Editorial
Comme vous pourrez le constater, les événements de Syrie et l’assassinat de la socio-thérapeute genevoise Adeline Morel ont passablement occupé les rédacteurs du Pamphlet. Nous n’y reviendrons donc pas ici.
A l’heure où nous rédigeons ces lignes, il y a tout lieu d’espérer que l’initiative du GSsA sera rejetée le 22 septembre, mais on ne sait jamais…
Quel que soit le résultat de la votation, la campagne a bien montré que, même chez les partisans du maintien de l’obligation de servir, les avis quant à la forme de cette obligation divergent beaucoup – on va du maintien du statu quo aux propositions de «modernisation» les plus farfelues.
Nous avons le regret de constater – et ce n’est pas nouveau – que ces dernières, qu’il s’agisse d’étendre l’obligation de servir aux femmes, de former les militaires à tous les métiers en rapport avec la sécurité ou d’étendre encore les domaines d’activité des «civilistes», sont inévitablement sous-tendues par la conviction qu’il est normal et licite d’infliger une obligation de servir à tous les citoyens suisses. Nos contemporains semblent considérer la servitude comme allant de soi, comme inhérente à l’égalité prétendument garantie par la démocratie.
Nous ne nous étendrons pas sur notre opposition irréductible au service civil, dont un des nombreux défauts est de squatter des emplois.
Vouloir transformer des recrues en policiers ou pompiers forcément occasionnels et forcément formés au rabais nous paraît une aberration.
Quant à l’engagement obligatoire des femmes, au nom de l’égalité des sexes bien entendu, il ne peut rencontrer l’adhésion que de quelques rêveurs. Qui, en effet, assurerait les tâches civiles essentielles en cas de mobilisation? Qui ferait marcher l’économie? Qui assurerait l’enseignement? Qui s’occuperait des enfants et des personnes âgées ?Qui assumerait les tâches agricoles? Les hommes libérés du fait de la diminution des effectifs de l’armée, certes, quelques «civilistes», sans doute, mais aussi et surtout les femmes, pour autant qu’on leur en donne les moyens et la possibilité.
Une anecdote célèbre dans notre famille illustre bien notre propos: quand éclata la deuxième guerre mondiale, un cousin éloigné, agriculteur, fut naturellement mobilisé, avec son cheval. Sa femme, tout à coup obligée de diriger elle- même le train de campagne, écrivit au Général grosso modo ce qui suit: «Vous pouvez garder mon mari, mais, s’il vous plaît, rendez-moi le cheval.»
Ce qui fut fait!
Le Pamphlet
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