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Elections présidentielles françaises: un suspense «captivant»(carnets de voyage d’un observateur sirien)

27 avril: la finale de la Coupe de l’Hexagone va être terne; je compatis avec le désarroi des supporteurs français face au dilemme qui les contraint de conserver un minable ou de le remplacer par un exécrable… En demi-finale, l’actuel tenant du titre présentait une belle tête de perdant. Et personne dans son équipe pour lui rappeler, alors qu’il se plaignait d’être «seul contre neuf», que «l’on n’abdique pas l’honneur d’être une cible»! Car c’est quand même bien son titre l’enjeu du match. Après un premier tour au ras des bulletins, il ne faut pas s’attendre, avec de tels «champions», à un second tour qui vaille le déplacement. La défaite d’un Sarkozy et de son équipe à bout d’arguments, qui font semblant, avec un ensemble touchant, de n’avoir pas remarqué le choix délibéré des partisans de Marine Le Pen, étant amplement méritée, la victoire de François Hollande me paraît inéluctable.

2 mai: le face-à-face Sarkozy-Hollande, c’était «Le choc des “Titans”» revu par Tex Avery. Dix-huit millions de Français ont pu entendre des argumentations de camelots assorties de beaucoup de lancers de pourcentages et de quelques petits coups bas sous des échanges de regards bleu-innocence ou noir-menace.

3 mai: tout indique que dimanche les gaullistes historiques de mes amis et mes autres amis nationalistes – pardon… de «droite extrême» – diront à l’unisson à l’adepte du «Casse-toi pauv’ con!»: «Passez votre chemin, manant!»… en votant blanc ou en restant chez eux. Les premiers sont consternés d’avoir vu achever de déconstruire, en rompant avec la stratégie d’indépendance pour courir rallier les rangs des supplétifs de l’OTAN, cette grandeur française que le Général avait si patiemment tenté de restaurer. Les seconds sont las de s’entendre dire par le président et toute sa sainte clique qu’ils les ont «entendus»… mais qu’ils se sont trompés (!). Dimanche – sauf indulgence divine – la France jadis si enviée ne sera plus qu’un pays bas…

6 mai (épilogue): pour la finale des poids plume, tout s’est passé comme c’était prévisible. Le nain des Carpates sorti, ses petits marquis se sont «entre-congratulés-parmi» d’être tout de même arrivés seconds. Depuis une autre finale, celle d’une coupe de football du siècle dernier où leur équipe défaite – il me semble que c’était les «Verts» de Saint-Etienne – avait paradé sous les vivats sur les Champs Elysées, les Français ont pris l’habitude de fêter leurs «viennent ensuite» comme des vainqueurs. On a les exigences qu’on peut!

Devant ma mine morose, la baronne de X, dont le père, vrai résistant, était Compagnon de la Libération, me souffle: «Peut-être sera-ce un nouveau Louis XI…»

Xyloglottes, chasseurs de cuirs, traqueurs de faux amis, europantophobes et diseurs de belles choses, à vos marques!

Si, comme Max, vous avez le privilège de posséder un Grévisse; si, comme lui, vous l’ouvrez rarement et toujours avec appréhension; si néanmoins vous êtes de ceux qui souhaitent maintenir en vie la langue française dans la bonne humeur en la protégeant des barbarismes quitte à abandonner tout espoir de jamais entrer à l’Académie, procurez-vous d’urgence Oxymore – Mon amour![1] de Jean-Loup Chiflet, l’inoubliable auteur de Sky! My husband!(où l’on pouvait se persuader que s’exclamer à Londres, en société «By the holy name of a pipe!» ne valait pas un simple «By Jove!»); grâce à quoi vous n’ignorerez plus rien de l’heureuse aptonymie de Madame Simone Loterie, gagnante de gros lot. Vous pourrez reconnaître en François Hollande un champion de l’anaphore puisqu’il en fit quinze fois la preuve à l’occasion du face-à-face qui l’opposa au président à sortir, le 2 mai dernier, à la cent-trente-huitième minute de jeu: quinze phrases débutant par «Moi, Président de la république…» infligées en moins de deux minutes trente au malheureux auditoire captif. Et vous pourrez vous entraîner à l’envi à prononcer d’une traite l’acronyme le plus long du monde:

«Niiomtplaboparmbetzhelbetrabsbomonimonkonotdtekhstromont»[2]

…sauf, hélas, si vous êtes sujet à l’hippopotomonstrosesquippedaliophobie ou aux crises d’asthme; auquel cas Max vous conseille de vous tester en toute quiétude au «jeu du dictionnaire» qui figure en annexe, ou de méditer sur les vertus de l’aposiopèse pour la méthode péripatéticienne et sur les raisons pour lesquelles Max y a si souvent recours…

Ces lapsus qui valent des aveux...

Entendu le 25 mars 2012 à 16h21, sur Radio-J – Radio Chalom, à propos de Gaza et du peuple palestinien, l’auditrice Sarah se lamenter de la pluie de roquettes qui tombait alors sur Israël (paraît-il): «Nous avons commis l’erreur de LUI RENDRE UNE PARTIE DE SON TERRITOIRE.» Voilà un triple lapsus (un «lapsus composé»?) qui vaut un bel aveu... le meneur de jeu a donc bien vite passé à un autre auditeur...

C’était un homme (il n’y en a pas tant que ça)

Adieu, François Brigneau, puisque vous voilà mort… ce qui est mieux que de décéder en ce siècle où même les baleines le font. Merci pour ce «Jean Galmot» si élégamment révélé à l’adolescent que j’étais. Merci pour les délectables incorrections du «Zappeur K Membert». Merci pour votre portrait si vrai du professeur Faurisson. Merci pour avoir le premier – dans un texte que je n’ai découvert qu’après – trouvé le mot juste entre cette muselière que nous ferions bien d’imposer vite fait aux habituels fauteurs de guerres et ce bâillon dont ils aimeraient nous entraver.

Max l’Impertinent


[1] Chiflet & Cie, 38 rue de la Condamine, 75017 Paris.

[2] Oui, c’est bien du russe.

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