Un grand professionnel

20 minutes en ligne évoquait le 12 janvier, à propos de la révision de la loi et de l’ordonnance sur le CO2, les amendes qui devraient frapper les importateurs de véhicules pour n’avoir pas vendu suffisamment de voitures électriques «par rapport aux attentes» de la Berne fédérale1. Ces «attentes» sont consécutives à l’acceptation en votation populaire, le 18 juin 2023, de la loi sur le climat et l'innovation, qui fixe à l’an de grâce 2050 l’accession de notre pays à la neutralité climatique.

Point n’est besoin d’être un génie pour comprendre que punir les concessionnaires parce que les Suisses se méfient des voitures électriques est une sottise, comme il serait idiot d’amender les supermarchés  sous prétexte que leur viande végane n’attire pas une clientèle aussi nombreuse que souhaité.

Comme nos bons journalistes ont la manie de mélanger dans leurs comptes rendus ce qui relève de l’information et ce qui n’est que commentaire, souvent malveillant, il fallait s’attendre à ce que l’auteur de l’article fourni par l’agence CLE2 Connect, Leverage, Engage en bon français – y aille de sa petite remarque ironique:

(…) Le Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (DETEC) d’Albert Rösti prévoit de sanctionner la branche automobile suisse pour ne pas avoir vendu suffisamment de voitures électriques par rapport aux attentes. Une position qui ne manque pas de piquant, quand on sait que le conseiller fédéral a été élu président d'Auto-Suisse, la faîtière des importateurs, en 2022.

L’amusé semble ignorer qu’Albert Rösti a renoncé à son mandat de président à la suite de son élection au Conseil fédéral. Mais il a une excuse: Wikipédia, d’où il semble tirer ses informations, ne le sait pas non plus.

On pourrait s’étonner que le fait de présenter un peu plus loin Peter Grünenfelder, dont il évoque les propos pessimistes, comme «président de l’association faîtière Auto-Suisse» ne lui ait pas paru contradictoire, mais peut-être n’a-t-il pas eu le temps de se relire.

D’autre part, s’il s’était intéressé au fonctionnement du Conseil fédéral et notamment à l’art. 177 al. 1 et 2 de la Constitution fédérale, il aurait su que «le Conseil fédéral prend ses décisions en autorité collégiale» (alinéa 1) et que, «pour la préparation et l’exécution des décisions, les affaires du Conseil fédéral sont réparties entre ses membres par département» (alinéa 2). Il aurait alors compris que les opinions personnelles du conseiller fédéral Rösti n’entrent pas en ligne de compte et qu’il n’est pas question de «position» quand il s’agit de mettre en œuvre loyalement les décisions collégiales des sept prétendus sages.

Un tel étalage de compétence et de sérieux force l’admiration.

Nous avons vraiment affaire à un grand professionnel, digne de l’agence CLE, domiciliée à Paris, qui présente comme suit les buts qu’elle poursuit:

(…) La communication est un outil de la transformation performative, elle peut et doit réorienter les récits vers de nouveaux imaginaires pour faire basculer le monde qui vient. Embarquer les entreprises dans une communication engagée pour accélérer la transformation du monde est notre raison d’être.

Tout s’explique!

Mariette Paschoud

 

1 https://www.20min.ch/fr/story/suisse-berne-menace-la-branche-automobile-de-lourdes-amendes-103256689.

2 https://www.agencecle.com/.

Thèmes associés: Economie - Environnement - Médias - Politique fédérale

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