Savoir raison garder
Durant ces deux dernières années, la grande peur de l'apocalypse climatique a été supplantée par l'horrifique terreur de la pandémie. Mais il ne faut pas se leurrer: aussitôt le coronavirus réduit à l'état d'endémie, les prophètes du désastre planétaire sortiront de leur trou pour réclamer des mesures globales et des comportements «responsables». Peut-être même aurons-nous l'inestimable privilège de voir réapparaître la jeune Greta.
Aussi ferions-nous bien de nous «vacciner» contre la très contagieuse propagande verte, qui menace de nous faire perdre le sens des réalités.
Un bon moyen d'y parvenir est de lire le dernier essai de notre ami Michel de Rougemont, ingénieur chimiste et docteur ès sciences techniques.
Le titre – La grande illusion du sauvetage de la planète par une remise à zéro – Comment les cercles économiques et financiers se laissent convaincre avec complaisance1 – donne un bon aperçu de la position de l'auteur concernant la propagande fondée sur une urgence climatique fantasmée, nécessitant prétendument une reconversion complète du monde et de l'humanité et admise avec plus ou moins de sincérité par des milieux, notamment économiques et financiers, qui s'y rallient parce qu'ils y trouvent leur intérêt.
Ce résumé est bien sommaire, simpliste même. Il ne rend pas justice à la minutie de l'analyse développée dans cet essai. Michel de Rougemont aborde le sujet sous des angles divers: économique, financier, politique, scientifique, environnemental, philosophique parfois, le tout teinté d'humour ici et là.
Mais, à mes yeux, le plus grand mérite de l'ouvrage est de démontrer que, si les phénomènes climatiques qui affectent la Terre ne doivent être ni ignorés ni minimisés, il convient de les traiter non pas en terrorisant les populations pour qu'elles se soumettent à des mesures globales et inutiles, mais en recourant à l'adaptation. A cet égard, le passage qui, plus que tout autre, a retenu mon attention d'esprit simple est le suivant: «Laissées orphelines des politiques climatiques, les mesures d'adaptation méritent une plus grande attention. Elles s'imposeront par elles-mêmes et doivent être disponibles de préférence avant qu'il ne soit trop tard. Si les Néerlandais surent construire des digues en des temps records, rien ne devrait empêcher les Bengalis de faire de même. (…)» (p. 95).
Après ça, on a tout compris!
Comme un essai ne saurait être entièrement dépourvu de défauts, je déplore que les tableaux qui illustrent le texte soient parfois illisibles pour quiconque ne possède pas un œil d'aigle et, surtout, que le franglais se substitue trop souvent à notre bonne vieille langue française.
Néanmoins, le «vaccin» est efficace et recommandé.
Mariette Paschoud
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