Copuler en toute transparence

Les parlementaires de divers pays se penchent sur la définition du viol, afin de mieux protéger, quel que soit leur sexe, les potentielles victimes de prédateurs sexuels.

Tout le monde est d’accord pour condamner le viol «avec la plus grande fermeté», comme disent les personnalités politiques donneuses de leçons.

Il convient donc, semble-t-il, d’inscrire dans la loi une disposition prescrivant que tout rapport sexuel doit être subordonné au consentement exprès des partenaires, chose qui, à première vue, paraît aller de soi, mais n’est apparemment pas aussi évidente qu’on ne le croit.

Les deux formules concurrentes qui traduisent le point de vue des législateurs et des commentateurs à ce sujet sont les suivantes: «Non, c’est non» ou «Seul un oui est oui».

La première formule déplaît aux féministes, car elle ne tient pas compte de l’état de sidération dans lequel entrent, paraît-il, les femmes soumises à la pression d’un homme qui les serre de trop près, état qui les empêche de manifester leur opposition – apparemment, les hommes ne souffrent pas de pareil blocage.

Reste donc la solution du «seul un oui est oui». Celle-ci implique que les intéressés puissent prouver que le consentement a été donné volontairement et de bonne foi, faute de quoi on ouvrira tout grand la porte à des accusations calomnieuses, portées, par esprit de lucre ou de vengeance, contre des personnes innocentes, qui ne s’en relèveront pas. Cela s’est vu, surtout depuis que «la parole s’est libérée» – comme on dit chez les ennemis de la gent masculine – et qu’il y a de l’argent à gagner sous forme de réparations.

Il est donc important de s’entendre sur la manière dont ce fameux «oui» sera exprimé. Faudra-t-il rédiger un déclaration écrite? remplir et signer une formule préimprimée? recourir à un enregistrement audio ou vidéo? faire appel à des témoins? Que se passera-t-il si un «oui» devient «non» dans le feu de l’action? Et le procureur ou le juge appelé à décider de la culpabilité d’un violeur présumé, sans autres données que les déclarations contradictoires des parties en présence, se fondera-t-il sur son intime conviction? sur ses présupposés idéologiques? On voit de tout dans l’exercice de la justice de nos jours.

On nage en pleine absurdité. D’un côté, nous avons un monde qui parle constamment de sexe, de liberté sexuelle, de droit à une vie sexuelle épanouie et qui soumet les enfants à l’éducation sexuelle quasiment dès le berceau. De l’autre, nous avons une société qui pleure sur les inévitables conséquences de cette «libération» et qui tente d’en freiner les effets par des lois irréalistes et donc inapplicables.

Je ne pense pas qu’il soit possible d’éradiquer entièrement le viol: il y aura toujours des cinglés pour s’attaquer à des victimes non consentantes. Mais on doit pouvoir limiter les dégâts en recourant non à des lois dégoulinantes de bonnes intentions, mais à des mesures de simple bon sens, qui relèvent de l’éducation aux bonnes mœurs.

Quitte à scandaliser les prédicateurs sexuels patentés tels que la Fondation Profa ou Santé sexuelle suisse, qui inondent les écoles d’une documentation prétendument objective, scientifique et adaptée à l’âge des écoliers, mais qui est tout sauf cela1, je pense qu’on devrait apprendre aux enfants que le sexe n’est pas tout dans la vie, que des expériences trop précoces peuvent être désastreuses, qu’il n’est pas indispensable de coucher dès la première rencontre et que la moindre des choses est de respecter, le moment venu, son partenaire. Je pense aussi qu’on devrait enseigner aux filles qu’il n’est pas prudent d’aller s’entretenir avec quelque pourvoyeur d’avantages futurs dans une chambre à coucher après avoir dîné à ses frais dans un excellent restaurant.

Bref, je suis favorable à une éducation vieillotte. Et pour comble, je crois qu’il faut rappeler aux jeunes gens que, pour être démodée, la chasteté n’a rien d’une maladie honteuse et qu’il n’y a pas à rougir d’être encore puceau à quatorze ans.

Suis-je bonne à enfermer?

Mariette Paschoud

 

1 Voir l’édifiant article de Raphaël Pomey dans Le Peuple no15: https://www.lepeuple.ch/letrange-depliant-de-la-fondation-profa/.

Thèmes associés: Divers - Egalité, discriminations - Justice - Politiques diverses - Société

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