Appropriation culturelle

A trois reprises, au cours de l'été, la presse s'est faite l'écho d'une nouvelle forme de brimade, qui frappe des musiciens blancs amateurs de musiques et de coiffures exotiques. Un groupe de Bernois s'est vu interdire de spectacle, une première fois pour avoir joué de la musique jamaïcaine et une seconde fois pour avoir porté des dreadlocks – sortes de mèches agglomérées propres à diverses cultures, notamment jamaïcaine, mais aussi africaines et asiatiques. Un troisième larron, Zuricois celui-là, a subi le même sort toujours pour une sombre affaire de cheveux.

Apparemment, les Blancs qui aiment le reggae et cette drôle de coiffure se rendent coupables d'«appropriation culturelle». Si on comprend bien l'idée des censeurs, seuls les Jamaïcains ont le droit de pratiquer un certain type de musique et seuls des non-Blancs sont autorisés à arborer des dreadslocks.

Je ne suis pas amateur de reggae et je trouve les dreadlocks – littéralement boucles ou mèches de la peur – extrêmement inesthétiques.

Tout de même…

Imaginez un peu le tollé si une chanteuse africaine – teinte en blond peut-être – se voyait interdire d'interpréter des chansons françaises à l'instar de la grande Joséphine Baker, ou si un pianiste jamaïcain se voyait privé de scène pour avoir osé jouer du Chopin ou du Mozart!

Folle société que celle qui, d'un côté, vante les charmes du multiculturalisme et, de l'autre, tolère qu'on interdise des emprunts à d'autres cultures.

M. P.

Thèmes associés: Culture - Egalité, discriminations

Cet article a été vu 1444 fois

Recherche des articles

:

Recherche des éditions