Politique partout, justice nulle part

La gauche (appellation forcément simpliste, mais chacun voit en gros ce dont il s'agit: esprits révolutionnaires, contestataires de l'ordre établi, promoteurs du désordre dans les idées et les actes), la gauche donc, depuis des années, a entrepris de coloniser les institutions clés qui lui permettent de contrôler la société.

L'école figure sans doute en première position, car elle peut formater l'esprit encore malléable des nouvelles générations et en faire des citoyens-zombies déculturés. Ensuite les médias, car ils entretiennent le contrôle et l'abêtissement des masses, filtrent les informations souhaitées ou non souhaitées et façonnent les comportements sociaux. En troisième position, il faut évoquer le monde de la justice et du droit: juges, avocats, juristes, législateurs, constitutionnalistes, professeurs, tous ces gens créent directement ou indirectement le cadre de ce qui est permis et de ce qui ne l'est pas.

On a parfois le sentiment que ce dernier domaine a été plus long à coloniser. On a certes pu observer, depuis des années déjà, des décisions de justice surprenantes et déplaisantes, clémentes envers les délinquants de droit commun, sévères envers les bêtes noires de la gauche. Mais cela ne voulait encore pas dire qu'une majorité de juges étaient fondamentalement acquis aux idées de gauche. C'était peut-être le cas en France – on se souvient de la triste affaire du «mur des cons», panneau d'affichage où le Syndicat de la magistrature affichait les photos des justiciables jugés trop à droite, ou simplement trop normaux. Mais, chez nous, les magistrats de gauche se tenaient plutôt à carreau et laissaient aux avocats les grandes envolées lyriques sur la justice injuste ou la non-culpabilité des coupables victimes de la société. La justice, dans son ensemble, ne donnait pas l'impression d'être véritablement politisée: trop souvent médiocre, conformiste, sans courage face aux pressions des médias et soucieuse d'éviter toute vague, mais pas véritablement politisée.

Les choses semblent changer. Dans le canton de Vaud, des juges commencent à acquitter en série les activistes du climat et autres zadistes (parmi lesquels on retrouve la fine fleur, flétrie, de l'élite académique locale!). Ils ne se contentent pas d'être cléments, ils se montrent compréhensifs; ils entrent dans le jeu des accusés au-delà de ce que nécessiterait le seul souci d'une carrière peu chahutée. Ils désavouent ainsi l'action de la police et créent une jurisprudence légitimant le non-respect du droit par tout militant qui affirme défendre des convictions profondes – pour autant que ces convictions soient en phase avec celles du juge (ce qui n'est pas le cas, par exemple, lorsque des manifestants dénoncent les mesures sanitaires liberticides). Parallèlement, les dirigeants des partis rouges et verts n'hésitent plus à revendiquer haut et fort l'éviction des magistrats qui incarnent une justice classique et non militante. Une manière expéditive de faire le ménage dans un domaine désormais considéré comme une chasse gardée.

D'aucuns trouveront cette description caricaturale. Dans la mesure où la caricature n'est qu'une exagération de la vérité, c'est possible. C'est en tout cas ainsi que les choses peuvent être ressenties par le citoyen lambda, qui a résisté autrefois à l'influence de l'école progressiste, qui se protège aujourd'hui de celle des médias bien-pensants, mais qui s'inquiète de savoir s'il réussira, à l'avenir, à échapper à un appareil judiciaire mettant ses moyens de coercition légaux au service d'un militantisme politiquement orienté.

Pollux

Thèmes associés: Justice - Politique fédérale - Politique vaudoise

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