Ils voulaient de l'animation...

Il a été question ici même, le mois passé, du mouvement «Lôzanne bouge» qui avait ébranlé les rues de la capitale vaudoise en 1981. La jeunesse gauchiste de l’époque réclamait des lieux de rencontre et de divertissement, trouvant que la ville manquait d’animation.

Trente ans plus tard, on ne s’ennuie plus! Ces mêmes personnes ont pris le pouvoir et transformé Lausanne en une métropole de la vie nocturne, dont les innombrables établissements attirent désormais – et déversent dans les rues alentour – les fêtards de toute la Suisse romande, voire au-delà.

Pour le résident lambda, les effets les plus directement perceptibles ne sont pas le redressement des finances de la commune et la réduction du taux d’imposition, mais bien plutôt ce qu’on nomme pudiquement les «incivilités». Au bruit omniprésent et lancinant, aux déjections humaines de toutes sortes et aux déprédations systématiques sur le mobilier public et sur les biens privés s’ajoutent les scènes de violence, les agressions «gratuites» contre les passants, les rixes interethniques, les affrontements avec la police. La presse et la police, après avoir aussi longtemps que possible nié la gravité des faits, admettent aujourd’hui que la situation est devenue incontrôlable et qu’il faut «faire quelque chose».

La Municipalité communiste a d’ores et déjà désigné les coupables: il y a trop d’établissements publics (publics au sens de leur ouverture aux consommateurs, mais privés de par leur statut économique) et ceux-ci vendent trop d’alcool à leurs clients.

Si une telle accusation n’est pas entièrement infondée, cette manière de rejeter toute la faute sur l’économie privée en général et sur les bistrotiers en particulier est tout de même un peu désinvolte. Tout d’abord, il faut s’insurger contre le prohibitionnisme à géométrie variable de la gauche, qui stigmatise l’alcool qu’elle voudrait n’autoriser qu’au compte-gouttes, y compris aux paisibles amateurs de bons vins, tout en déployant une bienveillante tolérance envers toutes les drogues abusivement présentées comme «douces». Ensuite, il faut songer que l’alcool certes désinhibe, libère des tendances que l’on maîtrise mieux à jeun, mais qu’il nous transforme rarement en le contraire de ce que nous sommes. Les individus qui, la nuit, se battent au couteau, caillassent la police et détruisent tout sur leur passage restent des bêtes sauvages en puissance le reste de la journée; leur présence au sein de la société constitue une menace, indépendamment des restrictions que d’aucuns voudraient imposer au nombre de bars et à la quantité d’alcool.

Le problème relève de l’ordre public et non de la seule police du commerce. De ce point de vue, un renforcement de la réglementation étatique et de la planification administrative des établissements publics par ceux-là même qui ont autrefois réclamé et suscité le chaos actuel ne saurait être une solution: seuls les citoyens respectueux des lois auront à en souffrir, tandis que les fauteurs de troubles trouveront d’autres moyens de sévir.

Pollux

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