Un malentendu fréquent
Dans une lettre adressée à la rédaction, que nous avons publiée sans commentaire dans la dernière livraison du Pamphlet, un lecteur manifeste son attachement à la libre expression des opinions, mais il ajoute que le «prosélytisme révisionniste» le «dérange franchement». C’est pourquoi, conclut-il, il renonce à son abonnement et nous adresse ses vœux pour 2010.
Ce lecteur n’est certainement pas le seul à partager, sur de nombreux sujets, les positions de notre périodique, tout en étant gêné, voire choqué, qu’on puisse manifester de la sympathie pour le révisionnisme.
Naguère, le révisionnisme était simplement la position de ceux qui remettaient en cause les bases fondamentales d’une doctrine, comme le marxisme, ou de ceux qui souhaitaient la révision d’un procès, comme celui du capitaine Dreyfus, par exemple. Le révisionnisme, dans son sens primitif et littéral, n’était chargé de nulle connotation infamante.
Dès le jour où des chercheurs ont mis en doute l’existence de chambres à gaz homicides dans les camps de concentration de Pologne occupée, pendant la deuxième guerre mondiale, et que ces doutes se sont appuyés sur des expertises chimiques difficilement contestables, on a pu assister à une levée de boucliers orchestrée par tous ceux qui ont un avantage personnel, financier ou politique à ce que ce point ne soit pas remis en cause.
On a donc commencé par faire croire que la discussion historique sur l’existence ou la non-existence d’un fait était en réalité l’expression d’une opinion. Pour discréditer les historiens disposés à remettre en cause des faits très généralement admis, on les a présentés comme des sympathisants du nazisme, voire comme des fous. Notre lecteur écrit : «(…) il convient de pouvoir exprimer librement toute idée, même les plus folles(…)».
Dès cet instant, où l’on quitte le terrain de la réalité des faits pour se placer sur celui des idées, ou des opinions, le débat change de nature.
Toute opinion n’est pas digne d’être exprimée, ou diffusée, si sa diffusion est de nature à troubler l’ordre public, à choquer, à heurter la sensibilité de nombreuses personnes. L’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui garantit la liberté d’expression et d’opinion, précise que «cette liberté peut être soumise à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la loi qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l’intégrité territoriale ou à la sûreté publique, à la défense de l’ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d’autrui, pour empêcher la divulgation d’informations confidentielles ou pour garantir l’autorité et l’impartialité du pouvoir judiciaire».
Au plan de la «protection de la réputation ou des droits d’autrui», il y a un intérêt évident à ce que la thèse officielle ne soit pas examinée de trop près, pas plus que la thèse d’un attentat contre le Pentagone grâce à un avion dont on ne retrouve aucun élément, la thèse d’un réchauffement climatique généralisé alors même qu’il fait de plus en plus froid depuis trois ans, la thèse d’une pandémie de grippe H1N1 qui allait tuer des millions de personnes et qui, finalement, fait moins de victimes que la grippe saisonnière. La réputation des menteurs et des faussaires, des crétins et des prophètes, doit être protégée, ainsi que leurs droits aux réparations, indemnités et commissions diverses.
C’est pourquoi de puissants lobbies ont fait introduire, dans plusieurs pays européens, une législation spécifique antirévisionniste, qui incrimine la discussion sur des faits. Certaines jurisprudences vont même jusqu’à estimer que l’expression d’un doute équivaut à une affirmation délictueuse.
Il y a donc des sujets sur lesquels il est non seulement interdit d’émettre des avis, des opinions, contraires à l’opinion dominante, mais où il est même interdit de discuter l’état de fait.
Comme nous sommes respectueux de la loi, même lorsqu’elle est stupide ou injuste, nous ne pratiquons aucun prosélytisme en faveur du révisionnisme, contrairement à ce que croit notre estimé lecteur. Nous avons simplement recommandé à nos abonnés une pensée ou un geste de compassion en faveur d’hommes et de femmes emprisonnés pour avoir exprimé leurs convictions ou leurs doutes au sujet de faits historiques controversés.
Dans tous les domaines controversés, historiques, scientifiques, religieux, le révisionnisme qu’on pourrait aussi appeler la curiosité intellectuelle, ou le doute fécond, n’a pas besoin de prosélytes. Il suffit de lire les uns et les autres, et il est possible de trouver, sur Internet, les thèses les plus opposées. Et altera pars audiatur.
Après avoir pris connaissance du dossier, honnêtement, complètement, en s’abreuvant à toutes les sources disponibles, l’hésitation n’est généralement plus possible. Seuls seront encore «dérangés franchement» par le révisionnisme ceux qui avaient préalablement décidé de ne pas lire, de ne pas comprendre, ou de ne pas avouer avoir enfin compris.
Claude Paschoud
Ce lecteur n’est certainement pas le seul à partager, sur de nombreux sujets, les positions de notre périodique, tout en étant gêné, voire choqué, qu’on puisse manifester de la sympathie pour le révisionnisme.
Naguère, le révisionnisme était simplement la position de ceux qui remettaient en cause les bases fondamentales d’une doctrine, comme le marxisme, ou de ceux qui souhaitaient la révision d’un procès, comme celui du capitaine Dreyfus, par exemple. Le révisionnisme, dans son sens primitif et littéral, n’était chargé de nulle connotation infamante.
Dès le jour où des chercheurs ont mis en doute l’existence de chambres à gaz homicides dans les camps de concentration de Pologne occupée, pendant la deuxième guerre mondiale, et que ces doutes se sont appuyés sur des expertises chimiques difficilement contestables, on a pu assister à une levée de boucliers orchestrée par tous ceux qui ont un avantage personnel, financier ou politique à ce que ce point ne soit pas remis en cause.
On a donc commencé par faire croire que la discussion historique sur l’existence ou la non-existence d’un fait était en réalité l’expression d’une opinion. Pour discréditer les historiens disposés à remettre en cause des faits très généralement admis, on les a présentés comme des sympathisants du nazisme, voire comme des fous. Notre lecteur écrit : «(…) il convient de pouvoir exprimer librement toute idée, même les plus folles(…)».
Dès cet instant, où l’on quitte le terrain de la réalité des faits pour se placer sur celui des idées, ou des opinions, le débat change de nature.
Toute opinion n’est pas digne d’être exprimée, ou diffusée, si sa diffusion est de nature à troubler l’ordre public, à choquer, à heurter la sensibilité de nombreuses personnes. L’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui garantit la liberté d’expression et d’opinion, précise que «cette liberté peut être soumise à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la loi qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l’intégrité territoriale ou à la sûreté publique, à la défense de l’ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d’autrui, pour empêcher la divulgation d’informations confidentielles ou pour garantir l’autorité et l’impartialité du pouvoir judiciaire».
Au plan de la «protection de la réputation ou des droits d’autrui», il y a un intérêt évident à ce que la thèse officielle ne soit pas examinée de trop près, pas plus que la thèse d’un attentat contre le Pentagone grâce à un avion dont on ne retrouve aucun élément, la thèse d’un réchauffement climatique généralisé alors même qu’il fait de plus en plus froid depuis trois ans, la thèse d’une pandémie de grippe H1N1 qui allait tuer des millions de personnes et qui, finalement, fait moins de victimes que la grippe saisonnière. La réputation des menteurs et des faussaires, des crétins et des prophètes, doit être protégée, ainsi que leurs droits aux réparations, indemnités et commissions diverses.
C’est pourquoi de puissants lobbies ont fait introduire, dans plusieurs pays européens, une législation spécifique antirévisionniste, qui incrimine la discussion sur des faits. Certaines jurisprudences vont même jusqu’à estimer que l’expression d’un doute équivaut à une affirmation délictueuse.
Il y a donc des sujets sur lesquels il est non seulement interdit d’émettre des avis, des opinions, contraires à l’opinion dominante, mais où il est même interdit de discuter l’état de fait.
Comme nous sommes respectueux de la loi, même lorsqu’elle est stupide ou injuste, nous ne pratiquons aucun prosélytisme en faveur du révisionnisme, contrairement à ce que croit notre estimé lecteur. Nous avons simplement recommandé à nos abonnés une pensée ou un geste de compassion en faveur d’hommes et de femmes emprisonnés pour avoir exprimé leurs convictions ou leurs doutes au sujet de faits historiques controversés.
Dans tous les domaines controversés, historiques, scientifiques, religieux, le révisionnisme qu’on pourrait aussi appeler la curiosité intellectuelle, ou le doute fécond, n’a pas besoin de prosélytes. Il suffit de lire les uns et les autres, et il est possible de trouver, sur Internet, les thèses les plus opposées. Et altera pars audiatur.
Après avoir pris connaissance du dossier, honnêtement, complètement, en s’abreuvant à toutes les sources disponibles, l’hésitation n’est généralement plus possible. Seuls seront encore «dérangés franchement» par le révisionnisme ceux qui avaient préalablement décidé de ne pas lire, de ne pas comprendre, ou de ne pas avouer avoir enfin compris.
Claude Paschoud
Thèmes associés: Révisionnisme
Cet article a été vu 3830 fois