Lausanne, années huitante
La plateforme de vidéos en ligne Youtube recèle des horreurs, mais aussi des trésors à l’infini. Au gré de ce qui nous intéresse, des mots-clés que l’on donne ou des suggestions présentées en marge, on peut y passer des heures à regarder des documentaires, des spectacles, des scènes amusantes ou tragiques ou des images rares capturées par des amateurs, à suivre des cours de maintes disciplines, à visiter des endroits lointains ou simplement à se plonger avec nostalgie dans son passé perdu.
Une recherche sur «Lausanne» nous amène ainsi, de fil en aiguille, à diverses séquences réalisées dans la seconde moitié du siècle passé. Leurs auteurs, touristes ou autochtones, n’imaginaient alors pas que leurs images se retrouveraient un jour pareillement exposées aux yeux du monde entier. On y trouve par exemple un reportage sur les préparatifs de l’Expo 64, avec de grands chantiers tels que ceux de l’autoroute. On voit aussi plusieurs prises de vues des années septante à nonante montrant simplement les rues du centre-ville, la circulation, les trolleybus de l’époque, l’ancienne place de la Gare – dont l’aménagement était un peu pourri, mais moins que ne l’est la faune qui s’y vautre aujourd’hui.
Au milieu de tout cela, on découvre plusieurs films retraçant les émeutes de «Lôzane bouge» de 1980. Des centaines de «jeunes» – déjà bien adultes! – à cheveux longs et grosses lunettes, désœuvrés et craignant «le risque de mourir d’ennui», défilaient régulièrement dans les rues avec des porte-voix et des banderoles miteuses, réclamant un «centre autonome» et le droit de se droguer librement. Le mouvement était visiblement entraîné par un quarteron d’intellos gauchistes sortis tout droit de «sciences-po» et qui allaient devenir les petits-bourgeois bohèmes d’aujourd’hui – la journaliste Marlène Bélilos, égérie des émeutiers de l’époque, est actuellement installée comme psychanalyste dans le 4e arrondissement de Paris. Tout ce petit monde avait appris à manier la dialectique, cherchant à ridiculiser les autorités et se posant en victimes innocentes des «violences policières».
Plusieurs années après Mai 68, les premières vagues de violence contestataire déferlaient ainsi sur une capitale vaudoise autrefois tranquille. L’auteur de ces lignes avait alors entre dix et onze ans et le samedi était le jour où l’on venait en famille faire des commissions à Lausanne. Beaucoup de souvenirs sont restés assez nets et correspondent exactement aux scènes visibles sur Youtube: les grappes de pouilleux assis au milieu de la route, les fourgons Peugeot blancs de la police, les policiers en tenues anti-émeutes grises, équipés de casques, de masques à gaz et de boucliers, les rues jonchées de déchets, les gaz lacrymogènes, les hurlements dans les mégaphones. On avait peur de se retrouver au milieu des affrontements et l’on pressait le pas pour s’éloigner, puis on regardait de loin.
Pour autant, la situation n’était pas comparable à celle d’aujourd’hui. Le danger était circonscrit et, au-delà de la zone des émeutes, Lausanne était encore une ville calme, propre et sûre, où l’on pouvait déambuler avec insouciance. Mais ces événements ont semé les (mauvaises) graines de ce que nous récoltons trente ans plus tard. On se console à moitié en se disant que le monde moderne, c’est aussi Youtube qui nous permet de revoir toutes ces images et tant d’autres!
Pollux
Une recherche sur «Lausanne» nous amène ainsi, de fil en aiguille, à diverses séquences réalisées dans la seconde moitié du siècle passé. Leurs auteurs, touristes ou autochtones, n’imaginaient alors pas que leurs images se retrouveraient un jour pareillement exposées aux yeux du monde entier. On y trouve par exemple un reportage sur les préparatifs de l’Expo 64, avec de grands chantiers tels que ceux de l’autoroute. On voit aussi plusieurs prises de vues des années septante à nonante montrant simplement les rues du centre-ville, la circulation, les trolleybus de l’époque, l’ancienne place de la Gare – dont l’aménagement était un peu pourri, mais moins que ne l’est la faune qui s’y vautre aujourd’hui.
Au milieu de tout cela, on découvre plusieurs films retraçant les émeutes de «Lôzane bouge» de 1980. Des centaines de «jeunes» – déjà bien adultes! – à cheveux longs et grosses lunettes, désœuvrés et craignant «le risque de mourir d’ennui», défilaient régulièrement dans les rues avec des porte-voix et des banderoles miteuses, réclamant un «centre autonome» et le droit de se droguer librement. Le mouvement était visiblement entraîné par un quarteron d’intellos gauchistes sortis tout droit de «sciences-po» et qui allaient devenir les petits-bourgeois bohèmes d’aujourd’hui – la journaliste Marlène Bélilos, égérie des émeutiers de l’époque, est actuellement installée comme psychanalyste dans le 4e arrondissement de Paris. Tout ce petit monde avait appris à manier la dialectique, cherchant à ridiculiser les autorités et se posant en victimes innocentes des «violences policières».
Plusieurs années après Mai 68, les premières vagues de violence contestataire déferlaient ainsi sur une capitale vaudoise autrefois tranquille. L’auteur de ces lignes avait alors entre dix et onze ans et le samedi était le jour où l’on venait en famille faire des commissions à Lausanne. Beaucoup de souvenirs sont restés assez nets et correspondent exactement aux scènes visibles sur Youtube: les grappes de pouilleux assis au milieu de la route, les fourgons Peugeot blancs de la police, les policiers en tenues anti-émeutes grises, équipés de casques, de masques à gaz et de boucliers, les rues jonchées de déchets, les gaz lacrymogènes, les hurlements dans les mégaphones. On avait peur de se retrouver au milieu des affrontements et l’on pressait le pas pour s’éloigner, puis on regardait de loin.
Pour autant, la situation n’était pas comparable à celle d’aujourd’hui. Le danger était circonscrit et, au-delà de la zone des émeutes, Lausanne était encore une ville calme, propre et sûre, où l’on pouvait déambuler avec insouciance. Mais ces événements ont semé les (mauvaises) graines de ce que nous récoltons trente ans plus tard. On se console à moitié en se disant que le monde moderne, c’est aussi Youtube qui nous permet de revoir toutes ces images et tant d’autres!
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