Les nouvelles aventures...

Justice en progrès

La presse annonçait le 20 février que trois nouveaux vieillards, âgés de huitante-quatre à nonante-quatre ans, avaient été traduits en justice dans la libre Allemagne. Il s’agit d’«anciens gardes présumés du camp de concentration d’Auschwitz». Ils ont été libérés, mais il y tout lieu de penser que les enquêtes à leur sujet se poursuivent.

Au moment de leur arrestation, le Centre Simon Wiesenthal – qui voit avec inquiétude arriver le moment où, la chasse aux nazis cessant faute de gibier, il devra fermer ses portes – s’est réjoui de cette mesure de salubrité publique, car «le temps ne diminue en aucune façon la culpabilité des assassins».

En vertu de quoi ces hommes sont-ils traités de la sorte? «Alors que, dans l’après-guerre, seuls les accusés contre lesquels des preuves directes ou des témoignages les impliquant dans les crimes nazis étaient poursuivis, la condamnation de l’apatride d’origine ukrainienne John Demjanjuk à Munich en mai 2011 a fait bouger les lignes de la justice allemande. En effet, les tribunaux du pays ont depuis élargi la qualification de complicité de meurtre à des personnes ayant eu des postes même subalternes et sans implication directe.»1 En somme, il suffit de s’être trouvé sur place pour être un assassin.

Verra-t-on bientôt d’anciens membres égrotants des directions des prisonniers – ces fameuses Häftlingsführungen chargées par les SS responsables des camps de toutes sortes de missions subalternes qui ont permis à nombre de leurs agents de survivre aux dépens de leurs codétenus – déférés devant la justice allemande pour complicité? Ils étaient là, eux aussi; ils collaboraient avec les SS eux aussi; ils n’étaient pas directement impliqués, eux non plus.

Il serait juste et logique qu’ils paient, eux aussi.

 

Mariette Paschoud

NOTES:

1 Le Monde, 20 février 2014

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