Manœuvres politiciennes
Le président Joe Biden a, contrairement à ce qu’il avait promis, gracié son fils Hunter condamné pour différents délits fédéraux.
Cette mesure, conforme à la Constitution des Etats-Unis, a suscité dans les milieux politiques et journalistiques une indignation d’autant plus bruyante que M. Biden est sur le point de quitter la présidence américaine et qu’il n’est plus nécessaire de le ménager.
Le président sortant estime que Hunter Biden a été «pointé du doigt» uniquement parce qu’il est son fils, ce qu’il juge inacceptable – et qui est peut-être vrai.
En quoi cela est-il si scandaleux? Tout le monde sait que les péchés réels ou supposés des politiciens en vue et de leurs proches constituent une arme de destruction utilisée sans états d’âme par les assoiffés de pouvoir et leurs soutiens contre leurs adversaires potentiels.
Croit-on que M. Donald Trump se serait heurté à tant d’ennuis judiciaires ces dernières années si, après sa défaite de 2020, il était rentré sagement dans son trou en promettant de fermer son bec?
Croit-on que, en 2011 en France, les accusations portées contre M. Dominique Strauss-Kahn auraient fait autant de bruit si ses ennemis n’avaient pas vu en lui un redoutable candidat à l’élection présidentielle de 2012?
Croit-on que quiconque aurait fait tout un foin à propos de l’emploi fictif de Mme Pénélope Fillon si M. François Fillon n’avait pas été donné favori pour l’élection présidentielle de 2017?
Croit-on que Mme Marine Le Pen serait dans le collimateur de la justice si elle n’était que le petit chef d’un parti marginal et n’avait pas de bonnes chances de devenir la première femme président de la République française?
La grâce accordée par l’actuel président des Etats-Unis à son fils est certainement un acte de népotisme. Mais il y a eu bien des précédents et le favoritisme a encore de beaux jours devant lui.
Bien plus grave est l’autorisation donnée à l’Ukraine d’utiliser des missiles à longue portée contre la Russie, qui va entraver les efforts du nouveau président américain en vue de mettre fin au conflit russo-ukrainien.
Il y a une grande différence entre la volonté d’aider un chenapan aimé et celle de risquer l’éclatement d’une nouvelle guerre mondiale ouverte pour nuire à un successeur.
Mariette Paschoud
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