En direct de Sirius
Pour en finir enfin avec un enterrement de vie de «héros» (et quelques autres idées reçues sur la RSA)
Occidental ayant habité, travaillé et fait souche (blanche) en République d’Afrique du Sud, sous trois présidents – Botha ou la fermeté, De Klerk ou la livraison et Mandela ou les chances manquées –, je livre ici quelques remarques. Le lecteur soucieux d’approfondir trouvera toutes précisions sur le oueb:
1. Apartheid fut un étiquetage maladroit d’une réalité de fait: en Afrique – et dans pas mal d’autres endroits sains –, les races, comme les ethnies, répugnent à se mélanger. Tout fermier blanc encore en vie employant des ethnies différentes vous confirmera la nécessité impérative de les séparer pour éviter les frictions, apaiser les méfiances réciproques et contrer les superstitions antagonistes toujours susceptibles de se conclure au panga (coupe-coupe). Ce désastre sémantique fournit un prétexte idéal à quelques petits malins très argentés de l’hémisphère nord pour détruire le pouvoir en place par les méthodes d’extorsion habituelles: relation d’événements unilatérale, soutien officiel à l’opposition légale et sournois aux actions violentes, diabolisation médiatique, blocus, boycott… et emploi habituel d’imbéciles utiles. L’idée maîtresse, sous une façade philanthropique, était qu’il serait plus facile de corrompre quelques petits chefs coutumiers noirs fraîchement propulsés à un niveau de pouvoir dont ils n’avaient pas l’habitude que de traiter sur pied d’égalité avec des grands capitaines d’industrie blancs dont la naïveté n’était pas la faiblesse majeure. Dans le processus final, les petits Blancs furent délibérément vendus (sacrifiés?) par le Kerenski De Klerk – les Blancs aisés possédant tous les doubles nationalités et les billets d’avion qu’il fallait. En 1994, si j’ai pu en toute illégalité m’opposer au bradage de la RSA dans une représentation sud-africaine à l’étranger sur la base d’un Book of Life (livret général d’identité) portant clairement dans les deux langues officielles la mention «n’est pas ressortissant sud-africain» alors que, sous mes yeux, des Sud-Africains blancs ne purent pas le faire parce qu’ils n’avaient que leur passeport, il est aisé d’imaginer combien d’illégaux et d’importés ont pu faire basculer le pays vers les partisans de l’ANC…
2. Comme l’Allemagne de l’Est, la RSA était ceinte de miradors et de barbelés. Mais il s’agissait là de lutter contre l’immigration sauvage de Noirs attirés par l’espoir d’un niveau de vie bien supérieur à celui qui prévalait dans leurs pays d’origine, pas d’empêcher la fuite des autochtones.
3. Sous le régime des développements séparés il n’a jamais été interdit à un Noir de réussir – l’avocat Mandela en était la preuve. J’ai eu moi-même pour client un ponte de Soweto qui, ayant fait fortune dans les supermarchés de cette agglomération, possédait sous prête-nom une luxueuse villa dans un quartier chic en périphérie de Johannesburg et quelques chevaux de course à Londres…
4. Selon les points de vues et les époques, Mandela pouvait être un héros résistant; un dangereux terroriste; un homme d’ouverture ou un utopiste en fin de rêve.
5. Sa remise en liberté tardive fut imputable à son refus d’accepter l’offre de Botha de renoncer à toute action violente en échange de sa liberté. Faire de son cas la plus longue détention politique du XXe siècle, c’est faire fi de celui de Rudolf Hess retrouvé «suicidé» par pendaison… après avoir déposé une énième demande de remise en liberté! Paix à leurs cendres…
6. Peu après la livraison du pays, l’archevêque Desmond Tutu, l’homme du slogan «une balle, un Blanc», déclara – une seule fois – sur les ondes de la South African Broadcasting Corporation (SABC) qu’il fallait désormais cesser de blâmer l’apartheid pour les insuffisances et les carences du nouveau pouvoir. Cette émission ne fut jamais relayée par les médias mondiaux.
7. Winnie Mandela, sainte laïque des multicolores, et seconde femme de Mandela – dont il divorça prestement peu après l’affaire qui suit – fut jugée en 1991 pour le kidnapping par ses séides de «Stompie» Moeketsi, activiste de quatorze ans présumé informateur de police, qui fut ensuite torturé puis égorgé par un garde du corps. Convaincue de complicité de voies de fait, sa condamnation à six ans de prison fut réduite en appel à deux ans avec sursis après qu’elle eut déclaré «ridicules» les allégations de dix-huit cas de mauvais traitements et de huit cas de meurtres, et qualifié le ci-devant camarade Katiza Cebekhulu, principal témoin à charge, de «malade mental» sujet à des «hallucinations». Il fut jugé que l’adolescent avait bien été enlevé sur son ordre mais que pour ce qui était de l’assassinat, elle avait simplement péché «par négligence»…
Nous sommes déjà en guerre…
J’écris «déjà» à défaut de «toujours» par crainte de déconcerter... simple question d’échelle. Depuis cent ans des peuples ciblés – dont le nôtre – subissent une succession de grignotages qui attentent à leurs spécificités. Leur catalogue prendrait ici dix pages. Arrêtez un instant votre course et considérez la progression du savant dépeçage opéré par des félons au service d’illuminés adorateurs de Mammon. L’Europe réputée «libre», convenablement ruinée par les faux monnayeurs d’outre-Atlantique n’est plus qu’une force supplétive au service de la mondialisation. L’économie a cédé le pas à la finance. La fuite en avant vers le profit aux dépens de l’équilibre des comptes et de la santé des peuples nous précipite dans un système de Ponzi qui ne peut que dégénérer en catastrophe. Le mécanisme de cette escroquerie déjà assez bien esquissé dans Le rêve américain (American dream)[1] est remarquablement décrit par l’économiste argentin Adrian Salbuchi[2] en dépit de l’orthographe et de la syntaxe défaillants du sous-titrage français. De trois solutions possibles à cette désastreuse acrobatie, Salbuchi ne considère comme réaliste que le plan C: une nouvelle guerre mondiale.
Merci QUI? – Je maintiens que les Etats-Unis ont provoqué leur entrée en guerre dans les deux précédentes pour s’ouvrir de nouveaux marchés avec l’intention finale d’une globalization à leur botte.
Les survivants jugeront.
Pour finir l’année sur une note plus légère
J’aime beaucoup Thierry Lhermitte. Nous partageons la même passion pour Plonk et Replonk.
En une époque où le grotesque le dispute au ridicule, le culte de l’absurde est désormais un antidote.
Max l’Impertinent
NOTES:
[1] www.theamericandream.com.
[2] http://www.youtube.com/watch?v=WiJIOl7dyYU .
Thèmes associés: Politique internationale
Cet article a été vu 3139 fois