Editorial
Cela avait été dit au cours de la campagne, à la veille de la votation du 15 mai 2011 sur les prestations complémentaires cantonales pour familles, lesquelles devaient être, et sont d’ailleurs, financées en partie par des ponctions sur les salaires: accepter ce mode de financement revenait à créer un précédent qui conduirait à la multiplication des prélèvements à la source pour permettre à toutes sortes de «bonnes» œuvres de voir le jour au détriment des gens qui gagnent leur vie, salariés et employeurs.
Moins de trois ans plus tard, la gauche vaudoise lance sur le plan cantonal, avec le soutien des syndicats, une initiative intitulée «Pour le remboursement des soins dentaires», qui implique un nouveau prélèvement sur les salaires.
Pourquoi ce nouvel appel à la charité obligatoire? «D’une manière générale, la santé buccale des classes défavorisées est moins bonne que celle des classes moyennes et aisées. “Chez les 50 à 59 ans, les sujets à faible revenu ont en moyenne trois dents de moins que dans le groupe aisé”.»
La lutte des classes est de retour, qui oppose cette fois les édentés et ceux qui ont la bouche pleine de dents.
Tout le monde sait que la gauche ne raisonne qu’en termes de prélèvements obligatoires et qu’elle déborde d’imagination quand il s’agit d’appauvrir les «riches» pour enrichir les «plus démunis».
Pourtant, qui d’entre nous ne connaît pas un «cas social» parfaitement apte à travailler et toujours pourvu du dernier gadget à la mode? un rentier AI passionné de courses en montagne?
A part quelques clochards et quelques oubliés qui refusent de tendre la main, tout habitant de ce pays peut payer ses frais dentaires, à condition d’établir dans son budget les bonnes priorités: d’abord le nécessaire, ensuite le superflu. Mais notre système social trop généreux produit d’innombrables parasites et tue le sens des responsabilités chez ses bénéficiaires.
C’est toujours la même chose: sous prétexte de justice sociale, la gauche et les syndicats s’en prennent systématiquement à des innocents tout en feignant les bons sentiments. On en a eu un nouvel exemple, dans un tout autre domaine, lors de la récente grève des bagagistes de Swissport à Cointrin, qui a «puni» de nombreux voyageurs pour des conditions de travail peut-être critiquables, mais auxquelles les usagers ne peuvent rien. «Il n’y avait aucune volonté de nuire» aurait déclaré un syndicaliste la main sur le cœur.
Les preneurs d’otages n’ont pas non plus l’ombre d’une volonté de nuire.
Le Pamphlet
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