçant, le père a, comme de juste, averti la police, laquelle n’a pas pu sévir hélas.

 

            En effet, la loi genevoise interdit la consommation de tabac aux moins de seize ans, mais est muette sur la vente de ce  poison aux mineurs. Par conséquent, rien n’oblige un marchand de tabac à contrôler l’âge de ses jeunes clients. En l’occurrence, le «coupable» s’est platement excusé, mais il aurait pu tout aussi bien rétorquer que les parents fumeurs du canton de Genève sont encore libres d’envoyer leurs enfants leur acheter des cigarettes au kiosque du coin.

 

            Conclusion du père «abasourdi», «furieux» et «dépité»: «J’associais la Suisse à la protection des mineurs. En fait, il ne s’agit que de paroles.»

 

            Mais, cher Monsieur, si vous n’êtes pas capable de protéger vous-même votre mineur, la frontière n’est pas loin, qui vous permettra de vous établir dans un pays beaucoup plus efficace en la matière!

 

Faux frères

 

            Le 20 août, le président Barack Obama s’est inquiété des «tirs fratricides» qui se multiplient en Afghanistan. Que sont les «tirs fratricides» pour le président Obama?  Ce sont les meurtres de militaires de la coalition internationale par des hommes portant des uniformes de l’armée et de la police afghanes.

 

            En somme, le président américain s’imagine encore que les Afghans en uniforme se considèrent comme les frères d’armes de leurs envahisseurs. Il est fou ce Barack!

 

Forte pensée

 

            Après la tuerie de Chevaline, qui a suscité en France voisine un émoi bien compréhensible et dans la presse des commentaires d’une haute tenue philosophique et littéraire, Marion Van Renterghem, «grand reporter au Monde», à en croire le journal dont je fais mes délices, aurait vu à propos de l’événement deux possibilités, déclarant doctement: «Cette affaire peut retomber comme un soufflé, comme elle peut aussi prendre d’énormes proportions.»

 

            On reste pantois devant tant de lucide profondeur et on comprend pourquoi Le Monde a plus de lecteurs que Le Pamphlet.

 

Mariette Paschoud

 

 

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