Les raccourcis de 20 minutes

On a tendance à oublier que, lorsque c’est gratuit, c’est que cela ne vaut rien. Notre quotidien préféré nous le rappelle de fort belle manière dans un article reprenant une dépêche de l’Agence France Presse (AFP)1. On y apprend que «l’Observatoire européen de la fiscalité», une ONG subventionnée par des fonds européens et un certain nombre de mécènes, prône un impôt mondial de 2% sur le patrimoine des milliardaires, afin de récolter une manne de près de 40 milliards en Europe. «Les milliardaires du monde entier ont des taux d’imposition effectifs allant de 0 à 0,5% de leur patrimoine, en raison de l’utilisation fréquente de sociétés-écrans pour échapper à l’impôt sur le revenu», déplore ce laboratoire de recherche dirigé par l’économiste français Gabriel Zucman. On soulignera que le sieur Zucman est en odeur de sainteté parmi les milieux de la gauche française et les altermondialistes. Cela plante le décor.

Les milliardaires le sont fréquemment parce que la valeur boursière des sociétés dont ils sont propriétaires se comptabilise comme un patrimoine, ce qui est juste, mais ce n’est pas de l’argent qu’ils ont sur un compte et il ne s’agit pas de sociétés-écrans.

Imposer le patrimoine à 2% est absolument confiscatoire. Imaginons notre affreux milliardaire, exploiteur du peuple, assis dans son gros fauteuil et fumant un barreau de chaise très, mais alors très cher, et très, mais alors très mauvais pour la santé (bien fait!). Son entreprise lui a versé des dividendes équivalents à 5% de son patrimoine. Comme il a un très gros salaire, ce revenu a été imposé à 50%, ce qui lui laisse 2,5% des fruits de son capital. Si l’on vient maintenant y ajouter un impôt sur le patrimoine de 2%, il ne lui restera que 0,5% des 5% de départ ou, plus simplement, 10% de ses revenu, le fisc s’étant chargé de lui en prendre 90%.

Cela n’empêche pas le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, qui a préfacé le rapport, de prétendre sans sourciller que «ces recettes sont indispensables à nos sociétés (…) à l’heure où les gouvernements doivent consentir des investissements essentiels dans l’éducation, la santé, les infrastructures et la technologie». On comprend donc que ce n’est pas le niveau des revenus ou de la fortune qui doit déterminer l’imposition, mais bien la gourmandise des gouvernements. Pas étonnant quand on sait que Monsieur Stiglitz est un de ces économistes qui s’opposent à l’idée de l’efficacité des marchés et prônent plus d’interventions des Etats.

Et pour ceux qui trouvent que ça ne serait pas si mal d’aller puiser dans les poches des très riches avec un impôt mondial, n’oubliez pas que, quand ils en auront fini avec eux, vous serez les suivants.

Mi. P.

 

1 https://www.20min.ch/fr/story/fiscalite-imposer-les-milliardaires-pour-enrichir-leurope-964342803273.

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