En direct de Sirius
Cannes (18.5.2011), une star de la réalisation détonne sur fond d’étoiles (jaune d’or)
Mais qu’est-ce qui a pris à Lars von Trier de proclamer urbi et orbi en plein festival de l’illusion, «Je voulais vraiment être juif mais après, je me suis rendu compte que j’étais vraiment un nazi. Car vous savez, ma famille est allemande, ce qui m’a fait plaisir. [...] Je pense que je comprends [Hitler]. On ne peut pas le qualifier de brave type mais je comprends beaucoup de choses chez lui. Et je ressens un peu de sympathie pour lui»? Une indigestion? Prononcer de tels mots en public, en ces lieux, revenait à se déclarer «athée pratiquant» au seuil de la Kaaba, en plein pèlerinage. Ce qui confirme l’indigestion, c’est que von Trier persistait dans l’erreur, sept jours plus tard, dans un entretien accordé au Spiegel1: «Les gens voulaient m’entendre dire qu’Albert Speer n’était pas un grand artiste. Et cela, je ne peux pas. C’était un connard, responsable de la mort de beaucoup de gens, mais c’était aussi un artiste qui a eu une influence énorme sur sa postérité. Il faut tracer une ligne de démarcation – comme entre le sport et la politique.»
A Cannes, pour calmer les cris d’orfraie, on donna dans Lelouch qui, dépêché aux rostres, fit dans le raisonnable: «[Von Trier] s’est suicidé cinématographiquement alors qu’il a fait de très bons films». Von Trier a assez détonné… Les clameurs se sont tues et il a été promptement chassé du Temple dans lequel le bizness a repris de plus belle. Pour en rajouter dans le faux-semblant vertueux, son film est resté au programme…
On parie qu’il aura quelques problèmes de diffusion …
Le bal des Rapaces (et des chacals)
Iris me propose une définition de la démocratie, adaptée à cette nouvelle denrée d’exportation en promotion au sein du gang du Bien:
Obligation de penser comme «Ils» le veulent.
«Ils», ce sont ces entités dont on ne sait pas très bien au profit de quels intérêts elles agissent. Il s’agit d’émanations de pays souvent voisins du nôtre – il advient parfois que leurs avions nous survolent pour aller semer une démocratie guidée-par-faisceaux-laser en des pays qui n’en bénéficient point encore – dont on ne sait plus très bien si l’on peut encore les ranger dans la catégorie «gouvernements». On pencherait plutôt pour une variété de musiciens, vu l’étrange régularité avec laquelle ils nous assurent jouer dans «le concert des nations». Ces artistes ne déclarent plus de guerres; ils suivent des «résolutions». Emportés par leur zèle, il n’est d’ailleurs pas rare qu’ils précèdent ces dernières, et fréquent qu’ils les outrepassent.
L’avantage de ne plus déclarer de guerres, c’est qu’«Ils» n’ont pas à rechercher l’approbation légale de leurs parlements respectifs. Ainsi se passent-ils en souplesse de l’opinion de leurs peuples, qu’ils tiennent peu ou prou au courant de ce qu’ils font à leurs cibles. Touvabienovitch vous dira qu’au demeurant on meurt très peu dans le camp des agresseurs. L’absence de déclarations de guerres rend superflues les conclusions de paix. Les rapaces font donc en toute quiétude leurs «bonnes œuvres» de prédateurs cependant que leurs peuples somnolent, gavés des illusions servies par les télés «réalités». Et puis, selon leur bon plaisir, sans craindre d’avoir jamais à répondre de leurs crimes de guerre, les chacals exfiltrent, exilent ou assassinent ceux qui, un temps, les ont gênés. Mais comme la paix a éclaté partout, on ne saurait, comme on le fit naguère à Nuremberg, les accuser de complot contre celle-ci.
S’il est encore un pays neutre, ses légistes devraient plancher d’urgence sur la notion de crimes de paix.
Fête des voisins (la France festive)
Soulagée de ne point encore figurer au nombre des PIGS – acronyme aimablement créé par le système financier anglo-saxon2 pour y jeter quelques provinces européennes percluses de dettes3 –, la France, dans laquelle les festivités le disputent désormais aux grèves et aux manifs, a réédité le 27 mai dernier sa Fête des voisins: l’idée qui suinte de l’affiche parisienne que nous avons eue en mains était que chacun s’y rendît avec son petit plat favori à mélanger à d’autres dans un sain esprit de diversité. La municipalité avait pris soin de préciser que, par son entremise, les taillables à merci contribueraient à l’effort culinaire des impécunieux. N’ayant pas eu la joie d’assister à l’événement, nous avons imaginé quelques scènes de brassage:
Une dame du XVIe arrondissement (un peu confuse – à sa concierge portugaise): «C’est un tout petit paquet… Il n’y en a qu’un par personne, mais mon mari et moi aimons beaucoup ces œufs: ce sont des grands poissons qui les pondent dans une mer lointaine qu’on appelle la Caspienne…
– Vous avez des blinis?»
Un identitaire (à son voisin de palier maghrébin): «Ahmed, tout est oublié! On fait copains. Ma femme t’a mijoté un couscous aux lardons. Un p’tit coup d’Beaujolais?»
Un huissier-à-chaîne (à une famille de contribuables, rue Lepic): «M. le Président vous convie à vingt heures, tenue cool. Luxuriant-Batyfol, le traiteur, a été prévenu et vous a préparé ce qu’il faut. Il attend votre passage en début de soirée. Le Président fournira les couverts.» Puis, sur le ton de la confidence: «Il est d’usage d’amener pour dédicace le dernier “tube” de Madame.»
Dans sa frénésie festive, la France va finir par manquer d’occasions. Pour les prochaines innovations nous proposons: la fête des tristes… la fête des veaux.
Complots
En marge de l’affaire Strauss-Kahn – dont nous ne savons rien si ce n’est que là où gravitent les Maîtres du monde, à chair faible et grandes prétentions, simple occasion tient souvent lieu d’appât –, un perroquet hertzien non identifié, en état de «bernarenrilévitation», fait le procès d’une tendance qu’il nomme «la complotite» et s’attaque à ces révisionnistes – confirmant, au passage, à ce qualificatif ses titres de noblesse – qui commencent par douter, en particulier, se lamente-t-il, de la thèse officielle des événements du 11 septembre – sans omettre, pour faire bon poids, d’autres événements dont il est interdit de douter. Et de se répandre ensuite en jérémiades sur les courants d’air du Net qui permettent à tout esprit réticent au formatage médiatique d’émettre les hypothèses qu’il ne faudrait pas. Sans entrer dans son jeu, il nous faut bien admettre une évidence: pour les esprits libres, le doute ne profite pas au comploteur.
Complot ou pas complot? Il est bon de douter… Le comploteur sait, lui, que nous avons raison.
Max l’Impertinent
1 Me pardonnera-t-on cette longue série de citations?
2 En existe-t-il un autre?
3 Portugal, Irlande, Grèce et S-pagne (Spain)… des cochons de débiteurs insolvables.
Mais qu’est-ce qui a pris à Lars von Trier de proclamer urbi et orbi en plein festival de l’illusion, «Je voulais vraiment être juif mais après, je me suis rendu compte que j’étais vraiment un nazi. Car vous savez, ma famille est allemande, ce qui m’a fait plaisir. [...] Je pense que je comprends [Hitler]. On ne peut pas le qualifier de brave type mais je comprends beaucoup de choses chez lui. Et je ressens un peu de sympathie pour lui»? Une indigestion? Prononcer de tels mots en public, en ces lieux, revenait à se déclarer «athée pratiquant» au seuil de la Kaaba, en plein pèlerinage. Ce qui confirme l’indigestion, c’est que von Trier persistait dans l’erreur, sept jours plus tard, dans un entretien accordé au Spiegel1: «Les gens voulaient m’entendre dire qu’Albert Speer n’était pas un grand artiste. Et cela, je ne peux pas. C’était un connard, responsable de la mort de beaucoup de gens, mais c’était aussi un artiste qui a eu une influence énorme sur sa postérité. Il faut tracer une ligne de démarcation – comme entre le sport et la politique.»
A Cannes, pour calmer les cris d’orfraie, on donna dans Lelouch qui, dépêché aux rostres, fit dans le raisonnable: «[Von Trier] s’est suicidé cinématographiquement alors qu’il a fait de très bons films». Von Trier a assez détonné… Les clameurs se sont tues et il a été promptement chassé du Temple dans lequel le bizness a repris de plus belle. Pour en rajouter dans le faux-semblant vertueux, son film est resté au programme…
On parie qu’il aura quelques problèmes de diffusion …
Le bal des Rapaces (et des chacals)
Iris me propose une définition de la démocratie, adaptée à cette nouvelle denrée d’exportation en promotion au sein du gang du Bien:
Obligation de penser comme «Ils» le veulent.
«Ils», ce sont ces entités dont on ne sait pas très bien au profit de quels intérêts elles agissent. Il s’agit d’émanations de pays souvent voisins du nôtre – il advient parfois que leurs avions nous survolent pour aller semer une démocratie guidée-par-faisceaux-laser en des pays qui n’en bénéficient point encore – dont on ne sait plus très bien si l’on peut encore les ranger dans la catégorie «gouvernements». On pencherait plutôt pour une variété de musiciens, vu l’étrange régularité avec laquelle ils nous assurent jouer dans «le concert des nations». Ces artistes ne déclarent plus de guerres; ils suivent des «résolutions». Emportés par leur zèle, il n’est d’ailleurs pas rare qu’ils précèdent ces dernières, et fréquent qu’ils les outrepassent.
L’avantage de ne plus déclarer de guerres, c’est qu’«Ils» n’ont pas à rechercher l’approbation légale de leurs parlements respectifs. Ainsi se passent-ils en souplesse de l’opinion de leurs peuples, qu’ils tiennent peu ou prou au courant de ce qu’ils font à leurs cibles. Touvabienovitch vous dira qu’au demeurant on meurt très peu dans le camp des agresseurs. L’absence de déclarations de guerres rend superflues les conclusions de paix. Les rapaces font donc en toute quiétude leurs «bonnes œuvres» de prédateurs cependant que leurs peuples somnolent, gavés des illusions servies par les télés «réalités». Et puis, selon leur bon plaisir, sans craindre d’avoir jamais à répondre de leurs crimes de guerre, les chacals exfiltrent, exilent ou assassinent ceux qui, un temps, les ont gênés. Mais comme la paix a éclaté partout, on ne saurait, comme on le fit naguère à Nuremberg, les accuser de complot contre celle-ci.
S’il est encore un pays neutre, ses légistes devraient plancher d’urgence sur la notion de crimes de paix.
Fête des voisins (la France festive)
Soulagée de ne point encore figurer au nombre des PIGS – acronyme aimablement créé par le système financier anglo-saxon2 pour y jeter quelques provinces européennes percluses de dettes3 –, la France, dans laquelle les festivités le disputent désormais aux grèves et aux manifs, a réédité le 27 mai dernier sa Fête des voisins: l’idée qui suinte de l’affiche parisienne que nous avons eue en mains était que chacun s’y rendît avec son petit plat favori à mélanger à d’autres dans un sain esprit de diversité. La municipalité avait pris soin de préciser que, par son entremise, les taillables à merci contribueraient à l’effort culinaire des impécunieux. N’ayant pas eu la joie d’assister à l’événement, nous avons imaginé quelques scènes de brassage:
Une dame du XVIe arrondissement (un peu confuse – à sa concierge portugaise): «C’est un tout petit paquet… Il n’y en a qu’un par personne, mais mon mari et moi aimons beaucoup ces œufs: ce sont des grands poissons qui les pondent dans une mer lointaine qu’on appelle la Caspienne…
– Vous avez des blinis?»
Un identitaire (à son voisin de palier maghrébin): «Ahmed, tout est oublié! On fait copains. Ma femme t’a mijoté un couscous aux lardons. Un p’tit coup d’Beaujolais?»
Un huissier-à-chaîne (à une famille de contribuables, rue Lepic): «M. le Président vous convie à vingt heures, tenue cool. Luxuriant-Batyfol, le traiteur, a été prévenu et vous a préparé ce qu’il faut. Il attend votre passage en début de soirée. Le Président fournira les couverts.» Puis, sur le ton de la confidence: «Il est d’usage d’amener pour dédicace le dernier “tube” de Madame.»
Dans sa frénésie festive, la France va finir par manquer d’occasions. Pour les prochaines innovations nous proposons: la fête des tristes… la fête des veaux.
Complots
En marge de l’affaire Strauss-Kahn – dont nous ne savons rien si ce n’est que là où gravitent les Maîtres du monde, à chair faible et grandes prétentions, simple occasion tient souvent lieu d’appât –, un perroquet hertzien non identifié, en état de «bernarenrilévitation», fait le procès d’une tendance qu’il nomme «la complotite» et s’attaque à ces révisionnistes – confirmant, au passage, à ce qualificatif ses titres de noblesse – qui commencent par douter, en particulier, se lamente-t-il, de la thèse officielle des événements du 11 septembre – sans omettre, pour faire bon poids, d’autres événements dont il est interdit de douter. Et de se répandre ensuite en jérémiades sur les courants d’air du Net qui permettent à tout esprit réticent au formatage médiatique d’émettre les hypothèses qu’il ne faudrait pas. Sans entrer dans son jeu, il nous faut bien admettre une évidence: pour les esprits libres, le doute ne profite pas au comploteur.
Complot ou pas complot? Il est bon de douter… Le comploteur sait, lui, que nous avons raison.
Max l’Impertinent
1 Me pardonnera-t-on cette longue série de citations?
2 En existe-t-il un autre?
3 Portugal, Irlande, Grèce et S-pagne (Spain)… des cochons de débiteurs insolvables.
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