Pression
La Chine viole depuis toujours ce qu'il est convenu d'appeler les droits de l'homme. Je crois même qu'on peut affirmer qu'elle ne sait pas ce que c'est, bien qu'elle ait été, en pleine guerre civile chinoise, un des pays fondateurs de la Déclaration universelle des droits de l'homme du 10 décembre 1948, avant de devenir, le 1er octobre 1949, la République populaire de Chine, sous la férule, peu respectueuse des fameux droits, de Mao Tse-Tung. Depuis lors, sur le plan de l'organisation politique, les choses n'ont guère changé.
Or donc, la Chine viole sans cesse ce qu'il est convenu d'appeler les droits de l'homme, encourant la désapprobation de la «communauté internationale» et de divers mouvements à buts vertueux, regroupés sous l'appellation très vague d'organisations non gouvernementales (ONG).
Jusqu'ici, les protestations des Etats consistaient à tancer courtoisement les autorités chinoises à l'occasion de la visite officielle à Pékin de quelque ministre ou président occidental venu signer un ou deux contrats. Quant aux ONG, elles organisaient, très occasionnellement d'ailleurs, des manifestations sans risques. Chacun retournait ensuite à ses affaires la conscience tranquille, pendant qu'au pays du sourire on continuait comme devant.
Mais tout cela va changer du fait des événements de Hong Kong. Trop, c'est trop! Il convient de mettre au pas le géant asiatique. C'est du moins l'avis de «plus de 300 ONG de près de 70 pays, dont certaines sont suisses, [qui] demandent un mécanisme international indépendant sur les violations des droits de l'homme au Tibet, au Xinjiang et à Hong Kong»1 – le Tibet et le Xinjiang, c'est pour faire joli; ça n'intéresse personne en ce moment.
Ça va chauffer! Tout d'abord, ces ONG – dont les organes de presse que j'ai consultés ne donnent pas les noms, mais j'ai peut-être mal cherché – s'adressent directement au seul organisme apte à faire trembler sur son trône M. Xi Jinping, président à vie de l'empire du Milieu: l'Organisation des Nations unies.
Les ONG ont donc écrit à M.Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU, craint et respecté jusqu'aux confins de la terre, à Mme Michelle Bachelet, haut commissaire aux droits de l'homme tout aussi redouté, ainsi qu'aux Etats membres de l'organisation qui, comme nul ne l'ignore, protègent tous scrupuleusement les humains. Elles ont réclamé une intervention urgente, un émissaire onusien pour la Chine, une session spéciale du Conseil des droits de l'homme. Elles se sont vraiment démenées, sans s'arrêter un instant aux dangers mortels auxquels les exposait leur audace.
De leur côté, une flopée d'«experts indépendants (!) de l'ONU» s'inquiètent de la menace que la nouvelle loi chinoise sur la sécurité nationale appliquée à Hong Kong par Pékin fait peser sur les libertés fondamentales. En juin déjà – il y a trois mois donc! –, ces spécialistes, parfaitement neutres évidemment, avaient appelé à des mesures pour protéger les libertés en Chine, avec le succès que l'on peut imaginer.
De fait, au mépris des traités, semble-t-il, les autorités de Pékin veulent mettre au pas une île trop ouverte sur un Occident de plus en plus hostile; une île qui, c'est la mode, pourrait être tentée par le séparatisme; d'où une «loi sécuritaire» qui «punit les activités séparatistes et “terroristes”, la subversion ou les “ingérences” étrangères».
Etant donné la façon dont les droits de l'homme sont respectés dans le monde, y compris, et surtout en ce moment, dans nos angéliques démocraties, j'éprouve quelque difficulté à m'indigner que la Chine ait, il y a deux mois, envoyé sur les roses «plusieurs dizaines de pays, dont la Suisse, [qui] avaient appelé au Conseil des droits de l'homme la Chine et les autorités de la région autonome à ne pas appliquer cette législation controversée». Les Chinois avaient reproché à ces Etats de s'ingérer dans ses affaires intérieures. Quel culot!
J'attends avec impatience le succès de la courageuse action des ONG du monde entier, des as de l'expertise indépendante, des ridicules pantins onusiens et des grotesques Etats mêle-tout.
Gageons qu'il se fera attendre.
M. P.
1 https://www.20min.ch/fr/story/la-pression-des-ong-se-resserre-sur-la-chine-329383074473.
Thèmes associés: Politique internationale
Cet article a été vu 2410 fois