Bricoles
Mort d'une icône de légende mythique
«Mandela, une légende», «Mandela, héros mythique», «Mandela, icône de la liberté», ainsi s'est exprimée, à l'annonce du décès de Nelson Mandela, la clique politico-médiatique en délire.
Quelques définitions tirées du Petit Robert (édition 1993):
Légende:
II/1: Récit populaire traditionnel plus ou moins fabuleux, merveilleux. (…)
II/2: Représentation (de faits ou de personnages réels) accréditée dans l'opinion, mais déformée ou amplifiée par l'imagination, la partialité. (…)
Mythique:
1: Qui a rapport ou appartient au mythe, qui a le caractère d'un mythe (…) â†' fabuleux, imaginaire, légendaire.
2: Qui est le produit de l'imagination (…).
Icône:
Dans l'Eglise d'Orient, peinture religieuse exécutée sur un panneau de bois.
Nous savons tous, et nous nous en réjouissons pour lui, que Mandela n'a pas été exécuté sur un panneau de bois. Pour le reste, il répond exactement aux définitions précitées.
Il y a tout lieu de croire que ses thuriféraires n'y ont vu que du feu.
Vierge sage et vierges folles
Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu n'a pas assisté aux obsèques de saint Nelson Mandela, ayant estimé, à juste titre me semble-t-il, que l'événement ne justifiait pas une dépense estimée à 1,8 million de francs pour ses frais de voyage et de sécurité.
Le président François Hollande et l'ex-président Nicolas Sarkozy ont fait tous les deux le déplacement… séparément bien entendu. Aux frais de qui? Et pour quelle somme, sachant que les seuls frais de voyage devraient se monter en gros à deux cent trente mille euros pour les deux vaillants serviteurs de la France et leur suite, que ces messieurs ne dorment certainement pas dans des auberges de jeunesse et qu'ils doivent eux aussi tenir à leur précieuse peau, donc à un service de sécurité efficace?
Infantilisation
On ne sait pas trop si les journalistes – du moins ceux qui rédigent mon quotidien gratuit habituel – retombent en enfance ou s'ils essaient d'infantiliser leurs lecteurs. Toujours est-il que, depuis quelque temps, ils utilisent à tour de bras des mots affectueux tels «papa», «maman», «papy» ou «mamie - «grand-papa» ou «grand-maman» font par trop provincial – pour désigner les parents et grands-parents dont ils relatent les trop souvent tristes exploits. C'est ainsi qu'on rencontre au détour de comptes rendus horrifiques des tournures du style «le papa ne comprend pas que son si gentil fils ait pu tuer quelqu'un», «la maman battait sa fille», «le papy était pédophile» ou la «mamie dirigeait un trafic de drogue».
A quand un article consacré au «papa indigne tué par son fifils adolescent et sa fifille à peine pubère, sous les yeux et avec la bénédiction de la maman alcoolique, du papy violeur et de la mamie droguée, pour avoir autorisé le tonton et la tata à tester sur les deux loulous des stupéfiants fournis justement par le papa assassiné»?
Incohérence
Le Conseil national vient de refuser à une large majorité l'inadmissible accord sur les successions signé en juillet avec la France par la de moins en moins crédible Eveline Widmer née Schlumpf, chef du Département fédéral des finances. Cet accord prévoyait une imposition sur la base du domicile de l'héritier au lieu de celui du de cujus, au mépris de la souveraineté de la Suisse. On se souvient que le National avait déjà rejeté en juin dernier, tout aussi opportunément et presque aussi sèchement, la Lex USA – négociée par la même ministresse dans l'espoir de mettre fin au conflit fiscal avec les Etats-Unis – pour raison de souveraineté entre autres.
On ne comprend pas, dès lors, pourquoi nos députés n'ont pas réagi de même face à l'accord FATCA, lequel prévoit l'application du droit fiscal américain présent et à venir à des gens qui résident en Suisse: la souveraineté de notre pays est là aussi en jeu et mise en péril par la bedoume de service, soutenue, comme d'habitude, par six autres taguenets.
Ou bien nos conseillers nationaux n'ont rien compris à l'enjeu, ce qui serait grave; ou bien ils ne sont pas maîtres de leurs décisions, ce qui est plus probable mais plus grave encore; à moins qu'ils n'aient pas voulu faire de peine à la pauvre Eveline, ce qui serait gentil tout plein, mais carrément irresponsable.
M.P.
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