Ne dites pas…

Ne dites pas: «Il s’agit d’une erreur de facturation disgracieuse.» Dites: «Il s’agit d’une erreur de facturation malencontreuse (ou malheureuse, ou fâcheuse).»

Cette regrettable faute de vocabulaire est censée avoir été commise par la porte-parole de Swisscom. En effet, à la suite d’un dysfonctionnement informatique, une lectrice de 20 minutes a reçu en mai une facture de téléphone beaucoup trop élevée et, n’ayant pas rencontré d’oreille compatissante auprès de l’entreprise de télécommunications, a alerté le quotidien gratuit tout ravi de tenir un sujet passionnant et d’enquêter sur ce scandale en prenant contact avec la représentante de Swisscom1.

J’ignore si c’est par ignorance, par paresse ou pour respecter scrupuleusement la pensée de la porte-parole que le journaliste s’est abstenu de corriger l’erreur. Peu importe, d’ailleurs, car grâce à lui on peut imaginer quelques amusantes variations sur le thème des faits disgracieux.

Les citoyens suisses n’auraient-ils pas opéré un choix disgracieux en acceptant la loi sur l’énergie?

M. Pedro Sanchez n’agit-il pas disgracieusement quand il prend parti dans le conflit du Proche-Orient?

M. Macron n’a-t-il pas pris une décision disgracieuse en dissolvant l’Assemblée nationale?

La Cour internationale de Justice de l’ONU ne devrait-elle pas cesser de promulguer de disgracieuses décisions, contraignantes mais inappliquées?

Une chose est sûre: il est particulièrement disgracieux que le Conseil fédéral s’obstine à jouer «la grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf», sans souci des disgracieuses conséquences qui ne manqueront pas de survenir pour notre pays quand le batracien crèvera.

Le pinailleur

 

1 https://www.20min.ch/fr/story/bug-technique-swisscom-lui-facture-108-francs-pour-cinq-appels-a-la-srf-103107710.

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