Interchangeables et indécollables

L’équipe de M. François Bayrou, sixième premier ministre du président Emmanuel Macron, comporte, paraît-il, dix-neuf ministres du gouvernement précédent. Peut-être faut-il voir dans la reconduction de ces mandats un souci de continuité et de stabilité, à moins qu’il n’y ait pénurie de candidats politiquement présentables aux yeux du nouveau premier ministre et de son patron.

C’est peut-être pour cette raison que M. Bayrou est allé récupérer quatre étoiles pâlies, qui avaient déjà exercé leurs talents, hélas méconnus, au service de la France: l’ancien premier ministre Manuel Valls, l’ancien premier ministre Elisabeth Borne, l’ancien ministre de l’intérieur Gérald Darmanin et l’ancien ministre du travail François Rebsamen.

Le premier a décroché le ministère des outre-mer – parce qu’il a franchi naguère les Pyrénées pour tenter sa chance politique à Barcelone? La deuxième a hérité du ministère de l’éducation nationale, pour lequel elle est particulièrement qualifiée, puisque sa carrière ministérielle l’a familiarisée avec les transports, la transition écologique et solidaire, le travail, l’emploi et l’insertion, sans parler des retraites, évidemment. Le troisième, désormais ministre de la justice, va pouvoir développer ses connaissances sur la délinquance et les violences policières d’un nouveau point de vue. Quant au dernier, sa compétence réelle ou supposée en matière de travail devait logiquement le conduire à s’occuper de l’aménagement du territoire…

Que les membres du gouvernement français soient tous jugés (in)capables d’occuper n’importe quel ministère ne me surprend pas vraiment. Après tout, il en va de même chez nous: rien ne prédisposait le médecin Ignazio Cassis à devenir chef du Département des affaires étrangères ni la juriste Viola Amherd à prendre la tête du Département de la défense, de la protection de la population et des sports.

Au moins ne peut-on pas reprocher à cette dernière, qui s’en va avec élégance, de s’accrocher, toute honte bue, à n’importe quel poste politique, même beaucoup moins prestigieux que le précédent.

Apparemment, le réservoir de ministrables à disposition du premier ministre François Bayrou étant épuisé, celui-ci a dû se comporter comme n’importe quel individu à court de vêtements propres qui va récupérer des habits défraîchis dans le sac à linge.

M. P.

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