En direct de Sirius

Verba volant? (Quand les paroles chargées de missiles Cruise sont lourdes au décollage)

Il nous arrive parfois de relever ici des traits caractéristiques des yankees; pas du brave peuple, bien sûr, qui, comme la plupart des peuples pacifiés par les médias, opine, dodeline, couine puis se rendort, et pour lequel nous avons la considération qu’il convient… mais de ces grands prédateurs qui, par voie de marketing ou de tromperie – mais ne sont-ce pas là de quasi-synonymes? – ont, depuis près d’un siècle, en tout cas depuis le New Deal, capté le pouvoir en toute béatitude démocratique. Alors, pour refermer le caveau de l’Irak sur la note lugubre de circonstance, nous vous offrons cet extrait d’un livre très remarquable1 de Martin Peltier, sur lequel nous reviendrons début 2011. Nous sommes en 1995. Le Pen et quelques membres de son équipe – dont Peltier – sont reçus par le vice-premier ministre irakien: «Deux phrases [de l’entretien avec Tarek Aziz] m’en restent en tête, (…): “C’est la première fois que l’empire du monde échoit aux barbares.” Et: “Quand Baker, le secrétaire d’Etat américain m’a rencontré à Genève pour l’entretien de la dernière chance avant la guerre (le 13 décembre 1990), il ne m’a pas dit: Nous allons détruire l’armée irakienne; il m’a dit: Nous allons ramener votre pays deux mille ans en arrière ”.»

Scripta…? (Quand un hagiographe part en lévitation)

Comme la plupart des Suisses de la «mob» ou de l’Helvétie non avachie d’après-guerre, nous avons beaucoup de respect pour le général Guisan et son portrait au mur, au-dessus de la dague à bélière argentée. Le cinquantenaire de sa mort nous a permis de constater un bel effort de recentrage historique sur un homme à qui notre pays est redevable de la remise en ordre d’efficacité de notre armée d’alors, et qui est de ceux à qui nous devons aussi d’avoir évité les touristes en Knobelbecher à clous ou brodequins à semelles Goodyear, ainsi que les joies toutes relatives d’occupations répressives ou libératoires.

Dans ce contexte, certains morceaux de bravoure étaient inévitables, dont celui d’un coutumier du fait – dont nous éviterons de citer le nom – qui sévit occasionnellement dans une revue historique d’un pays voisin et qui, dans un récent article sur notre général, le décore du titre de «valeureux guerrier», le reste de la phrase sonnant, martial, sur fond de clairons et «trémolis»2. On a envie de s’écrier ici: «Halte au feu!» Car, à notre connaissance, feu notre général n’eut jamais l’occasion de prouver sa «valeur» de «guerrier» en dehors des terrains d’exercice; comme d’ailleurs – et c’est tant mieux – l’ensemble de notre armée, si l’on veut bien excepter une poignée d’aviateurs en légitime défense de notre neutralité et quelques électrons libres partis, par choix personnel ou sur délégation, tâter des champs de batailles de ceux qui deviendraient, plus tard, le «bon» ou le «mauvais» côté. Au demeurant, notre enthousiaste n’en est pas à son coup d’essai dans la même revue. Notre ami le major H. nous permet de citer l’extrait suivant d’une correspondance adressée à notre thuriféraire à l’occasion d’un précédent morceau d’anthologie:«(…) Mes compliments pour votre intéressante étude, si fertile en inférences, [et merci] d’avoir évoqué ce prodigieux “acte de résistance”3 de notre “minuscule îlot de liberté” encerclé par les dictatures. Dieu merci, par le choix éclairé de ses “mots bien sonores: Attaquez! Attaquez! ” galvanisant nos valeureux footballeurs qui, deux années de suite, allaient terrasser la Bête, notre général aura évité la malencontreuse tournure de Joffre […envoyant laminer, “Rosalie” au canon, ses braves fantassins en pantalons garance contre les tirs croisés des mitrailleuses allemandes]: Attaquons! Attaquons! Décision sublime d’incompétence; mots “bien sonores”, aussi, auxquels venaient s’enchaîner, mezza voce, en un écho navré, la réplique consternée de Lanrezac: …comme la lune! Et notre ami H. de conclure: «(…) Otez-moi d’un doute; vous n’êtes quand même pas du nombre de ces naïfs qui croient encore que si la Wehrmacht a snobé le Plateau suisse, c’est parce qu’elle avait peur de nos vingt-quatre chars Praga et de nos huit projecteurs?». Il a raison. Les Français disent que, dans un dîner en ville, s’il advient qu’on s’ennuie avec un banquier suisse – lequel est souvent colonel aussi, ce qui facilite la suite –, la solution consiste à lui faire vous raconter sa «guerre»… Un peu de pudeur et de discrétion nous éviteraient ce ridicule.

WikiLeaks (Oui… QUI «fuit»?)

Peu soucieux d’empiéter sur un thème déjà choisi par Pollux, Max se contentera d’une seule question impertinente: à part le fait qu’on agace l’Amérique d’un président – prix Nobel de la paix par anticipation! – apparemment de moins en moins interventionniste, avez-vous remarqué comme on parle peu d’Israël dans les polichinelleries de Oui-qui?

Minuit (l’heure du cul-de-sac religieux)

Notre complice Paul-Patrice Livaro4 s’est récemment trouvé confronté à un intéressant problème d’incompatibilité de pratique religieuse. Ce païen de P-PL est doté d’une fort jolie et très charmante jeune femme venue du sud de la Méditerranée et d’une belle-mère de même origine, pratiquante assidue de l’islam, qu’il emmena un jour, dans leurs bagages, découvrir les beautés du cercle polaire arctique. L’été était à son zénith, le temps… idéal et le soleil… de minuit! Rien ne manquait à l’agrément du voyage. La belle-mère en revint cependant contrite et décontenancée: elle n’a jamais pu faire sa cinquième prière!

Faut toutes les buter!5

En avril, sous le titre de Un “méchant” réédité, nous avions déploré que les choix personnels d’un auteur puissent avoir un quelconque rapport avec la qualité de ce qu’il produisait. Nous confirmons après lecture: les amateurs de films de gangsters des années 1945-1955, époque où ces derniers, lestés de P38 et de 11,43 se coiffaient de Gélot, portaient des poil-de-chameau et des vestes épaulés ainsi que des pantalons taille haute; chaussaient des souliers crêpe et conduisaient des Quinze, des Buicks, des Vedettes ou des Frégates; raflaient aux libérateurs des GMC chargés de blondes ou de whisky conduits par des «djihaïes» noirs en mal de biftons… ne seront pas déçus. A la différence du faiseur San Antonio, l’argot de Brigneau sonne juste… et son héros est vraisemblable. Les actions sont sobres et, comme souvent dans le «métier», définitives. La fin est cohérente et l’épilogue plaisant. En refermant le livre, on n’attend plus que le film.

Se méfier du «flop» Cantona

C’est entendu, la rébellion Cantona invitant les Français à retirer, le 7 décembre, leurs assignats des banques du Système et à les déposer dans des banques à éthique a fait long feu, et les stipendiés ministériels et médiatiques dudit Système s’en sont gaussés à l’envi. Nous retiendrons cependant le commentaire du comédien Jean-Pierre Darroussin à propos des «banksters»: «On a envie de les gifler.» On aurait tort de traiter cette hypothèse de claque à la légère: elle pourrait bien susciter des vocations en masse.

Max l’Impertinent

1 Martin Peltier: J’ai choisi la bête immonde – Auto-psy d’un fasciste, éditions ICM (par Rivarol, 1 rue d’Hauteville, F-75010 Paris), p. 297.

2 C’est une hérésie, mais elle est bien utile quand les mots manquent et que les bras tombent…

3 Les mots en caractères gras sont soulignés par Max.

4 Pseudo… pseudo!

5 De François Brigneau, paru en 1947, réédition de 2010, aux éditions Baleine Noire, ISBN 978-2-84219-440-6.

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