Le principe de précaution à géométrie variable

Dans un Etat de droit – dont se réclament tous les beaux parleurs biberonnés aux «valeurs démocratiques», sauf lorsqu'il s'agit de s'ébaubir devant les actes de désobéissance civile de jeunes crétins militant pour des causes «progressistes» –, les restrictions aux libertés fondamentales garanties par la Constitution ne peuvent être admises qu'à la condition qu'elles respectent le principe de la proportionnalité. Celui-ci suppose que les mesures prises ou envisagées reposent sur un intérêt public prépondérant, qu'elles soient aptes à atteindre le but qu'elles visent, qu'elles soient nécessaires à cela et qu'il n'existe pas de possibilité d'y parvenir par des moyens moins incisifs.

Cela fait de nombreuses décennies déjà que les autorités et les politiciens – trop souvent suivis par les tribunaux – estiment ce principe respecté, dès lors que les nombreuses idées germant dans leurs cerveaux féconds représentent en tant que telles des intérêts publics prépondérants, ainsi que les seuls remèdes aux maux qu'ils entendent combattre.

Déjà ramené à pas grand-chose, le principe de la proportionnalité a été quasiment réduit à néant depuis qu'on lui oppose le principe de précaution. Ce dernier permet d'interdire, de prescrire et de taxer au nom de biens potentiellement supérieurs qu'il s'agit de préserver à tout prix. Le risque, même très hypothétique, qu'il leur soit porté atteinte suffit à justifier les mesures les plus drastiques, sans autre examen. Jusqu'il y a peu, c'est en matière d'écologie, avec, en tête de liste, la lutte contre le réel ou supposé réchauffement climatique, que ce principe a le plus souvent été brandi, afin de couper court à toute opposition, à tout questionnement. Dans ce contexte, rappeler l'existence du principe de la proportionnalité fait de vous au mieux un égoïste individualiste, au pire un négationniste; souvent un complotiste.

Puis est arrivé le Covid. Dans un premier temps, rares ont été ceux qui ont remis en cause les mesures qui ont été prises, qui se sont interrogés sur la proportionnalité du confinement. Je n'en faisais en tout cas pas partie, ayant en mémoire les images (réelles?) vues sur les réseaux sociaux quelques semaines auparavant: des cadavres dans les rues et des Etats qui construisent en urgence des hôpitaux de fortune.

Assez rapidement toutefois, il s'est avéré que le virus n'était ni aussi dangereux ni aussi mortel que ce qu'on imaginait. Les hôpitaux helvétiques n'ont jamais été saturés, les morts sont peu nombreux, la plupart des «malades» ne le sont en réalité pas, ceux qui le sont connaissent rarement de graves complications. Malgré cela, le principe de précaution continue à prévaloir: les cas pourraient à nouveaux augmenter, les variants sont peut-être plus contagieux et plus dangereux, des cas de «Covid long» ont été repérés; il ne faut surtout pas baisser la garde. Mais les gens en ont marre, y compris parmi ceux qui, habituellement, sont de chauds partisans du principe de précaution: c'est une chose que de voter en faveur de taxes touchant avant tout les autres, d'appeler à l'augmentation des pistes cyclables quand on n'a pas besoin de voiture, de militer pour des panneaux solaires et des éoliennes sur le toit et dans le champ du voisin; c'en est une autre d'accepter sans broncher de voir ses propres libertés restreintes. C'est ainsi que des individus généralement tout ce qu'il y a de politiquement corrects viennent grossir, à leur propre stupéfaction, les rangs des égoïstes, des négationnistes et des complotistes.

La nouvelle marotte des autorités et des experts de tous les Etats est la vaccination de masse, qui, selon eux, est l'unique moyen de mettre fin à la crise. Là, curieusement, il n'est plus question de principe de précaution. Alors qu'on ne sait probablement rien de l'efficacité des vaccins (j'aimerais bien, à cet égard, qu'on m'explique comment on peut affirmer, avant sa mise sur le marché, qu'un vaccin contre un virus qu'on ne connaissait pas il y a un an est efficace à 98% – ou 63% ou même 59,437%), on enjoint à la population d'y recourir. On balaie d'un revers de main les craintes quant aux effets secondaires, car on ne peut établir avec certitude que les problèmes rencontrés ont un lien de causalité adéquate avec la vaccination. Quant aux effets secondaires graves identifiés comme tels, ils sont rares (tout comme les morts du Covid, mais ça n'est apparemment pas la même chose). Et c'est ainsi que, subitement, c'est le fait d'invoquer le principe de précaution qui vous vaut le qualificatif infâmant de complotiste.

Mais, à part ça, on ne nous prend pas pour des c...

Iratus

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