De l'élection du Conseil fédéral à la recherche sur l'être humain
La Suisse officielle vit dans un tel désordre d’idées, reflété dans ses institutions et entretenu par un personnel politique très largement incompétent, que des sujets aussi importants que l’élection du Conseil fédéral ou la recherche sur l’être humain traînent derrière eux – et c’est délibéré – plus de confusions que de clartés. L’Etat fédéral est l’enjeu de querelles partisanes et notamment d’un litige très personnel entre Christoph Blocher et ceux qui l’ont évincé du Conseil fédéral. La victime du complot parlementaire se venge des auteurs de ce complot. Au sujet de la recherche sur l’être humain, une classe politique et une nomenclature athées veulent faire passer, à travers cet article constitutionnel, le négationnisme de la qualité d’être humain en devenir du fœtus de l’homme, conséquence directe de la décriminalisation de l’avortement. Prétendument neutre, l’Etat moderne entend bien, petit à petit, créer sa morale et l’imposer. C’est aussi cela, le laïcisme…
Il est vrai que la dénomination officielle de la Suisse n’est juridiquement pas exacte, car, depuis la seconde moitié du XIXe siècle, nous ne sommes plus une confédération d’Etats souverains mais une fédération dans laquelle les cantons ne possèdent qu’une part de souveraineté, quel que soit, par ailleurs, le statut de cette part. Le peuple suisse existe comme entité juridique. Le contester, c’est nier la réalité, quand bien même celle-ci n’en est pas l’expression exhaustive. De l’existence juridique d’un peuple suisse découle la possibilité d’un rapport direct avec le gouvernement fédéral par une élection au suffrage universel, avec toutes les garanties souhaitables quant à une juste représentativité nationale au sein du collège gouvernemental. Le Valais, bilingue, pratique au niveau cantonal ce type de garantie au sein du Conseil d’Etat avec l’élection de ces magistrats au suffrage universel. L’extension de cette pratique au plan fédéral n’aurait, en soi, rien de choquant.
La Nation nous dit non, s’appuyant sur le fédéralisme. Mais on peut lui opposer l’autre principe du droit fédéral: la démocratie directe, qui s’exerce déjà au niveau constitutionnel et, sous la condition du référendum, au niveau législatif. Il y a tension entre ces deux principes opposés mais reconnus. Voilà le fait objectif. La démocratie directe tend à la centralisation par nature, et le fédéralisme constitue un frein plus ou moins vigoureux à cette tendance. Les démocrates modernes travaillent donc naturellement à la centralisation, et les conservateurs réfractaires à ce régime idéologique sont la seule opposition réelle aux démocrates. L’équilibre entre ces deux forces dépend de l’ascendant des uns et des autres sur les masses, et si la question de l’élection du Conseil fédéral au suffrage universel est intrinsèquement liée à l’esprit démocratique moderne, la perte d’autorité des élites n’adhérant pas à cette idéologie causera tôt ou tard la ruine du fédéralisme, ruine qui pourrait fort bien nous être imposée du dehors par une simple chiquenaude, dont la recherche sur l’être humain, aux «merveilleux» principes humanitaires et humanistes sournoisement noyautés par un utilitarisme caché dans le projet de loi d’application déjà présenté aux chambres fédérales, nous annonce la menace à l’intérieur même de l’Etat fédéral et de l’intérieur même de son administration.
Comprendra-t-on enfin que le salut de la Suisse et des Suisses ne réside pas d’abord dans nos institutions telles qu’elles sont devenues, y compris les plus traditionnelles, ni dans la défense de valeurs manipulées malgré la clairvoyance (tardive) d’une minorité d’observateurs attentifs, parmi lesquels François-Xavier Putallaz dans le Nouvelliste1, mais dans le traitement de la crise religieuse, fondement incontournable de la crise des intelligences et des consciences ? Là se situe le nœud de toutes les questions politiques, juridiques, sociales, éthiques, désormais. Eluder la question religieuse, c’est se priver soi-même de toute possibilité effective de traiter avec autorité des questions institutionnelles et morales en opposant une barrière absolument infranchissable à la prétention de moralité et d’honnêteté intellectuelle des artisans, chez nous, de la subversion par l’utopie, dont le courant mondialiste est aujourd’hui le représentant sectaire le plus puissant et le plus dangereux.
Michel de Preux
1 Votations du 7 mars: recherche médicale, NF du mercredi 17 février 2010 en page 2, sous la rubrique L’invité.
Il est vrai que la dénomination officielle de la Suisse n’est juridiquement pas exacte, car, depuis la seconde moitié du XIXe siècle, nous ne sommes plus une confédération d’Etats souverains mais une fédération dans laquelle les cantons ne possèdent qu’une part de souveraineté, quel que soit, par ailleurs, le statut de cette part. Le peuple suisse existe comme entité juridique. Le contester, c’est nier la réalité, quand bien même celle-ci n’en est pas l’expression exhaustive. De l’existence juridique d’un peuple suisse découle la possibilité d’un rapport direct avec le gouvernement fédéral par une élection au suffrage universel, avec toutes les garanties souhaitables quant à une juste représentativité nationale au sein du collège gouvernemental. Le Valais, bilingue, pratique au niveau cantonal ce type de garantie au sein du Conseil d’Etat avec l’élection de ces magistrats au suffrage universel. L’extension de cette pratique au plan fédéral n’aurait, en soi, rien de choquant.
La Nation nous dit non, s’appuyant sur le fédéralisme. Mais on peut lui opposer l’autre principe du droit fédéral: la démocratie directe, qui s’exerce déjà au niveau constitutionnel et, sous la condition du référendum, au niveau législatif. Il y a tension entre ces deux principes opposés mais reconnus. Voilà le fait objectif. La démocratie directe tend à la centralisation par nature, et le fédéralisme constitue un frein plus ou moins vigoureux à cette tendance. Les démocrates modernes travaillent donc naturellement à la centralisation, et les conservateurs réfractaires à ce régime idéologique sont la seule opposition réelle aux démocrates. L’équilibre entre ces deux forces dépend de l’ascendant des uns et des autres sur les masses, et si la question de l’élection du Conseil fédéral au suffrage universel est intrinsèquement liée à l’esprit démocratique moderne, la perte d’autorité des élites n’adhérant pas à cette idéologie causera tôt ou tard la ruine du fédéralisme, ruine qui pourrait fort bien nous être imposée du dehors par une simple chiquenaude, dont la recherche sur l’être humain, aux «merveilleux» principes humanitaires et humanistes sournoisement noyautés par un utilitarisme caché dans le projet de loi d’application déjà présenté aux chambres fédérales, nous annonce la menace à l’intérieur même de l’Etat fédéral et de l’intérieur même de son administration.
Comprendra-t-on enfin que le salut de la Suisse et des Suisses ne réside pas d’abord dans nos institutions telles qu’elles sont devenues, y compris les plus traditionnelles, ni dans la défense de valeurs manipulées malgré la clairvoyance (tardive) d’une minorité d’observateurs attentifs, parmi lesquels François-Xavier Putallaz dans le Nouvelliste1, mais dans le traitement de la crise religieuse, fondement incontournable de la crise des intelligences et des consciences ? Là se situe le nœud de toutes les questions politiques, juridiques, sociales, éthiques, désormais. Eluder la question religieuse, c’est se priver soi-même de toute possibilité effective de traiter avec autorité des questions institutionnelles et morales en opposant une barrière absolument infranchissable à la prétention de moralité et d’honnêteté intellectuelle des artisans, chez nous, de la subversion par l’utopie, dont le courant mondialiste est aujourd’hui le représentant sectaire le plus puissant et le plus dangereux.
Michel de Preux
1 Votations du 7 mars: recherche médicale, NF du mercredi 17 février 2010 en page 2, sous la rubrique L’invité.
Thèmes associés: Ethique - Politique fédérale
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