L'investigateur investigué
Victime depuis plusieurs mois d’une campagne médiatique orchestrée par le Matin, le conseiller d’Etat neuchâtelois Frédéric Hainard a finalement annoncé sa démission. On ne va pas se mettre au lit pour le plaindre: lorsqu’on veut jouer au chevalier blanc, il faut être réellement tout blanc et sans tache. M. Hainard dissimulait manifestement beaucoup d’histoires pas nettes; il n’a pas pu résister.
Cela étant, on se doute que d’autres politiciens mériteraient pareil traitement, auquel ils ne résisteraient pas davantage. Pourquoi est-ce tombé sur celui-là? Bonne question. A priori, et sans préjuger des autres raisons, on peut penser que si M. Hainard avait été socialiste, il ne serait pas tombé sous les coups du journaliste Ludovic Rocchi.
Retenez bien ce nom. C’est lui qui a signé tous les articles contre le conseiller d’Etat libéral-radical. Sur le site internet du Matin, sa photo trônait à côté de chaque nouvelle révélation. Usant et abusant du pouvoir de la presse, le journaliste Ludovic Rocchi s’est servi du Matin pour mener ce qui ressemblait beaucoup à un combat personnel, à moins que ce ne soit sur demande d’un de ses amis, par exemple un autre conseiller d'Etat neuchâtelois rival de M. Hainard.
La presse est une arme redoutable et certains journalistes qui l’ont bien compris ne se privent pas d’exercer ainsi un droit de vie et de mort – au sens figuré, certes – sur les personnalités publiques qui leur déplaisent. Ce n’est pas très «égalitaire» vis-à-vis des nombreux autres citoyens qui voudraient eux aussi jouer à la noce à Thomas avec leurs têtes de Turc, mais n’ont pas la chance de signer des éditoriaux dans de grands quotidiens. Le plus gênant est que les privilèges des journalistes ne se heurtent à aucun véritable contre-pouvoir: la vigilance vétilleuse avec laquelle on observe habituellement les puissants de ce monde ne devrait-elle pas s’appliquer avec la même rigueur à l’égard des barons de la plume? Ne serait-il pas temps que leur nom soit étalé en public, que l’on s’intéresse à eux, à leur carrière, à leurs zones d’ombre, à leurs casseroles? Ne vaudrait-il pas la peine que l’on enquête sur eux?
Ludovic Rocchi, par exemple. Une rapide recherche sur Google nous apprend que ce bobo-gauchiste à la tête de soixante-huitard grisonnant, ancien collaborateur du Nouveau Quotidien, auteur de nombreux articles toujours très orientés, est aussi un agitateur syndical, fomentateur de grèves au sein du groupe de presse qui l’emploie. On découvre en outre qu’il passe ses nuits à animer des scènes de musique underground dans des accoutrements extravagants et sous le nom de «DJ Biscuit»; de mauvaises vidéos le montrent se trémoussant au milieu de fêtards éméchés et pathétiques. Il ne faut pas plus de quelques minutes pour brosser ce début de portrait. Que serait-ce si l’on disposait de moyens d’investigation plus pointus, si l’on pouvait interroger ceux qui l’ont fréquenté, si l’on avait le temps et les moyens d’enquêter par exemple sur sa vie privée ou sur ses relations au sein de l'establishment politique neuchâtelois? Peut-être trouverait-on de quoi alimenter un feuilleton aussi croustillant que celui du conseiller d'Etat Frédéric Hainard.
Pollux
Cela étant, on se doute que d’autres politiciens mériteraient pareil traitement, auquel ils ne résisteraient pas davantage. Pourquoi est-ce tombé sur celui-là? Bonne question. A priori, et sans préjuger des autres raisons, on peut penser que si M. Hainard avait été socialiste, il ne serait pas tombé sous les coups du journaliste Ludovic Rocchi.
Retenez bien ce nom. C’est lui qui a signé tous les articles contre le conseiller d’Etat libéral-radical. Sur le site internet du Matin, sa photo trônait à côté de chaque nouvelle révélation. Usant et abusant du pouvoir de la presse, le journaliste Ludovic Rocchi s’est servi du Matin pour mener ce qui ressemblait beaucoup à un combat personnel, à moins que ce ne soit sur demande d’un de ses amis, par exemple un autre conseiller d'Etat neuchâtelois rival de M. Hainard.
La presse est une arme redoutable et certains journalistes qui l’ont bien compris ne se privent pas d’exercer ainsi un droit de vie et de mort – au sens figuré, certes – sur les personnalités publiques qui leur déplaisent. Ce n’est pas très «égalitaire» vis-à-vis des nombreux autres citoyens qui voudraient eux aussi jouer à la noce à Thomas avec leurs têtes de Turc, mais n’ont pas la chance de signer des éditoriaux dans de grands quotidiens. Le plus gênant est que les privilèges des journalistes ne se heurtent à aucun véritable contre-pouvoir: la vigilance vétilleuse avec laquelle on observe habituellement les puissants de ce monde ne devrait-elle pas s’appliquer avec la même rigueur à l’égard des barons de la plume? Ne serait-il pas temps que leur nom soit étalé en public, que l’on s’intéresse à eux, à leur carrière, à leurs zones d’ombre, à leurs casseroles? Ne vaudrait-il pas la peine que l’on enquête sur eux?
Ludovic Rocchi, par exemple. Une rapide recherche sur Google nous apprend que ce bobo-gauchiste à la tête de soixante-huitard grisonnant, ancien collaborateur du Nouveau Quotidien, auteur de nombreux articles toujours très orientés, est aussi un agitateur syndical, fomentateur de grèves au sein du groupe de presse qui l’emploie. On découvre en outre qu’il passe ses nuits à animer des scènes de musique underground dans des accoutrements extravagants et sous le nom de «DJ Biscuit»; de mauvaises vidéos le montrent se trémoussant au milieu de fêtards éméchés et pathétiques. Il ne faut pas plus de quelques minutes pour brosser ce début de portrait. Que serait-ce si l’on disposait de moyens d’investigation plus pointus, si l’on pouvait interroger ceux qui l’ont fréquenté, si l’on avait le temps et les moyens d’enquêter par exemple sur sa vie privée ou sur ses relations au sein de l'establishment politique neuchâtelois? Peut-être trouverait-on de quoi alimenter un feuilleton aussi croustillant que celui du conseiller d'Etat Frédéric Hainard.
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