Initiative service citoyen

Malgré presque 10 millions d’habitants, la Suisse officielle arrive péniblement à mettre 100’000 militaires en ligne. Une série de décisions politiques, parfois éperonnées par des représentants de l’économie qui se fichent parfaitement de l’organisation de notre pays, en est le résultat. Dans tous les débats, bien pollués par un antimilitarisme rose bonbon, on a fait la part belle au service civil, qui devait recueillir les délicats de la bonne conscience.

A ces réductions d’effectifs de l’armée se joignait aussi l’économie des budgets consacrés à la défense, ce qui arrangeait la plupart des partis politiques représentés au Parlement.

Sur la société suisse, les réformes de l’armée, au-delà d’une capacité réduite d’assurer la sécurité de la population, ont modifié le rôle du citoyen dans l’exercice de la démocratie directe. Si la prise de conscience de cette situation ne trouve pas à court terme des correctifs impérieux, il est fort à parier que le pays va vivre des moments fort difficiles. Une lente transformation de la démocratie directe en un système autocratique que l’actuelle surpopulation ne fait qu’accroître (le comportement du voisin heurte de plus en plus, il faut des règlements pour lui apprendre à vivre) sont des perspectives que l’on discerne maintenant de plus en plus.

Face à ces constats, des citoyens issus des milieux de gauche mais aussi du Centre et du PLR ont donc lancé une initiative «Service citoyen».

Au-delà du détail et des intentions que propose le texte qui sera mis au vote le 30 novembre prochain, il est un point qui n’apparaît nullement ou est bricolé pour faire avaler la pilule: l’égalité entre citoyens.

Bricolage, car, en effet, dans les arguments, les initiants citent «l’égalité par le service obligatoire pour tous». Au regret de décevoir les plus convaincus, mais force est de constater que le soldat met en jeu sa vie. La plus récente actualité ne montre-t-elle pas combien l’engagement de militaires ayant mission de défendre leur pays est dangereux? Malgré toutes les précautions prises lors d’exercices militaires dans leur entraînement, on sait combien la responsabilité des soldats est engagée dans la conduite d’un blindé, dans l’exercice d’une garde armée.

Lors d’un service soumis à prestation de serment, n’est-il pas cité: «Je jure (ou je promets) de servir fidèlement la Confédération suisse, de protéger avec courage les droits et la liberté du peuple suisse, et de remplir mon devoir au prix de ma vie»?

Aucun autre service obligatoire ne représente ce risque. Avec tout le respect que l’on doit aux personnes qui s’engagent dans les missions de protection civile ou d’aide aux autorités civiles, rien ne peut se comparer au risque militaire.

Il est donc patent qu’il y a inégalité, ce n’est pas admissible.

Pour cette raison, cette initiative doit être rejetée sans aucune hésitation.

F. V.

Thèmes associés: Armée - Egalité, discriminations - Politique fédérale

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