Eglise du monde
Ces jours, notre Eglise nationale – vaudoise donc – se penche sur son rapport à la jeunesse1.
Le constat est sans appel: le nombre de jeunes qui se font baptiser ou qui participent au culte des Rameaux – pour effectuer le rite de fin de catéchisme et éventuellement recevoir le baptême ou la confirmation – est en diminution constante, tandis que la vocation des jeunes à se former pour l'accompagnement de catéchisme est relativement stable. Ces deux constats apparaissent dans un document de travail de l'Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV).
Il faut attirer les jeunes!
Le rapport est un long document de quarante-sept pages, qui semblerait plus à sa place dans l'industrie du divertissement qu'à l'Eglise. On retrouve souvent des mots comme «plus-value» ou «offres» et, quand on pourrait enfin parler de la foi, il s'agit d'employer des termes comme spiritualité chrétienne au lieu de religion chrétienne. Cela montre déjà que l'Eglise compte être partie prenante du monde plutôt qu'être dans le monde, faute d'être déjà auprès du Christ revenu à la Parousie.
Deux citations pour appuyer mon propos:
- «Paraître aux yeux de la société une ressource crédible». Quand l'Eglise veut être du monde…
- «On captera leur attention en présentant immédiatement la plus-value et le bénéfice qu'ils peuvent espérer d'un contact avec l'EERV.» Mais les auteurs sont quand même conscients qu'il faut éviter l'écueil de ne rien apporter…
De temps en temps sort un terme comme «évangéliser». L'intention est louable. Cependant, une fois apporté un semblant de foi à des non-croyants, il ne s'agirait pas de faire venir ceux-ci à l'église, mais de former de nouvelles communautés, plus axées sur l'écospiritualité, par exemple. On voit déjà que cette pratique favoriserait principalement l'émergence de «protestants» ne connaissant rien à la religion chrétienne et s'occupant plus de mettre le Christ dans l'écologie et le saint socialisme que dans une communauté vivant de foi ou dans le christianisme, tout simplement!
Une des idées du document de travail sur la jeunesse est d'impliquer davantage les familles, de les considérer comme une entité.
Autrefois, les parents devaient venir à l'église pendant que leurs enfants suivaient le catéchisme. Evidemment, l'idée du rapport n'étant pas d'amener les gens à l'église, cette implication des parents aurait une autre forme. Néanmoins, cela reste une idée intéressante. Cela éviterait la situation actuelle où, le dimanche, les jeunes sont dans un coin avec leurs activités et les paroissiens dans un autre, et où les deux univers ne sont réunis que pour des cultes spéciaux pour jeunes.
Quant au catéchisme, le rapport propose d'en faire une initiation à la foi chrétienne sur deux ans, maximum. Cela part du constat qu'un parcours en cinq ans avec des activités éparses dilue trop la formation. En ce sens, créer un parcours bien défini et plus ramassé n'est pas une mauvaise idée. Mais l'idée est de le rendre très facultatif… Je me permets de présenter deux citations qui résument bien l'inanité de la démarche.
«L'enseignement et le contenu traditionnels du catéchisme sont en effet contre-productifs.»
«Par là-même, il s'agirait de renoncer à toute idée d'un programme systématique, d'un contenu minimum, d'une quelconque forme d'obligation et de toute validation d'acquis en catéchèse.» Cela est déjà le cas et nous donne des incultes… au culte des Rameaux.
On veut attirer les jeunes par tous les moyens en proposant des activités ponctuelles pour capter leur attention: «Interpellation des autorités sur des sujets qui suscitent l'indignation des jeunes.» Eglise et Extinction Rébellion, hourra!
Il y a quand même un passage du rapport qui remet celui-ci à la grâce de Dieu par la prière. Ouf, nous sommes sauvés!
Je termine par une perle pour savourer les opinions politiques et les talents littéraires des révolutionnaires de l'Eglise: «L'état et le rapport à la planète demande [sic] de passer du progrès à la décroissance obligatoire. Actuellement, la décroissance est un choix, elle sera une obligation. Actuellement, il existe un vrai problème de l'extrémisation des positions qui va avec le repli sur soi et la désignation d'un bouc émissaire. Pour pouvoir vivre ensemble, il est urgent d'activité [sic] la solidarité existentielle, née de la prise de conscience de la dignité humaine et de la justice. »
Barberousse
1 https://jeunesse.eerv.ch/nouveau-dispositif-enfance-familles-jeunesse-de-leerv/.