La Russie blanche contre le monde moderne
La Biélorussie – ou Russie blanche, ou encore plus exactement Ruthénie blanche –, que les médias suisses romands préfèrent appeler par son nom officiel et inélégant de «Bélarus», a fait parler d’elle dans l’actualité de ces dernières semaines. Le président Alexandre Loukachenko, qui dirige le pays depuis 1994, vient en effet d’y être réélu une nouvelle fois avec un score tournant immuablement autour de 80% des voix. Sa première action a été de faire sévèrement réprimer par la police les manifestants qui contestaient sa légitimité et tentaient de pénétrer dans le bâtiment présidentiel. Le président Loukachenko s’est félicité de la fermeté des forces de l’ordre et a déclaré: «Il n'y aura pas de révolution ni de criminalité en Biélorussie!»
Cette détermination à maintenir l’ordre public, qui a désormais disparu dans la plupart des pays occidentaux, vaut à la Biélorussie d’être qualifiée de dernière dictature d’Europe. Elle est le seul Etat du continent à ne pas être membre du Conseil de l’Europe. En matière de liberté de la presse, elle est classée au 154e rang sur 178. Il n’est pas exclu que ces qualités exercent quelque secrète et diffuse séduction sur certains esprits particulièrement réactionnaires qui, préférant l’ordre à la démocratie et considérant la chienlit qui règne aujourd’hui dans nos rues, se laisseraient volontiers bercer par la perspective d’émigrer à Minsk.
L’encyclopédie en ligne Wikipedia nous apprend que la Biélorussie «connaît une des densités de population les plus faibles du continent, 49 habitants par kilomètre carré». Lire cela suffit déjà à nous donner envie d’aimer ce pays! Lorsqu’on vit dans une contrée où l’on étouffe sous le trop-plein de gens, et en particulier de gens que l’on préférerait ne pas côtoyer, on se prend à rêver d’un pays aussi peu peuplé que la Biélorussie.
La suite est tout aussi enthousiasmante: «Le pays, une vaste plaine au climat continental, est couvert à un tiers par la forêt; celle-ci est à certains endroits inchangée depuis la Préhistoire.» Pour nous qui vivons au rythme d’une société haletante où le changement est érigé en norme sociale, politique, économique et culturelle, savoir qu’il existe encore des endroits où rien ne change, ou si peu, nous réchauffe le cœur. Accessoirement, on se félicite de constater que la forêt est finalement beaucoup mieux préservée dans un pays où les écologistes sont probablement assez rares.
Ajoutons encore que, sur le site Youtube, en cherchant sous «Biélorussie», on trouve des séquences vidéo officielles datées de 2008 ou 2009 qui montrent des défilés patriotiques tout droit sortis de l’époque soviétique – ou peut-être de notre «Expo 64»! –, où la population acclame avec fierté et insouciance le passage de «ses» véhicules blindés suivis par toute la production nationale de camions, d’appareils ménagers, de céréales et de fruits et légumes.
On peut avoir été fermement anticommuniste dans les années huitante, à l’époque où de jeunes crétins brandissaient marteaux et faucilles, rester viscéralement antisocialiste en 2011, au moment où une population ramollie ne jure plus que par la redistribution des richesses, le service public et les prestations sociales, et éprouver néanmoins de la sympathie pour une ancienne république soviétique aux confins de la «vieille Europe» où un potentat teigneux a décidé d’arrêter le temps et de défier le monde moderne.
Pollux
Cette détermination à maintenir l’ordre public, qui a désormais disparu dans la plupart des pays occidentaux, vaut à la Biélorussie d’être qualifiée de dernière dictature d’Europe. Elle est le seul Etat du continent à ne pas être membre du Conseil de l’Europe. En matière de liberté de la presse, elle est classée au 154e rang sur 178. Il n’est pas exclu que ces qualités exercent quelque secrète et diffuse séduction sur certains esprits particulièrement réactionnaires qui, préférant l’ordre à la démocratie et considérant la chienlit qui règne aujourd’hui dans nos rues, se laisseraient volontiers bercer par la perspective d’émigrer à Minsk.
L’encyclopédie en ligne Wikipedia nous apprend que la Biélorussie «connaît une des densités de population les plus faibles du continent, 49 habitants par kilomètre carré». Lire cela suffit déjà à nous donner envie d’aimer ce pays! Lorsqu’on vit dans une contrée où l’on étouffe sous le trop-plein de gens, et en particulier de gens que l’on préférerait ne pas côtoyer, on se prend à rêver d’un pays aussi peu peuplé que la Biélorussie.
La suite est tout aussi enthousiasmante: «Le pays, une vaste plaine au climat continental, est couvert à un tiers par la forêt; celle-ci est à certains endroits inchangée depuis la Préhistoire.» Pour nous qui vivons au rythme d’une société haletante où le changement est érigé en norme sociale, politique, économique et culturelle, savoir qu’il existe encore des endroits où rien ne change, ou si peu, nous réchauffe le cœur. Accessoirement, on se félicite de constater que la forêt est finalement beaucoup mieux préservée dans un pays où les écologistes sont probablement assez rares.
Ajoutons encore que, sur le site Youtube, en cherchant sous «Biélorussie», on trouve des séquences vidéo officielles datées de 2008 ou 2009 qui montrent des défilés patriotiques tout droit sortis de l’époque soviétique – ou peut-être de notre «Expo 64»! –, où la population acclame avec fierté et insouciance le passage de «ses» véhicules blindés suivis par toute la production nationale de camions, d’appareils ménagers, de céréales et de fruits et légumes.
On peut avoir été fermement anticommuniste dans les années huitante, à l’époque où de jeunes crétins brandissaient marteaux et faucilles, rester viscéralement antisocialiste en 2011, au moment où une population ramollie ne jure plus que par la redistribution des richesses, le service public et les prestations sociales, et éprouver néanmoins de la sympathie pour une ancienne république soviétique aux confins de la «vieille Europe» où un potentat teigneux a décidé d’arrêter le temps et de défier le monde moderne.
Pollux
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