COP29: le congrès ne s’amuse pas à Bakou

Au terme d’un suspense intenable, les dizaines de milliers d’inutiles du climat réunis à Bakou sont parvenus à produire trois documents mal lisibles pour le laïc que je suis.

Ce sont surtout les boutiquiers qui ont dû suer jusqu’après l’heure. Le premier document final, en trente-huit points, entérine l’idée que les pays développés doivent, d’ici 2035, payer trois fois plus aux non-développés. En d’autres termes, les 100 milliards de dollars par an mentionnés dans l’accord de Paris de 2015 passeraient à au moins 300 milliards par an au cours des dix prochaines années. L’usage du conditionnel dans cette phrase est justifié dans la mesure où les versements ultérieurs n’ont pas dépassé les 80 milliards, et ce pas chaque année, et que l’on ne sait pas vraiment qui en fait le décompte. Par ailleurs, la part de ces «aides» qui reste sous forme de dépenses dans les pays donateurs n’est pas connue, ni l’impact négatif que cela a pu avoir sur les autres aides au développement. Celle ou celui qui disposerait d’informations vérifiables et vérifiées à ce sujet aura toute ma reconnaissance.

Dans les marchés aux bestiaux, les transactions sont scellées par une poignée de main. Rien de tout cela n’a été observé à Bakou, car aucune partie n’est liée par cette décision courageuse. Les «institutions financières» et les fonds créés à cet endroit sont priés de faire le nécessaire. Rappelons que ces 300 milliards équivalent à 0,29% du PIB mondial (de 103 000 milliards de dollars en 2023).

Un autre document de 44 points concerne les objectifs à poursuivre en matière d’adaptation au changement climatique. On sait qu’il faudra s’y adapter puisque les mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre n’auront pas d’effet avant très longtemps – si elles en ont, n’avançons ni de chiffre ni de date, qui seraient de toute manière faux – et ne feront que stabiliser le réchauffement.

Parmi les points clés de ce document, il s’agit de «souligner l’importance d’assurer un équilibre géographique et de genre parmi les experts» et de «souligner l’importance d’inclure les connaissances traditionnelles, les connaissances des peuples autochtones et les systèmes de connaissances locaux» dans ces travaux. En fait, aucun objectif n’est fixé, sinon qu’il s’agira de déterminer pas plus de 100 indicateurs applicables dans le monde entier, parmi lesquels les parties (les pays) choisiront ceux qui correspondent à leurs conditions particulières et qui soient utiles pour suivre les progrès effectués. Ces indicateurs devront bien sûr permettre «de recueillir des informations relatives, entre autres, à l’inclusion sociale, aux peuples autochtones, aux processus participatifs, aux droits de l’homme, à l’égalité des sexes, aux migrants, aux enfants et aux jeunes, et aux personnes handicapées». Le lecteur attentif attend encore le mot «climat» dans cette énumération. Sinon, rien d’autre de plus important que ce verbiage, sauf que les participants sont encouragés à continuer de participer assidûment.

Le troisième document marquant l’histoire du climatisme planétaire concerne «l’ambition en matière d’atténuation et le programme de travail pour sa mise en œuvre». Il n’y est rien décidé en 16 points, mais il est question d’un projet concernant «Villes: bâtiments et systèmes urbains» qui doit être réalisé en bonne collaboration internationale des parties prenantes, sans qu’une taille soit la bonne pour tous, et que cela soit fait «dans le contexte du développement durable et des efforts visant à éradiquer la pauvreté et les inégalités».

Voilà le résultat d’un entre-soi d’une cohorte de délégués nationaux mélangés à des lobbies de toutes sortes, verts et moins mûrs, et harcelés par des journalistes en quête de buzz. Il semble pourtant que le congrès ne se soit pas amusé à exposer ses vœux pieux.

Tout ça pour ça! Combien de temps encore tolérera-t-on l’activisme de ces inutiles?

Michel de Rougemont

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Thèmes associés: Environnement - Politique internationale

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