Considérations sur un voyage

Le voyage récent du dénommé Benoît XVI en terre sainte, tant chez les juifs en Israël que chez les musulmans de Jordanie ou les chrétiens de Palestine, au début de mai 2009, fut présenté par le premier intéressé comme avant tout spirituel. C’est très exactement le contraire qui est vrai… Aucun déplacement d’un chef de religion n’aura démontré avec autant de force l’enlisement de valeurs spirituelles déviées dans les méandres de la politique de ce monde, consacrant ainsi la victoire du plus épais matérialisme! On a dit de ce pontife souverain qu’il était venu à Jérusalem «pour mettre un point final à l’affaire Williamson» (le franciscain Frédéric Manns)1. En fait de spiritualité, ce furent plutôt les dosages politiques soignés dans les discours et homélies du chef de l’Etat du Vatican qui retinrent l’attention de tous les observateurs. Même lorsqu’il aborda la question religieuse proprement dite, Benoît XVI l’a fait dans un contexte et dans un souci explicitement et exclusivement politiques.

En s’élevant, dans l’enceinte de la mosquée al-Hussein ben Talal, contre tous ceux qui «soutiennent que la religion est nécessairement une cause de division dans notre monde» – ce qu’au demeurant toute l’histoire de l’humanité démontre formellement depuis l’avènement du christianisme… –, Benoît XVI apporte tout simplement la contradiction… à l’Esprit Saint qui, dans l’évangile du lendemain, quatrième dimanche après Pâques, dit ceci par la bouche de l’apôtre saint Jean (chap. XVI, v. 8/9): «Et quand il sera venu – il s’agit de l’Esprit Consolateur – il convaincra le monde au sujet du péché, de la justice et du jugement: au sujet du péché, parce qu’ils n’ont pas cru en moi (…).» (le Christ). La foi chrétienne divise dès lors qu’elle établit d’une manière irréfragable une séparation entre ceux qui croient au Christ et ceux qui n’y croient pas, c'est-à-dire entre les justes et les impies. Le rejet du Messie, de qui la divinité est prouvée par ses œuvres, en particulier sa résurrection, tant par le judaïsme que par l’islam, fut totalement gommé lors de ce voyage, passé sous silence par celui qui ose encore se dire officiellement le Vicaire du Christ sur terre! Est-ce tolérable? Seulement pour les tièdes, c’est-à-dire «les chiens et les pourceaux dans l’Eglise», selon l’expression et l’image parlante d’un honorable prédicateur du XIXe siècle, le chanoine Coulin.

Au reste, considérer la négation de la choie comme une offense à Dieu relève d’une grave confusion mentale, dont le second volet ne peut être que celui-ci: la négation du déicide en la personne du Christ ne serait qu’une offense à l’Homme, puisque le peuple juif est Dieu et que le Christ est homme… On ne peut trouver inversion de valeurs plus nihiliste. Cet individu n’a aucune dignité, pas même celle de confesser publiquement son absence totale de foi religieuse. La papauté n’est chez lui qu’une carrière, rien de plus! Il est, comme apostat, la honte de l’Eglise et du catholicisme tout entier.

NOTES:

1) Le Temps, éd. du lundi 11 mai 2009, p. 27: Arrivée controversée du pape en Israël par Patricia Briel.

PS: La volonté arrêtée de Benoît XVI de procéder à la béatification du pape Pie XII n’est pas en contradiction avec son philosémitisme idolâtrique. Comme souvent chez les hétérodoxes, le bien est destiné essentiellement à masquer le mal et à lui assurer le maximum d’impunité. Pie XII pratiqua à l’égard des juifs injustement poursuivis par les nazis la vertu de justice et de sagesse politique, qui est une forme de la prudence.

A l’inverse, Joseph Ratzinger, en participant à l’idolâtrie du peuple juif, qui substitue ses souffrances à celles du Messie, persécuté par lui, détourne la vertu théologale de charité – car celle-ci doit aussi avoir la vérité religieuse pour objet, comme le rappelait Pie XII lui-même – et la vertu cardinale de justice de leur fin propre. Il agit donc par vices et non par vertu.

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