Editorial
La mendicité pratiquée dans les rues de Lausanne par les Roms dérange suffisamment les citoyens de cette bonne ville pour qu’une initiative baptisée «Stop à la mendicité par métier» ait largement abouti, menaçant de briser le cœur des défenseurs «des plus démunis», y compris celui de Marc Vuilleumier, municipal de la police et communiste notoire. Ce dernier, croyant sans doute faire de l’esprit, a paraît-il déclaré à la presse: «Comment les policiers vont-ils savoir s’ils ont un mendiant par métier en face d’eux? Il y a un diplôme pour cette activité?»
Non, il n’y a pas de diplôme, pas plus qu’il n’en faut un pour devenir municipal de la police. Mais il suffit de vivre à Lausanne pour être capable de faire la différence, à condition, évidemment, d’ouvrir les yeux et les oreilles, ce que, apparemment, Monsieur Vuilleumier et ses policiers ne sont pas censés faire.
Nous ne considérons pas comme des mendiants les musiciens et autres artistes, parfois extrêmement doués, qui posent leur «sébile» dans les souterrains de la gare ou de la place Saint-François. Ils fournissent une prestation et doivent d’ailleurs bénéficier d’une autorisation quotidienne.
Dès lors, il reste deux sortes de mendiants: les amateurs, qui vous demandent, le plus souvent discrètement, une ou deux pièces pour manger ou s’offrir une nuit à l’Armée du Salut – disent-ils.
Et puis il y a les professionnels, ceux qui ont été déposés de bon matin devant les grands magasins, les supermarchés de quartier, les bureaux de poste importants, les banques, bref en des endroits où vous dépensez ou retirez de l’argent, les mendiants tablant sur le fait que vous, les prétendus nantis, aurez scrupule à leur refuser l’aumône. On les reconnaît très bien ces mendiants par métier. Ils occupent toujours la même place, emmitouflés dans des couvertures en hiver, manifestement bien nourris. Leur politesse confine à l’obséquiosité, et leur aptitude à prendre un air triste dénote un long entraînement.
Il faut avoir élevé la mauvaise foi au rang des beaux-arts pour oser prétendre qu’il est impossible de repérer les mendiants professionnels. Monsieur Vuilleumier est donc, à sa façon, un artiste.
Il fait aussi partie de ceux qui trouvent normal qu’une partie de la population vive aux crochets des travailleurs dont, popiste, il est censé défendre les intérêts unguibus et rostro. Il n’a donc rien compris au ras-le-bol de nombreux Lausannois, qui s’honorent de subvenir eux-mêmes à leurs besoins et voient les parasites d’un très mauvais œil.
L’époque des plaques portant la mention «colportage et mendicité interdits» n’est pas si lointaine. Elle a laissé des traces durables dans les esprits. Cette affaire de mendiants n’est donc pas simplement une lutte entre gentils adeptes et vilains opposants. C’est en fait une affaire de culture.
Et alors, jubilera notre communiste, n’avons-nous pas la chance de vivre dans une société multiculturelle?
Le Pamphlet
Non, il n’y a pas de diplôme, pas plus qu’il n’en faut un pour devenir municipal de la police. Mais il suffit de vivre à Lausanne pour être capable de faire la différence, à condition, évidemment, d’ouvrir les yeux et les oreilles, ce que, apparemment, Monsieur Vuilleumier et ses policiers ne sont pas censés faire.
Nous ne considérons pas comme des mendiants les musiciens et autres artistes, parfois extrêmement doués, qui posent leur «sébile» dans les souterrains de la gare ou de la place Saint-François. Ils fournissent une prestation et doivent d’ailleurs bénéficier d’une autorisation quotidienne.
Dès lors, il reste deux sortes de mendiants: les amateurs, qui vous demandent, le plus souvent discrètement, une ou deux pièces pour manger ou s’offrir une nuit à l’Armée du Salut – disent-ils.
Et puis il y a les professionnels, ceux qui ont été déposés de bon matin devant les grands magasins, les supermarchés de quartier, les bureaux de poste importants, les banques, bref en des endroits où vous dépensez ou retirez de l’argent, les mendiants tablant sur le fait que vous, les prétendus nantis, aurez scrupule à leur refuser l’aumône. On les reconnaît très bien ces mendiants par métier. Ils occupent toujours la même place, emmitouflés dans des couvertures en hiver, manifestement bien nourris. Leur politesse confine à l’obséquiosité, et leur aptitude à prendre un air triste dénote un long entraînement.
Il faut avoir élevé la mauvaise foi au rang des beaux-arts pour oser prétendre qu’il est impossible de repérer les mendiants professionnels. Monsieur Vuilleumier est donc, à sa façon, un artiste.
Il fait aussi partie de ceux qui trouvent normal qu’une partie de la population vive aux crochets des travailleurs dont, popiste, il est censé défendre les intérêts unguibus et rostro. Il n’a donc rien compris au ras-le-bol de nombreux Lausannois, qui s’honorent de subvenir eux-mêmes à leurs besoins et voient les parasites d’un très mauvais œil.
L’époque des plaques portant la mention «colportage et mendicité interdits» n’est pas si lointaine. Elle a laissé des traces durables dans les esprits. Cette affaire de mendiants n’est donc pas simplement une lutte entre gentils adeptes et vilains opposants. C’est en fait une affaire de culture.
Et alors, jubilera notre communiste, n’avons-nous pas la chance de vivre dans une société multiculturelle?
Le Pamphlet
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