50 ans de plus?

Lorsque j'étais un petit garçon, à la fin des années septante, je me souviens très bien d'avoir eu une peur bleue des terribles machines qui servaient à faire les «expéditions du Pamphlet». Une fois par mois, ma maman s'asseyait devant ce qui me paraissait être une table en métal avec des pédales, comme un piano, et une protubérance en son centre, qui s'abaissait à intervalles réguliers avec un bruit épouvantable, démontrant par là même une puissance titanesque. J'imaginais avec horreur mes petits doigt broyés par la machine et ne m'en approchais qu'avec circonspection. Il s'agissait en réalité d'une machine qui imprimait les adresses des abonnés sur les exemplaires du journal, adresses qui avaient été préalablement gravées au moyen d'une presse tout aussi terrifiante.

Nous voilà quarante ans plus tard, Le Pamphlet fête ses cinquante ans. Peu d'organes de presse peuvent s'enorgueillir d'une pareille longévité. A quoi est-elle due? Tout d'abord à la fidélité de ses lecteurs, sans laquelle la motivation de l'équipe de rédaction se serait émoussée; à la ténacité de ses rédacteurs, bien sûr, qui, mois après mois, livrent leurs articles, analysant l'actualité, égratignant les pédants, débusquant les atteintes au fédéralisme, et partageant de ces saintes colères qui vous rendent lyriques; finalement, au monde qui nous entoure et qui nous donne tant de sujets de débats. Car il ne fait aucun doute pour moi que la presse d'opinion a plus que jamais sa place dans le paysage médiatique actuel. Il n'y a qu'à voir comment fonctionnent toutes les plateformes internet, que ce soit Facebook, Instagram, Youtube ou Google: toutes sans exception nous fournissent des contenus qui nous font plaisir et qui sont en rapport avec nos centres d'intérêt manifestés par les sites que nous consultons. Cela implique mathématiquement que nous ne trouvons plus sur internet, à moins de les chercher, des contenus contraires aux opinions qui sont déjà les nôtres, émoussant par là même notre capacité à faire preuve d'esprit critique.

Mais chacun de nous ressent confusément que quelque chose manque, une sorte de nostalgie d'un temps où les soirées au café du coin se passaient à refaire le monde et non à faire la revue des dernières nouveautés de Netflix. Et c'est là que, modestement, Le Pamphlet peut apporter sa pierre à l'édifice, offrant à ses lecteurs des textes courts et percutants, invitant à la réflexion et à l'humour.

C'est pourquoi j'ai accepté de reprendre le poste de rédacteur en chef du Pamphlet, afin que nous puissions continuer à penser et à rire ensemble. Et j'invite tous ceux qui ont des choses à dire à se mettre en contact avec nous pour les partager avec notre lectorat.

Michel Paschoud

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