La confiance, moteur de l'économie

La base de toute relation, qu’elle soit amoureuse, amicale ou d’affaires, est la confiance. Il semblerait aux dernières nouvelles que l’Europe, quasiment dans son ensemble, se trouve dans une situation d’endettement particulièrement grave. Ne revenons pas sur les causes du problème mais intéressons-nous un peu aux solutions envisagées. On trouve deux écoles proposant des visions passablement différentes pour remédier à cet état de fait. On a d’une part les tenants de l’austérité, généralement les partis de droite aux commandes, qui, ayant hérité du problème, essaient comme ils peuvent d’éliminer toutes les dépenses inutiles. Ils n’ont certes pas tort, pour autant qu’ils ne taillent pas dans la matière même qui permettra la création de richesse demain, la recherche et la formation.  En face, on trouve ceux qui prétendent que les gouvernements se doivent de prendre des mesures incitatives afin de relancer l’économie, créant par là des emplois et des recettes fiscales qui viendront combler le gouffre de la dette. Ceux-là non plus n’ont pas tout faux et le rôle de l’Etat est bien d’offrir des conditions cadres favorables à l’esprit d’entreprise, seul créateur d’emplois et de richesse. La question est de savoir que faire en priorité. Si la situation n’était pas aussi grave, la solution se trouverait probablement entre les deux camps, mais on n’en est plus là. Aujourd’hui, certains Etats se battent au jour le jour pour parvenir à refinancer les échéances qui arrivent à leur terme et la chute des notations renchérit le coût de la dette. Pour nos lecteurs qui ne sont pas familiarisés avec les concepts économiques, il faut bien comprendre que la dette souveraine n’est pas une et indivisible. Elle est le cumul d’un grand nombre d’emprunts dont les échéances tombent régulièrement. Si l’on prend l’exemple d’un emprunt espagnol de 20 milliards d’euros émis en 2006 pour une durée de dix ans, l'intérêt payé chaque année était de 3,15%. Une obligation d’une durée de dix ans coûte aujourd’hui à l’Etat espagnol 5,4%, soit dans notre exemple 450 millions d’euros de plus chaque année. Or des emprunts de ce type arrivent chaque mois à échéance et, comme ils ne peuvent être remboursés, il faut en émettre de nouveaux au taux du jour. Les dettes sont actuellement plutôt refinancées à court terme parce que c'est moins cher, mais ce n'est pas la panacée car on ne sait pas ce que seront les taux dans un an. On comprend mieux le cercle vicieux dans lequel se trouvent ces Etats qui, d'un côté, se soumettent à de drastiques cures d'amaigrissement mais voient, de l’autre, leurs efforts anéantis par la charge des intérêts qui gonfle régulièrement. Cette situation n'est évidemment pas faite pour plaire à la population à laquelle on demande des efforts supplémentaires en termes de réduction de revenus, d'augmentation de la fiscalité et de perte d'acquis. Mais ceux qui s'indignent un peu partout n'offrent guère de solutions en dehors d'un nouvel interventionnisme étatique, dispendieux et hasardeux. Ils ne donnent pas non plus de pistes valables quant au financement des aides qu'ils prônent, «les riches» n'ayant qu'à casquer. On ne répétera jamais assez que l’Etat est un centre de coûts et ne crée aucune richesse. Son rôle est donc d’offrir à ceux qui le font, les entreprises, des conditions cadres idoines, à savoir stabilité, sécurité, fiscalité raisonnable, formation. Ces éléments concourent à créer un climat favorable à l’investissement et à la dépense. Car l'argent est là, quelque part, bien au chaud sur les comptes épargne, et il y reste parce que la population n'a pas confiance. On ne sait pas de quoi demain sera fait et on ne fait donc pas d'achats importants; ni voiture, ni maison; et on ne crée pas d'entreprise en temps de crise. La priorité doit donc être pour les gouvernements européens de démontrer qu'ils sont disposés à faire les sacrifices nécessaires, quels qu'ils soient, pour rétablir l'équilibre budgétaire, car c'est la seule et unique manière de redonner confiance aux agences de notation, aux créanciers, aux investisseurs et aux consommateurs. Lorsque les dépenses auront été réduites au minimum et que les comptes retrouveront ne serait-ce qu’un semblant d’équilibre, on verra ressortir l’argent des dépôts d’épargne, car la confiance est le principal moteur de l’économie.

Michel Paschoud

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