Morale internationale

L’association Pro Militia, qui avait été fondée notamment par l’ancien conseiller national Jean-Pierre Bonny (PLR) pour promouvoir et défendre l’armée de milice, vient de faire paraître une publication, sous le titre Politique de neutralité et droit international; un long argumentaire de prise de position en faveur d’un parti pris dans l’affaire ukrainienne. Les auteurs, deux colonels à la retraite, concluent que l’on peut passer par-dessus la neutralité suisse. La raison qu’ils invoquent se base sur l’argument de la morale:

Nous avons opté pour cette évaluation pour trois raisons:

1. Le risque résiduel d’entrer en guerre en soutenant l’Ukraine est très faible et donc tout à fait acceptable.

2. La «morale» peut s’appuyer sur la Charte des Nations Unies. 

3. La morale doit – selon nous – primer sur le droit de la neutralité. 

La morale? Mais quelle morale?

Les auteurs invoquent la morale internationale. Ils invoquent cette morale pour justifier que l’on passe par-dessus une neutralité pourtant citée, expressis verbis, dans la Constitution fédérale (article 173), appréciant par la même occasion un risque qu’ils considèrent comme faible. On se demande d’ailleurs de quel risque ils parlent. Mais quelles sont donc leurs compétences pour évaluer ce risque? Avaient-ils prévu la guerre d’Ukraine? Avaient-ils prévu l’engagement des nouvelles armes?

En lisant ces conclusions, je suis tombé de ma chaise!

Mais de quoi parle-t-on donc?

Jugeons tout d’abord l’audace d’invoquer la valeur de la morale pour justifier une prise de position vraiment très «tirée par les cheveux».

Est-ce cette morale que l’on invoque pour argumenter sur la défense de notre pays? Est-il permis de s’impliquer ainsi dans le hasardeux guerroiement européen de l’affaire ukrainienne?

Mais qu’est-ce que les auteurs entendent sous les mots de morale internationale?

Font-ils référence à la morale chrétienne qui utilise le décalogue pour distinguer le bien du mal? Cette morale qui indique par exemple: «Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain, ou tu ne tueras point, ou encore tu ne convoiteras point la maison de ton prochain»?

S’agirait-il de la morale internationale qui veut apporter un soutien humanitaire aux populations et du même coup la vie démocratique, celle sous-tendue par les droits de l’homme? Celle qui a justifié la guerre de Libye?

Serait-ce la morale portée par les pays occidentaux qui accusent l’adversaire de crimes contre l’humanité? Les mêmes pays qui, par le passé, ont bombardé Dresde, Hiroshima et Nagasaki en 1945, le Vietnam dans les années 68-69 et plus récemment la Serbie?

Est-ce celle aussi qui vise à effacer l’histoire de l’Occident au travers des mouvements «woke», du trafic de drogue, des bricolages financiers dans lesquels même l’Union européenne se trouve prise?

Non, invoquer la morale internationale, c’est se fourvoyer dans une moralité de bazar.

C’est une argumentation bidon!

F. V.

Thèmes associés: Armée - Politique fédérale - Politique internationale

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