De quelques auteurs vaudois
Parmi les livres publiés en Suisse romande en 2010, il y a bien sûr, commémoration oblige, Le Général Guisan et l’esprit de résistance1 dont j’ai déjà eu l’occasion de vous entretenir. Il y a aussi PC du Général –Journal du chef de l’état-major particulier du général Guisan2 qui est exactement ce qu’annonce son titre. La plupart de nos abonnés les connaissent sans doute, car qui, à part les lecteurs étrangers, n’a pas reçu par le biais d’une société militaire ou d’histoire militaire un bulletin de commande?
Mais notre ami Eric Caboussat n’est pas le seul éditeur de Suisse romande et ses confrères n’ont pas chômé non plus en 2010. J’ai choisi de vous présenter, brièvement par la force des choses, cinq livres que j’ai lus récemment.
Je commencerai par les Douze voyants d’Eric Werner 3 : se trouvent réunis en un seul volume des articles parus dans la Nation, pour l’un d’entre eux, et dans la revue Eléments pour les autres. L’auteur y évoque les rapports de douze penseurs ou auteurs– Rousseau, Hannah Arendt, Montaigne, Raymond Aron, Pascal, Max Weber, Tocqueville, Alexandre Zinoviev, Proust, Ramuz, Albert Camus et Sophocle – avec la liberté, la justice, le pouvoir ou la modernité. Ces auteurs d’époques très diverses ont pourtant des points communs et plusieurs d’entre eux imprègnent également l’autre livre d’Eric Werner publié en 2010, Portrait d’Eric4, dans lequel l’auteur, à partir d’un portrait de lui réalisé par le peintre polonais Joseph Czapski, nous parle un peu de lui-même et de sa vie tout en nous livrant sa pensée, notamment sur les sujets évoqués plus haut, mais aussi en matière de convictions religieuses et de politique. Comme toujours, l’auteur, grâce à son style dépouillé et presque didactique, permet au lecteur de le suivre dans des domaines parfois ardus.
J’éprouve toujours quelque difficulté à présenter les œuvres de Pierre-Yves Lador, car la richesse du langage, le bouillonnement des idées et le caractère parfois surréaliste voire farfelu des situations et du propos rendent extrêmement difficile un résumé «classique». La guerre des légumes5 – qui n’a rien à voir avec les guerres des humains – n’échappe pas à la règle. Disons, cum grano salis, que le «service minimum» offert au lecteur extrêmement paresseux est une meilleure connaissance de certains fruits et légumes et des ustensiles qui vont avec, et que le «service complet» proposé au lecteur intrépide est, à travers une histoire d’amour et de légumes, une philosophie de la vie revigorante mise en valeur par un texte foisonnant et plein d’humour.
Puisque nous parlons d’humour, vous lirez, je crois, avec plaisir La Rue des Quatre-bouchers de Chris Koufrine6. Par le biais d’une histoire «à deux étages», l’auteur – qui me pardonnera de ne pas écrire l’auteure – nous emmène dans un voyage à travers le temps, le monde et les religions, sur les pas d’une sorte de messie au féminin. Comme Chris Koufrine en connaît un rayon en matière de religions, le lecteur ne peut que s’instruire à la lecture du roman, qui donne aussi à son auteur l’occasion de régler quelques comptes avec notre société dans le style parfois grinçant qui caractérisait déjà son recueil de nouvelles, Banzaï7.
30 ans de réflexion rassemble des chroniques publiées par l’Américain JonFerguson, établi dans le Pays de Vaud depuis 1973, bien connu des milieux sportifs, pédagogiques, journalistiques et artistiques. Jon Ferguson porte sur le monde, sur le monde sportif en particulier, un regard critique mais sans s’impliquer, toujours avec du recul. On lira avec un intérêt amusé sa conception de la réforme scolaire. Lui non plus ne manque pas d’humour.
Enfin, les amateurs d’histoire vaudoise apprécieront Mémoires d’un révolutionnaire9, roman de Frédéric Vallotton. Je ne chanterai pas les louanges du style et de l’orthographe de l’auteur qui semble avoir déjà pâti – il est né en 1970 – des premières réformes de l’enseignement du français. Mais cette faiblesse est largement compensée par la présentation d’un Frédéric-César de La Harpe plus vrai que nature, au point qu’on en oublie parfois que l’auteur des Mémoires s’appelle Vallotton et non La Harpe.
Bonne lecture.
Mariette Paschoud
1 de Jean-Jacques Langendorf et Pierre Streit, éd. Cabedita, Route des Montagnes 13, CH-1145 Bière, www.cabedita.ch.
2 de Bernard Barbey, même éditeur.
3 Ed. Xénia, CP 395, CH-1800 Vevey, www.editions-xenia.com.
4 Même éditeur.
5 Olivier Morattel Editeur, av. de Milan 30, CH-1007 Lausanne, omorattel@vtx.ch.
6 Ed. Slatkine, 5 rue des Chaudronniers, CP 3625, 1211 Genève 3, slatkine@slatkine.com.
7 Publi-Libris SA, rte de Magny 40, CH-1880 Bex, info@publi-libris.com, 2006.
8 Olivier Morattel Editeur.
9 Olivier Morattel Editeur.
Mais notre ami Eric Caboussat n’est pas le seul éditeur de Suisse romande et ses confrères n’ont pas chômé non plus en 2010. J’ai choisi de vous présenter, brièvement par la force des choses, cinq livres que j’ai lus récemment.
Je commencerai par les Douze voyants d’Eric Werner 3 : se trouvent réunis en un seul volume des articles parus dans la Nation, pour l’un d’entre eux, et dans la revue Eléments pour les autres. L’auteur y évoque les rapports de douze penseurs ou auteurs– Rousseau, Hannah Arendt, Montaigne, Raymond Aron, Pascal, Max Weber, Tocqueville, Alexandre Zinoviev, Proust, Ramuz, Albert Camus et Sophocle – avec la liberté, la justice, le pouvoir ou la modernité. Ces auteurs d’époques très diverses ont pourtant des points communs et plusieurs d’entre eux imprègnent également l’autre livre d’Eric Werner publié en 2010, Portrait d’Eric4, dans lequel l’auteur, à partir d’un portrait de lui réalisé par le peintre polonais Joseph Czapski, nous parle un peu de lui-même et de sa vie tout en nous livrant sa pensée, notamment sur les sujets évoqués plus haut, mais aussi en matière de convictions religieuses et de politique. Comme toujours, l’auteur, grâce à son style dépouillé et presque didactique, permet au lecteur de le suivre dans des domaines parfois ardus.
J’éprouve toujours quelque difficulté à présenter les œuvres de Pierre-Yves Lador, car la richesse du langage, le bouillonnement des idées et le caractère parfois surréaliste voire farfelu des situations et du propos rendent extrêmement difficile un résumé «classique». La guerre des légumes5 – qui n’a rien à voir avec les guerres des humains – n’échappe pas à la règle. Disons, cum grano salis, que le «service minimum» offert au lecteur extrêmement paresseux est une meilleure connaissance de certains fruits et légumes et des ustensiles qui vont avec, et que le «service complet» proposé au lecteur intrépide est, à travers une histoire d’amour et de légumes, une philosophie de la vie revigorante mise en valeur par un texte foisonnant et plein d’humour.
Puisque nous parlons d’humour, vous lirez, je crois, avec plaisir La Rue des Quatre-bouchers de Chris Koufrine6. Par le biais d’une histoire «à deux étages», l’auteur – qui me pardonnera de ne pas écrire l’auteure – nous emmène dans un voyage à travers le temps, le monde et les religions, sur les pas d’une sorte de messie au féminin. Comme Chris Koufrine en connaît un rayon en matière de religions, le lecteur ne peut que s’instruire à la lecture du roman, qui donne aussi à son auteur l’occasion de régler quelques comptes avec notre société dans le style parfois grinçant qui caractérisait déjà son recueil de nouvelles, Banzaï7.
30 ans de réflexion rassemble des chroniques publiées par l’Américain JonFerguson, établi dans le Pays de Vaud depuis 1973, bien connu des milieux sportifs, pédagogiques, journalistiques et artistiques. Jon Ferguson porte sur le monde, sur le monde sportif en particulier, un regard critique mais sans s’impliquer, toujours avec du recul. On lira avec un intérêt amusé sa conception de la réforme scolaire. Lui non plus ne manque pas d’humour.
Enfin, les amateurs d’histoire vaudoise apprécieront Mémoires d’un révolutionnaire9, roman de Frédéric Vallotton. Je ne chanterai pas les louanges du style et de l’orthographe de l’auteur qui semble avoir déjà pâti – il est né en 1970 – des premières réformes de l’enseignement du français. Mais cette faiblesse est largement compensée par la présentation d’un Frédéric-César de La Harpe plus vrai que nature, au point qu’on en oublie parfois que l’auteur des Mémoires s’appelle Vallotton et non La Harpe.
Bonne lecture.
Mariette Paschoud
1 de Jean-Jacques Langendorf et Pierre Streit, éd. Cabedita, Route des Montagnes 13, CH-1145 Bière, www.cabedita.ch.
2 de Bernard Barbey, même éditeur.
3 Ed. Xénia, CP 395, CH-1800 Vevey, www.editions-xenia.com.
4 Même éditeur.
5 Olivier Morattel Editeur, av. de Milan 30, CH-1007 Lausanne, omorattel@vtx.ch.
6 Ed. Slatkine, 5 rue des Chaudronniers, CP 3625, 1211 Genève 3, slatkine@slatkine.com.
7 Publi-Libris SA, rte de Magny 40, CH-1880 Bex, info@publi-libris.com, 2006.
8 Olivier Morattel Editeur.
9 Olivier Morattel Editeur.
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