Dérapage à la TSR
L'émission A bon entendeur (ABE) diffusée le 3 février dernier par la Télévision suisse romande avait fait le procès d'un voyage organisé en Turquie, présenté comme une arnaque. Sur la base de quatre témoignages, le magazine affirmait que le guide qui emmenait les voyageurs avait exercé des pressions sur eux pour qu'ils achètent des excursions supplémentaires ainsi que des souvenirs et d'autres produits locaux, allant jusqu'à «menacer gravement» ceux qui refusaient.
Or ce n'est apparemment pas du tout ce qu'ont vécu une douzaine d'autres participants à ce voyage, retrouvés et interrogés par 24 heures dans un article paru le 22 avril. Ces derniers font état d'un groupe de quatre à six personnes qui avaient commencé à se plaindre dès la séance d'information, puis se sont comportées comme des gougnafiers pendant toute la durée du voyage en semant systématiquement la zizanie. «“Au décollage de l’avion, déjà, elles disaient que ce voyage allait être une arnaque et qu’elles allaient en parler à la télévision.” se souvient une dame. Une autre s'exclame en visionnant l'émission: “Ce ne sont que des mensonges. Le guide a eu beaucoup de patience avec ces gens.”»
Du côté de la TSR, ces contre-témoignages déclenchent quelques réactions hautaines et pleines de morgue. L'auteur du reportage incriminé, Christian Fehlbaum, déclare ne pas être surpris: «Ces gens ne veulent pas reconnaître qu’ils se sont fait arnaquer. Ils ont un réflexe de clan. Et le guide a dû faire le joli cœur auprès des personnes âgées et des gens qui n’avaient jamais pris l’avion avant.» Manuelle Pernoud, présentatrice et coproductrice de l'émission, couvre son collaborateur en mettant en doute les dires des autres voyageurs: «Ces personnes peuvent parfaitement avoir été manipulées par l’agence de voyages.» En d'autres termes: circulez, il n'y a rien à voir! Seule la police commet des bavures, jamais les médias. Il est vrai qu'on ne travaille pas dans les studios du boulevard Carl-Vogt sans y développer une solide susceptibilité.
Généralement, lorsqu'un journaliste ne trouve pas de scandale à dénoncer, il en invente un. En l'occurrence, on devine que les réalisateurs d'ABE ont été ravis de pouvoir ainsi monter en épingle les récriminations de quelques touristes irascibles afin d'en faire un sujet bien croustillant. De même, il est probable que le journaliste de 24 heures a savouré cette occasion de ridiculiser ses «chers confrères» de la télévision… sans oser toutefois taper trop fort, corporatisme journalistique oblige. On regrette que l'article n'ait pas fait le gros titre de la une du journal: «Encore un dérapage à la TSR: ABE a manipulé des témoignages!»
Or ce n'est apparemment pas du tout ce qu'ont vécu une douzaine d'autres participants à ce voyage, retrouvés et interrogés par 24 heures dans un article paru le 22 avril. Ces derniers font état d'un groupe de quatre à six personnes qui avaient commencé à se plaindre dès la séance d'information, puis se sont comportées comme des gougnafiers pendant toute la durée du voyage en semant systématiquement la zizanie. «“Au décollage de l’avion, déjà, elles disaient que ce voyage allait être une arnaque et qu’elles allaient en parler à la télévision.” se souvient une dame. Une autre s'exclame en visionnant l'émission: “Ce ne sont que des mensonges. Le guide a eu beaucoup de patience avec ces gens.”»
Du côté de la TSR, ces contre-témoignages déclenchent quelques réactions hautaines et pleines de morgue. L'auteur du reportage incriminé, Christian Fehlbaum, déclare ne pas être surpris: «Ces gens ne veulent pas reconnaître qu’ils se sont fait arnaquer. Ils ont un réflexe de clan. Et le guide a dû faire le joli cœur auprès des personnes âgées et des gens qui n’avaient jamais pris l’avion avant.» Manuelle Pernoud, présentatrice et coproductrice de l'émission, couvre son collaborateur en mettant en doute les dires des autres voyageurs: «Ces personnes peuvent parfaitement avoir été manipulées par l’agence de voyages.» En d'autres termes: circulez, il n'y a rien à voir! Seule la police commet des bavures, jamais les médias. Il est vrai qu'on ne travaille pas dans les studios du boulevard Carl-Vogt sans y développer une solide susceptibilité.
Généralement, lorsqu'un journaliste ne trouve pas de scandale à dénoncer, il en invente un. En l'occurrence, on devine que les réalisateurs d'ABE ont été ravis de pouvoir ainsi monter en épingle les récriminations de quelques touristes irascibles afin d'en faire un sujet bien croustillant. De même, il est probable que le journaliste de 24 heures a savouré cette occasion de ridiculiser ses «chers confrères» de la télévision… sans oser toutefois taper trop fort, corporatisme journalistique oblige. On regrette que l'article n'ait pas fait le gros titre de la une du journal: «Encore un dérapage à la TSR: ABE a manipulé des témoignages!»
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