L'avis de Louise Cougnard

Madame la Rédactrice,

Si vous aviez vu la tête de mon beau-fils après la votation sur l’école!... Il était furieux et moi, je riais comme une folle. Mon beau-fils croit que je suis bête comme une oie, même s’il ne le dit jamais, et alors je suis toute ravie quand c’est lui qui a l’air ridicule. Mais vous ne pouvez sûrement pas comprendre ce qu’éprouve une belle-mère quand celui qui lui a volé sa fille n’est pas content, car je suis bien certaine que votre sale gamine n’est pas mariée. Qui voudrait d’une vilaine petite fasciste payée sur la sueur des travailleurs?  On ne me la fait pas, à moi. L’autre jour, mon beau-fils, qui ne se contente pas de votre journal débile, a laissé traîner un exemplaire de Patrons. Alors, vous pensez si je saisà quoi m’en tenir!

En tout cas, j’étais bien contente que l’initiative moyenâgeuse que votre vilain canard a soutenue soit balayée par les gens de bon sens comme moi, et que tous ces réactionnaires révisionnistes et créationnistes reçoivent un solide fessée. Ce n’est pas que je sois pour les châtiments corporels. Ma petite-fille qui est psychologue, sociologue et, depuis peu, sexologue m’a bien expliqué que ça traumatise les enfants, qui doivent être libres de faire ce qu’ils veulent. Mais elle dit aussi que certains adultes comme les néo-nazis ne comprennent pas d’autre langage et que quelques coups de bâton sur la place publique ne leur feraient pas de mal. La démocratie a ses limites, quand même! En tout cas, il vaut mieux voter pour une loi scolaire soutenue par des gens de progrès et des homosexuels que permettre à des sadiques de mettre les enfants éveillés dans des camps de concentration.

Comme je vous le disais, ma petite-fille, qui est tout mon portrait, a complété sa formation par un diplôme de sexologie. Elle veut participer activement à la mise en place des nouveaux programmes d’éducation sexuelle à l’école. En fait, elle trouve que commencer à l’école enfantine avec des vagins en peluche et des guignols en bois pour les enfants, c’est déjà trop tard. Elle compte lutter pour que les doudous des tout-petits aient tous des formes d’organes sexuels et que les papiers peints des chambres de bébés montrent des papas et des mamans en train de fabriquer leur petit garçon-fille ou leur petite fille-garçon. Depuis quelque temps, elle habille mon arrière-petit-fils en fille une semaine sur deux avec des jolis vêtements «Hello Kitty» pour qu’il soit tout à fait libre de choisir son sexe. Tout le monde se moque de lui au jardin d’enfants, ce qui le fait beaucoup pleurer, mais c’est moins grave que d’être défini sexuellement dès le départ. En tout cas, c’est ce que dit ma petite-fille, et elle doit s’y connaître, puisqu’elle est sexologue.

Je suppose bien que, le 23 octobre, vous allez voter pour les terroristes de l’UDC. Je ne crois pas que vous soyez capable de faire mieux avec votre extrémisme de droite étroit. Je le regrette bien, car ce sont des gens comme ce gentil Monsieur Buffat, qui connaît si bien l’école vaudoise grâce à sa fille bachelière, ou ce charmant Monsieur Haury qui sait si bien dire «oui, oui» après avoir crié «oui, non», qu’on devrait charger de nous représenter à Berne. Nous avons besoin de gens qui abordent les problèmes avec beaucoup, beaucoup de recul et de souplesse. Mais je ne pense pas que vous soyez capable de comprendre ça.

Recevez, Madame la Rédactrice, mes salutations les plus mauvaises.

Louise Cougnard

Thèmes associés: Facéties - Humeur

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