Editorial
Le 9 février prochain, nous voterons sur une seule initiative, celle des jeunes écologistes «Pour une économie responsable respectant les limites planétaires».
Le texte de l’initiative ne prévoit, comme c’est souvent le cas, aucune mesure de mise en œuvre, laissant au législateur le soin de procéder à la quadrature du cercle.
L’alinéa 1 du nouvel article 94a de la Constitution fédérale indique que les activités économiques ne peuvent utiliser des ressources naturelles ou émettre des polluants que dans la mesure où les bases naturelles de la vie sont conservées.
L’alinéa 2 charge la Confédération et les cantons de veiller à ce que ce principe soit respecté, en tenant compte de l’acceptabilité sociale, en Suisse et à l’étranger, des mesures mises en place.
Les mesures transitoires donnent dix ans à l’économie pour s’adapter, et s’appliquent notamment (souligné par l’auteur) au changement climatique, à la perte de biodiversité, à la consommation d’eau, à l’utilisation du sol et aux apports d’azote et de phosphore.
Je voudrais souligner tout d’abord que je suis absolument d’accord avec la logique écologique qui voudrait que la conservation d’un environnement propice à la vie soit une des priorités de l’action gouvernementale. Cependant, la citation suivante, extraite telle quelle du site de l’initiative1, me donne à penser que, derrière le but affiché, se cache un objectif différent.
«La quête infinie de profits des grandes entreprises met en péril les bases mêmes de la vie humaine. C'est pourquoi nous demandons un changement radical de la manière dont fonctionnent notre économie et notre société.»
Nous y voilà: le véritable but est de s’en prendre aux profits des entreprises, qui sont responsables de tous les maux des petites gens. Si on parvient à tuer le capitalisme, tous les problèmes seront résolus comme par magie. Il faut changer la société.
Je n’entrerai pas ici dans un débat pour savoir si le système capitaliste est juste ou pas; il est actuellement le seul qui permet la création de richesse et d’emplois.
Si l’on admet que le changement climatique est de la seule responsabilité de l’être humain, et il est prudent de le faire, il faut se poser la question de la cause de l’augmentation des gaz à effet de serre dans notre atmosphère. On observe ce phénomène depuis le XIXe siècle, avec l’avènement de la révolution industrielle2. Or si l’on regarde la courbe de l’évolution de la population mondiale entre 1900 et 2025, on peut observer que la nombre d’individus vivant sur notre planète est passé de 1,65 milliard à 8 milliards aujourd’hui, soit une augmentation de 385% en seulement cent vingt-cinq ans. Plus encore, 86% de cette augmentation se concentre entre 1950 et 2025. La courbe de la population mondiale ressemble à une exponentielle.3
A titre de comparaison, entre l’an mille et 1900, l’augmentation de la population mondiale serait passée de 310 millions à 1,65 milliard, soit 432% d’augmentation. N’y a-t-il pas là une piste à explorer sur les causes du changement climatique? La seconde moitié du XXe siècle a été marquée par le baby-boom et les trente glorieuses, la société de consommation, les avancées sociales et l’augmentation de l’espérance de vie.
Chaque individu sur cette terre est responsable d’une partie des émissions en raison de la consommation de biens et services qu’il génère. Serait-il pour autant opportun d’organiser l’élimination d’une partie de la population pour garantir la survie du reste? Faudrait-il dans ce cas se concentrer sur les pays les plus développés, qui génèrent le plus de CO2 par individu?
Si l’on admet que la vie est prioritaire et que l’on ne peut moralement vouloir la mort d’une partie de l’humanité, il nous faut nous préparer à affronter les changements climatiques, qui vont continuer de survenir inexorablement.
Ce n’est pas à la Suisse de faire œuvre de premier de la classe en obligeant son économie à des sacrifices qui ne conduiront qu’à une perte de compétitivité, à des faillites et à une augmentation du chômage et de la précarité.
La population suisse représente aujourd’hui environ 0,1% de la population mondiale. L’impact des mesures prises en cas d’acceptation de l’initiative serait donc absolument négligeable sur l’environnement, mais catastrophique pour notre économie.
Nous voterons NON et encourageons nos lecteurs à se déplacer aux urnes. Il serait dommage que l’initiative passe la rampe en raison du manque de mobilisation de ses opposants.
Michel Paschoud
Thèmes associés: Economie - Environnement - Politique fédérale
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