Il fonce lentement
Le samedi 6 septembre en fin de journée, un événement survenu à l’entrée nord du pont Chauderon a jeté l’émoi dans notre bonne ville de Lausanne.
Un automobiliste aurait foncé sur d’innocents manifestants pro-palestiniens, qui bloquaient l’accès au pont. Voici en effet ce que titrait 20 minutes en ligne1: Il fonce sur une manif pro-palestinienne: deux blessés.
On pense immédiatement à un attentat terroriste du genre de ceux qui ont endeuillé Nice en 2015 et Magdebourg le 20 décembre 2024.
Et pourtant.
La suite de l’article nous apprend que, au lieu de s’arrêter comme tout le monde pour respecter les états d’âme des manifestants, le conducteur, désobéissant à la police, «a poursuivi sa route à vitesse réduite2, se frayant un passage au milieu de la foule». Quant aux deux blessés, ils existent, certes, «mais n’ont pas nécessité de prise en charge médicale» – on n’en saura pas plus sur la nature des blessures.
Bien que le caractère bénin de l’incident ait été confirmé par la suite, la presse a continué au fil des jours à prétendre que le conducteur avait foncé sur les manifestants.
Ce qui s’est passé en réalité, c’est qu’un automobiliste indiscipliné s’est frayé lentement un passage à travers une manifestation non autorisée, faisant deux blessés suffisamment légers pour qu’on s’abstienne de décrire les lésions.
Ce n’est pas bien de désobéir à l’autorité, mais, sur ce point, on peut renvoyer dos à dos l’automobiliste est les manifestants.
Ce qui est rigolo, c’est que certains des perturbateurs pro-palestiniens agissant en toute illégalité se sont plaints de l’inertie de la police.
Je trouve qu’ils ont raison: si cette dernière avait été autorisée à faire son travail et avait dispersé la manifestation non autorisée, empêchant ainsi le blocage de la circulation au carrefour de Chauderon, le conducteur fautif n’aurait jamais «foncé» sur qui que ce soit, ni égratigné quiconque.
M. P.
2 Souligné par moi. M.P.
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