Bricoles

L’idée du siècle

Le conseiller national Ricardo Lumengo, dont l’élection en 2007 avait engendré tout un tapage du fait qu’il était le premier Suisse de couleur à siéger au Palais fédéral, a été condamné l’an dernier en première instance pour fraude électorale. Comme il a fait recours et que le jugement définitif n’est pas encore tombé, je ne le chicanerai pas sur cette affaire. D’ailleurs, on sait que le système de la démocratie parlementaire est par essence entaché de toutes sortes de magouilles et irrégularités, qui n’ont rien à voir avec la couleur de peau des candidats aux élections.

Monsieur Lumengo, provisoirement sans parti, est néanmoins bien décidé à se faire réélire cet automne. Comme il ne bénéficie plus d’aucun soutien politique, il faut bien qu’il fasse parler de lui. C’est de bonne guerre et nul ne songera à lui en faire grief. Reste à savoir s’il a choisi le bon créneau.

Ricardo Lumengo est en effet d’avis qu’il faudrait créer un jour férié, à l’occasion duquel aurait lieu une fête nationale célébrant l’intégration des étrangers en Suisse et qui devrait permettre à chacun de marquer sa reconnaissance envers les communautés étrangères.

Outre qu’on ne voit pas très bien pourquoi les Suisses devraient manifester envers les étrangers qu’ils accueillent – plutôt bien, quoi qu’en disent les obsédés du racisme et de la xénophobie – une gratitude plus vive que celle qu’ils reçoivent des immigrants eux-mêmes, cette brillante idée tend à montrer que le conseiller national Lumengo est quelque peu déphasé par rapport aux préoccupations de ses concitoyens.

Quoi qu’il en soit, cette histoire abracadabrante nous a valu au moins une réjouissante absurdité de Monsieur Ivica Petrusic, président d’une des innombrables associations qui s’occupent, sans qu’on leur demande rien, des problèmes migratoires de Suisse. Voici ce que nous a servi ce pédant, par presse interposée: «Une Journée de l’intégration correspond plus à la Suisse d’aujourd’hui que le 1er août qui se fonde sur des événements qui ont eu lieu il y a 700 ans.»

On fera remarquer à Monsieur Petrusic que sans ces événements vieux de sept siècles, la Suisse ne serait pas la Suisse d’aujourd’hui et que lui-même ne serait peut-être pas là pour proférer des calembredaines. (mp)

Pourcent culturel

«Depuis 1957, le pourcent culturel Migros permet aux personnes intéressées en (sic) Suisse d’accéder à la formation, à la culture et à l’épanouissement personnel.»

C’est ce qu’on peut lire sur le site internet de la Migros.

Par ailleurs, les associations de défense d’homosexuels valaisannes diffusent, à l’occasion de la journée mondiale contre l’homophobie et pour marquer «le douloureux anniversaire» des propos stigmatisants de l’UDC Grégory Logean – scandaleusement absous par la justice alors qu’il avait traité les invertis de «déviants» – un film promotionnel «humoristique, ni moralisateur, ni plaintif», auquel participent quelques célébrités locales et qui sera relayé par les réseaux sociaux.

Rien que de très banal, en somme. Ce qui l’est moins, c’est que l’opération est soutenue financièrement par la Migros, grâce au fameux pourcent culturel prélevé sur son chiffre d’affaires.

J’espère ne pas risquer un procès si je m’interroge quant à la conformité de cette utilisation avec les intentions de Gottlieb Duttweiler, fondateur de la Migros, à qui on doit la mirobolante idée du pourcent culturel. (mp)

Scandale

Le jeune chanteur canadien Justin Bieber est la coqueluche des jeunes si j'en crois la rumeur. Il exerce donc une certaine influence sur la manière de penser de la génération montante et c’est éminemment regrettable, car ce jeune catholique pratiquant s'est permis d'assimiler publiquement l’avortement à un meurtre de bébés.

Bien entendu, les milieux féministes, notamment américains, se sont étranglés de rage et couvert la tête de cendres, déclarant en pleurant très fort: «Le plus malheureux, c'est que ce discours régressif sorte de la bouche d’un gamin immature qui a de l’influence sur la jeunesse.» La liberté d'expression? Apparemment, le jeune Justin n’y a pas droit.

On notera que, chez nous, ce sont ces mêmes milieux féministes qui se sont indignés, au nom de la liberté d’expression bien entendu, des ennuis qu’a valus au chanteur français Pierre Perret sa chanson sur les femmes soumises à la loi coranique. (mp)

Thèmes associés: Culture - Politique fédérale - Religion

Cet article a été vu 3675 fois

Recherche des articles

:

Recherche des éditions