Réformés n'aime pas les grincheux

Le journal Réformés, financé par les Eglises protestantes de Suisse romande, est ce qu'on fait de mieux en matière de journalisme religieux au service des idées à la mode. Il se plaît à publier des articles et dossiers sur des sujets controversés comme l'homosexualité, le mariage pour tous ou l'islam, dans lesquels il promeut la tolérance et la compréhension à l'égard des minorités. Il appelle cela proposer des réflexions.

Toutefois, à l'instar des dirigeants de bien d'autres organes de propagande, la rédaction de Réformés supporte très mal les divergences de vues et, notamment, les critiques émanant des lecteurs.

Dans le numéro d'octobre, M. Joël Burri, rédacteur en chef, nous explique pourquoi il n'y a «pas de courrier des lecteurs, ce mois».

A la suite du dossier de septembre consacré à l'islam et qui devait «interroger notre rapport à cette religion en refusant de réduire les personnes musulmanes à leur seule appartenance religieuse», la rédaction de Réformés a reçu «pas mal de réactions», alors que, croit M. Burri, elle «était dans son rôle de vecteur de valeurs réformées en faisant cela».

Comme elle est soucieuse de transparence, la rédaction de Réformés «tend à donner le même écho à toutes les positions». Malheureusement, «les grincheux, ou ceux qui savent toujours mieux que quiconque ce qu'est un vrai chrétien, ont la plume plus facile… Ce qui donne une coloration bien plus polémique à cette rubrique que ne l'est la majorité du lectorat.»

Par souci de modération donc, on ne publie aucune lettre de lecteur. Noble censure!

Je vous l'ai dit plus d'une fois: j'ai très mauvais esprit. Je ne peux donc m'empêcher de penser que la rédaction de Réformés a reçu une volée de bois vert de la part des grincheux qui ont la plume facile et n'a pas croulé sous les félicitations de ceux qui n'écrivent qu'à bon escient.

Y a-t-il plus intolérable pour un vecteur de valeurs réformées?

M. P.