Extinction résignation

La Municipalité de Lausanne a décidé de poursuivre l’extinction de l’éclairage public dans certains parcs, rues, monuments et bâtiments de la ville. La mesure, en vigueur depuis novembre, est désormais valable jusqu’à mi-avril. [Cette mesure] vise notamment à réduire la consommation d’énergie et à favoriser la biodiversité.

L’homo occidentalis est décidément bien étrange.

Gavé jusqu’à la nausée de préceptes moraux sur la tolérance, le respect des différences et l’ouverture à l’autre, il passe son temps à quereller violemment ses semblables sur les réseaux en ligne et à exprimer sa haine et son mépris à l’égard des individus déviants qui s’écartent des traitillés tracés par l’Ordre moral. Il appelle de ses vœux le lancement de guerres justes, de guerres morales, voire d’une nouvelle guerre mondiale, nucléaire s’il le faut, pour anéantir les sociétés qui ne partagent pas les valeurs qu’il considère comme universelles. Une sorte de caricature de 1984 de George Orwell.

En même temps, cet homo occidentalis autrefois fasciné par le Progrès, qui a bâti depuis le Moyen Age des cités toujours plus sophistiquées, toujours plus vastes et toujours plus hautes, des métropoles aux larges avenues grouillantes de vie et illuminées de mille feux, reliées par des transports toujours plus rapides cherchant à abolir les distances, rêve aujourd’hui de se faire de plus en plus petit et de moins en moins visible, de plus en plus insignifiant et de moins en moins mobile; il aspire à consommer toujours moins, à exister toujours moins, à décroître pour laisser Gaïa-notre-Mère-à-tou-x-tes reprendre sa place et ses droits; il imagine son futur dans des catacombes, dans des cavernes, dans des trous à rats «zéro carbone» fabriqués en paille bio et torchis écoresponsable, sans chauffage et sans lumière, pendant que les villes retourneront progressivement à l’obscurité, à la végétation et aux animaux sauvages. On a passé de Prométhée à Malthus, de la conquête de l’espace aux Morlocks souterrains de H. G. Wells.

Bien entendu, les préceptes moraux évoqués plus haut sont toujours en vigueur. Si des groupes humains particulièrement dignes de respect (en raison de leur origine ethnique ou de leur orientation sexuelle) exigent de pouvoir organiser des méga-teufs avec sono à coin et débauche de flashs stroboscopiques, Gaïa dira oui. Mais pour les autres, ce sera extinction sans rébellion.

Si seulement Vladimir Poutine avait eu la patience d’attendre encore quinze ou vingt ans, il aurait peut-être pu s’emparer de toute l’Europe occidentale sans coup férir, sans sacrifier ses meilleurs soldats et ses meilleures armes et sans détruire l’Ukraine au passage.

Pollux

Thèmes associés: Environnement - Politique vaudoise - Société

Cet article a été vu 804 fois

Recherche des articles

:

Recherche des éditions