Les loups!

Wolfgang Guératty, dans un article publié en tribune des lecteurs du Nouvelliste1, énonce avec une grande pertinence et une exactitude irréfutable le problème posé par la réintroduction du loup dans nos Alpes valaisannes: «Le loup doit rester dans des espaces où il peut s’équilibrer avec la faune sauvage, c’est-à-dire dans des espaces sauvages. (…) Toute autre politique d’expansion dans les territoires exploités et habités est un projet meurtrier.» Je n’ai d’autre ambition dans les propos qui vont suivre que de prolonger sa réflexion. Ce prolongement m’apparaît utile dans la mesure où il est susceptible de mettre en lumière des aspects cachés, volontairement sans doute, par les milieux écologiques favorables au plan loup dans nos Alpes. Ce plan devrait être en soi illicite et même pénalement répréhensible si l’on se souvient qu’une disposition du code pénal suisse aujourd’hui abrogée, l’ancien article 264, érigeait en délit le seul fait, notamment, de négliger gravement un animal domestique. Or exposer un tel animal à une mise en danger certaine de sa vie impliquant de surcroît une fin cruelle, constitue, nonobstant le changement législatif intervenu depuis dans notre législation pénale, un comportement de nature telle que le droit positif, s’il ne le réprime plus, ne saurait l’admettre comme principe d’une norme protégeant des animaux sauvages et prédateurs. Ainsi, le plan loup est en soi et dans les conditions locales un plan barbare dont les sous-entendus méritent d’être pleinement mis en lumière. Il y a d’abord dans ce plan loup un négationnisme évident: celui du rapport naturel entre l’animal domestique et son propriétaire, rapport absolument nécessaire à la survie même de cet animal. Ce rapport est nié purement et simplement par la condition posée à l’attaque du prédateur, condition qui, rappelons-le, suppose la mort du fait du prédateur en question d’un certain nombre d’animaux domestiques. On peut donc affirmer que ce plan loup est dans ce motif précis un plan barbare et moralement pervers, fruit en outre de la corruption de l’Etat qui consent à monnayer l’impunité de ces mises en danger et de ces morts afin d’acheter le consentement des propriétaires d’animaux domestiques victimes d’un marchandage peu reluisant. En outre, le plan loup relève d’un mode de penser raciste au sens où l’entendaient les nationaux-socialistes allemands, savoir que la race des seigneurs doit pouvoir s’étendre même au préjudice des races plus faibles et jugées inférieures, ces dernières pouvant éventuellement servir de pâture aux premières. Sous l’apparence du respect d’un ordre naturel de la force, un tel plan loup pervertit en réalité la loi naturelle dans l’exercice même de la loi du plus fort, du fait qu’elle met en confrontation non pas l’homme et le loup, mais la chose de l’homme, puisque tel est le statut naturel de l’animal domestique, et le loup, dépouillant la victime de son protecteur. Le plan loup suppose la non-protection effective d’un certain nombre d’animaux domestiques avant toute mesure de défense contre le prédateur lui-même. C’est cette tolérance qui est foncièrement immorale et intrinsèquement perverse. Les écologistes qui défendent le plan loup sont donc des barbares, mais pas seulement. Ils sont en plus des barbares pervers dans la mesure où leur approche de la nature implique une altération grave des rapports de force tels que la nature les connaît. Car ces rapports n’incluent jamais, et surtout pas dans la loi, la suppression artificielle et consentie chez l’homme de rapports de protection , dont même les animaux sauvages bénéficient dans leur propre milieu, lorsque, par exemple, ils vivent en troupeaux ou que, jeunes, ils sont défendus par leur mère ou des congénères adultes, ou encore lorsque, par la fuite, ils ont naturellement accès à des espaces de sécurité inaccessibles à leurs prédateurs naturels. Les écologistes adeptes du plan loup méprisent ces données complexes de la nature tout en ayant la prétention d’imposer à toute la société leurs propres conceptions étriquées et abstraites d’un retour à la nature et qui ne sont en fait qu’une régression de la pensée humaine impliquant au contraire un mépris des lois naturelles, tant humaines qu’animales. Michel de Preux 1 Le loup dévore l’homme, éd. du jeudi 9 septembre 2010, p. 38.

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