Efficacité
Le 10 juin, le jeune Quentin G. a tué à coups de couteau une surveillante de son école de Nogent (FR Haute-Marne)1.
Cette tragédie a bouleversé tout le monde, y compris le président de la République française, le premier ministre, François Bayrou, et le ministre de l’éducation nationale, Elisabeth Borne.
Tous trois, comme il fallait s’y attendre, se sont répandus en discours et ont fait état de diverses nécessités qui pourraient se résumer ainsi: ce genre d’événement ne doit pas se reproduire; il faut qu’on trouve des solutions; on va y réfléchir et en parler.
En attendant, Mme Borne a retroussé ses manches et décrété, pour le lendemain du drame à midi, une minute de silence dans tous les établissements scolaires de France.
Quant au premier ministre, il a «souhaité que le gouvernement travaille à “l’expérimentation” de portiques de sécurité à l’entrée des établissements scolaires. Il a également assuré que le gouvernement allait interdire “tout de suite” la vente aux mineurs de “tout couteau qui peut constituer une arme”».
Quand on sait que l’adolescent a perpétré son crime devant son école avant un contrôle des sacs aléatoire par la gendarmerie; quand on sait que les couteaux ne se trouvent pas tous dans les commerces, mais aussi dans les cuisines et les ateliers; quand on sait que l’interdiction de la vente aux mineurs d’un produit quelconque – alcool et cigarettes, notamment – peut être contournée par le recours à un grand frère ou à un ami adulte et que, par ailleurs, certains commerçants s’abstiennent de contrôler l’âge de leurs clients, on mesure l’efficacité des mesures annoncées.
Quand on sait, enfin, que le jeune homme avait été, à deux reprises, exclu temporairement de son établissement pour avoir asséné un coup de poing à un élève et tenté d’en étrangler un autre2, on se demande comment Mme le ministre de l’éducation nationale a osé prétendre que ce charmant jeune homme ne présentait pas de difficulté et avait simplement «perturbé» sa classe.
Entre un gouvernement qui va travailler à une expérimentation – on en reparlera dans quelques années… ou pas – et un ministre qui pratique avec un tel brio l’art de l’euphémisme, le personnel de l’éducation nationale peut vivre tranquille.
Dormez, bonnes gens, vos protecteurs causent.
Mariette Paschoud
Thèmes associés: Ecole - Immigration - Politique française
Cet article a été vu 55 fois