Que fait l'Etat pour nous protéger contre des individus dangereux?

Les journalistes n'aiment pas la police, c'est bien connu, et l'affaire du forcené biennois qui, à la mi-septembre, s'est retranché chez lui avant de tirer sur un policier puis de disparaître plusieurs jours dans la nature aura permis à l'habituelle clique des scribouillards soixante-huitards d'exhaler l'antipathie viscérale qu'ils ressentent pour tout ce qui porte l'uniforme et représente l'ordre et la discipline.

La police a été tenue en échec durant plusieurs jours. Les faits, du moins tels qu'ils étaient rapportés, laissaient penser que les policiers avaient été négligents, ou du moins maladroits. C'est fort possible: on ne connaît pas beaucoup de professions où il n'y a aucune négligence ni aucune maladresse. Les assistants sociaux, les animateurs de rue, les militants syndicaux, les activistes écologistes, les avocats défenseurs des sans-papiers, les journalistes eux-mêmes, sont parfois négligents ou maladroits. Alors pourquoi pas les policiers?

Mais lorsqu'on a l'intention de dénigrer certaines personnes – en raison de leur origine, de leurs convictions, de leurs préférences ou, en l'occurrence, de leur profession –, alors leurs négligences ou leurs maladresses, même supposées, deviennent autant de sujets d'exultation. On a donc vu des hordes d'enquêteurs autoproclamés se précipiter comme de vilaines mouches furieuses afin de harceler les enquêteurs officiels et de dresser le procès de ces derniers. Même lorsque des erreurs n'étaient manifestement pas imputables aux forces de l'ordre (la fausse photo qui a circulé pendant plusieurs jours émanait de la famille du forcené et la police n'avait ni les moyens de contrôler sa véracité ni des raisons d'en douter), la presse a insisté avec délectation sur les dysfonctionnements policiers. Et pour «prolonger le débat» au-delà de ce que les journalistes osaient se permettre, les sites internet des quotidiens romands ont largement ouvert leurs forums aux frustrations anti-policières de quelques visiteurs haineux et anonymes dépeignant ce criminel qu'ils ne connaissaient pas tantôt comme un héros, tantôt comme une victime.

Dans leur obsession à désigner des coupables, certains éditorialistes ont beaucoup insisté sur le manque de précautions prises par les autorités à l'égard d'un homme que tout semblait prédestiner à un tel geste: aigri, détestant l'autorité, multipliant les menaces et les déclarations virulentes, etc. De tels antécédents auraient dû – si l'on comprend bien les journalistes – amener les autorités à se méfier du dénommé Peter K. et à s'occuper de lui avant qu'il ne passe à l'acte.

Aigri? Détestant l'autorité? Multipliant les menaces et les déclarations haineuses? Voilà une description qui correspond exactement à celle de la plupart des militants gauchistes, des squatters et des altermondialistes, voire de quelques journalistes. Nous rejoignons donc pleinement les craintes exprimées dans la presse: qu'attend donc l'Etat pour prendre des mesures préventives et «s'occuper» de tous ces individus dangereux avant qu'ils ne commettent d'autres méfaits?

Pollux

Thèmes associés: Humeur

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