Don't Look Up, déni cosmique
La dernière grande production de Netflix, Don't Look Up de Adam McKay, sortie pour les fêtes de Noël, a été un immense succès, battant tous les records d'audience. Je n'ai pas la prétention d'avoir la moindre compétence en matière de cinéma et n'entrerai pas en débat avec les savants critiques qui descendent ce film en flèche.
Ce que je sais, c'est que j'ai pris grand plaisir à le voir et qu'il y avait longtemps qu'un film ne m'avait à la fois amusé et stimulé intellectuellement. Pour ceux qui n'en auraient pas entendu parler, un rapide résumé de l'intrigue s'impose: une doctorante en astronomie découvre une nouvelle comète qui s'avère foncer droit vers la terre, qu'elle atteindra dans un peu plus de six mois, avec pour conséquence la fin de la vie sur terre. Son professeur et elle-même se rendent à la Maison Blanche pour alerter la présidente des Etats-Unis du danger imminent. Jusqu'à cet instant, le ton est celui de ce qui pourrait être un nouveau film catastrophe avec les Américains en sauveurs de l'humanité, comme il en a été produit de nombreux par Hollywood.
Mais, à ce moment, le ton change, et on entre dans une excellente satire où, durant la suite du film, les protagonistes se retrouvent confrontés au déni de toutes les instances auxquelles ils s'adressent, que ce soit la présidente, plus préoccupée par ses résultats dans les sondages et ses scandales sexuels, les médias, incapables de jauger l'importance de la nouvelle, les réseaux sociaux, usines à sottises, les individus eux-mêmes, lobotomisés par leurs écrans; tout concourt à la catastrophe. Et cela sur un ton grinçant et drôle, marquant le trait, produisant une caricature sans concession de notre monde. On a l'impression que chaque instant du film comprend une allusion, une pique, et que plusieurs visions seront nécessaires pour en faire le tour.
Alors oui, ce n'est pas un mystère, le film se veut une critique de l'apathie générale face à l'urgence climatique. Mais que cela ne vous empêche pas de le voir! Le thème sous-jacent n'est pas lourdement martelé et seules quelques images des beautés de la nature apparaissent çà et là. Peut-être malgré lui, ce film va au-delà des questions climatiques pour se poser la question de la vacuité de nos existences et de l'insignifiance de notre monde. On rit, mais on en sort en se demandant si le trait est vraiment si marqué que cela.
La terre sera-t-elle finalement sauvée? Vous le saurez en regardant les deux heures dix-huit de ce bijou servi par une brochette d'acteurs de première force, dans des rôles qui ne leur sont pas habituels, parmi lesquels Leonardo DiCaprio en professeur angoissé et hypocondriaque, Meryl Streep en présidente fumeuse et désinvolte et Cate Blanchett en journaliste alcoolique et désabusée. Mention spéciale pour la ravissante Ariana Grande, étoile de la pop, qui joue son propre rôle dans le film et fait montre d'une délicieuse autodérision.
Bien du plaisir!
Xavier Savigny
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