Le choeur des pleureuses
Il fallait s’y attendre: dès que l’autorité publique, service pénitentiaire ou services de police, peut être critiquée, voire durement attaquée, il se trouvera un quarteron de rédactrices grassement rétribuées par notre bonne presse de gauche pour se lamenter sur le sort des voyous et pour recueillir pieusement les plaintes de leur famille.
Un prisonnier turbulent qui s’était déjà signalé l’an passé en montant sur le toit de la prison et qui était réputé dangereux a eu l’idée absurde de mettre le feu à son matelas, ce qui provoqua sa mort par intoxication. La procédure prescrite était-elle adéquate, qui imposait pour ce type d’individus qu’on ne puisse ouvrir la porte à barreaux avant l’arrivée du DARD ? On peut en douter.
Il n’empêche que la victime était un criminel dangereux et qu’il a provoqué volontairement l’incendie qui lui fut fatal. On ne va tout de même pas se lamenter sur son sort!
Quelques jours plus tard, un duo de crapules pilotant une voiture volée force un barrage et menace d’écraser les policiers chargés de l’intercepter. Un des agents ouvre le feu et tue l’un des voleurs. La presse quotidienne nous apprend que les voleurs «n’étaient pas armés». La belle affaire! Comme s’il était moins dangereux de se faire écraser par un automobiliste non armé. Les pleureuses de service vont photographier la mère, les frères et les copains de la victime, si bon fils, sans histoires; il doit y avoir eu un malentendu, jamais ce garçon plein d’avenir n’aurait volé ni une voiture ni autre chose…
Les potes du voleur «ont la haine» bien entendu et depuis leur banlieue huppée de Vaux-en-Velin, connue pour la courtoisie de ses bandes de jeunes, proclament que l’auteur de ce crime (i.e. le policier, bien entendu) devra payer.
Et comme à son habitude, le pouvoir politique se couche devant les injonctions de la presse. On a déjà désigné un ancien juge cantonal pour élucider les circonstances de l’incendie de matelas. On nommera une commission d’enquête pour analyser la pertinence du barrage policier et les réactions du gendarme. Et le juge, suivant en cela les dames de la presse, va immanquablement conclure que sept balles de mitraillette pour arrêter un simple voleur de voiture constituaient une salve inutile, à tout le moins violant le sacro-saint principe de proportionnalité, et le malheureux pandore sera l’objet d’une mesure hiérarchique, peut-être même d’une condamnation pénale.
Le commandant de la gendarmerie a déjà présenté à la famille ses condoléances et ses regrets.
Sera-t-il permis d’affirmer, sans justifier les Rambo, qu’on préfère un gardien de prison qui privilégie la sécurité de ses collègues et des autres détenus plutôt que la sauvegarde d’un imbécile dangereux qui a mis lui-même et volontairement le feu à sa cellule? Puis-je proclamer que j’approuve un policier qui abat un criminel avant d’être abattu lui-même et qu’à tout prendre, mieux vaut, dans la balance des intérêts, éliminer un voyou de trop qu’un voyou de pas assez!
Les policiers ne sont pas assez bien payés ni socialement assez bien considérés pour qu’on puisse se permettre de leur donner tort à chaque fois qu’un délinquant se plaint d’avoir été molesté. Les dames de la presse ont l’habitude de qualifier de «bavure» toute réaction un peu ferme de la police, comme elles appellent «dérapage» toute expression verbale exprimant une vérité qui dérange.
Et si le Conseil d’Etat, la hiérarchie policière et même la justice avaient le courage de proclamer que le maintien ou le rétablissement de la sécurité publique justifie, dans certaines circonstances, le recours à la force, ou des mesures de sauvegarde susceptibles de causer, pour les criminels, des dommages définitifs?
Faute d’un langage ferme, on risque de connaître en Suisse, dans quelques mois ou dans quelques années, une situation semblable à celles des banlieues françaises, zones de non-droit où la police n’ose plus pénétrer, sachant que tout affrontement contre les forces de l’ordre provoqué par la racaille sera imputé à la faute de celles-ci, par un ministre à l’écoute des sondages.
Claude Paschoud
Un prisonnier turbulent qui s’était déjà signalé l’an passé en montant sur le toit de la prison et qui était réputé dangereux a eu l’idée absurde de mettre le feu à son matelas, ce qui provoqua sa mort par intoxication. La procédure prescrite était-elle adéquate, qui imposait pour ce type d’individus qu’on ne puisse ouvrir la porte à barreaux avant l’arrivée du DARD ? On peut en douter.
Il n’empêche que la victime était un criminel dangereux et qu’il a provoqué volontairement l’incendie qui lui fut fatal. On ne va tout de même pas se lamenter sur son sort!
Quelques jours plus tard, un duo de crapules pilotant une voiture volée force un barrage et menace d’écraser les policiers chargés de l’intercepter. Un des agents ouvre le feu et tue l’un des voleurs. La presse quotidienne nous apprend que les voleurs «n’étaient pas armés». La belle affaire! Comme s’il était moins dangereux de se faire écraser par un automobiliste non armé. Les pleureuses de service vont photographier la mère, les frères et les copains de la victime, si bon fils, sans histoires; il doit y avoir eu un malentendu, jamais ce garçon plein d’avenir n’aurait volé ni une voiture ni autre chose…
Les potes du voleur «ont la haine» bien entendu et depuis leur banlieue huppée de Vaux-en-Velin, connue pour la courtoisie de ses bandes de jeunes, proclament que l’auteur de ce crime (i.e. le policier, bien entendu) devra payer.
Et comme à son habitude, le pouvoir politique se couche devant les injonctions de la presse. On a déjà désigné un ancien juge cantonal pour élucider les circonstances de l’incendie de matelas. On nommera une commission d’enquête pour analyser la pertinence du barrage policier et les réactions du gendarme. Et le juge, suivant en cela les dames de la presse, va immanquablement conclure que sept balles de mitraillette pour arrêter un simple voleur de voiture constituaient une salve inutile, à tout le moins violant le sacro-saint principe de proportionnalité, et le malheureux pandore sera l’objet d’une mesure hiérarchique, peut-être même d’une condamnation pénale.
Le commandant de la gendarmerie a déjà présenté à la famille ses condoléances et ses regrets.
Sera-t-il permis d’affirmer, sans justifier les Rambo, qu’on préfère un gardien de prison qui privilégie la sécurité de ses collègues et des autres détenus plutôt que la sauvegarde d’un imbécile dangereux qui a mis lui-même et volontairement le feu à sa cellule? Puis-je proclamer que j’approuve un policier qui abat un criminel avant d’être abattu lui-même et qu’à tout prendre, mieux vaut, dans la balance des intérêts, éliminer un voyou de trop qu’un voyou de pas assez!
Les policiers ne sont pas assez bien payés ni socialement assez bien considérés pour qu’on puisse se permettre de leur donner tort à chaque fois qu’un délinquant se plaint d’avoir été molesté. Les dames de la presse ont l’habitude de qualifier de «bavure» toute réaction un peu ferme de la police, comme elles appellent «dérapage» toute expression verbale exprimant une vérité qui dérange.
Et si le Conseil d’Etat, la hiérarchie policière et même la justice avaient le courage de proclamer que le maintien ou le rétablissement de la sécurité publique justifie, dans certaines circonstances, le recours à la force, ou des mesures de sauvegarde susceptibles de causer, pour les criminels, des dommages définitifs?
Faute d’un langage ferme, on risque de connaître en Suisse, dans quelques mois ou dans quelques années, une situation semblable à celles des banlieues françaises, zones de non-droit où la police n’ose plus pénétrer, sachant que tout affrontement contre les forces de l’ordre provoqué par la racaille sera imputé à la faute de celles-ci, par un ministre à l’écoute des sondages.
Claude Paschoud
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