Le «Rapport Gallois»

Avant même que personne ne l’ait lu, le Rapport Gallois créait en France de nombreux commentaires. On parlait de «choc» de compétitivité et des différentes mesures qui seraient nécessaires pour rendre à la France le rang auquel notre grande voisine estimait avoir droit. M. Louis Gallois (cet ancien président de la SNCF qui a la tête des croque-morts de Lucky Luke) et ses assistants ont remis leurs propositions au premier ministre. Septante-quatre pages qui sont disponibles sur internet constituant vingt-deux propositions dont la quatrième est résumée comme suit: créer un choc de compétitivité en transférant une partie significative des charges sociales de l'ordre de 30 milliards d'euros, soit 1,5 % du PIB, vers la fiscalité et la réduction de la dépense publique. Ce transfert concernerait pour 2/3 les charges patronales, et pour 1/3 les charges salariales.

 

Il s’agit là, probablement, de la proposition la plus intéressante, quand bien même sa mise en œuvre serait financée, notamment, par une augmentation de la TVA qui ne serait pas «sociale» mais socialiste, comme le relève le Canard enchaîné en rigolant, tout en rappelant que M. Hollande s’était engagé à ne pas augmenter cet impôt.

 

La situation économique de la France est grave. Pas tout à fait aussi grave que celle de la Grèce, du Portugal ou de l’Espagne, mais presque. Le président sait que la France paie tous les ans 47 milliards au titre de l’intérêt de la dette, qu’il entretient un gouvernement de trente-huit ministres et de cinq cents collaborateurs, avec secrétariat, voitures et hôtels particuliers de fonction, alors que sept ou neuf ministres suffiraient amplement.

 

Sans doute, cette situation n’est pas imputable au seul gouvernement socialiste. Mais les syndicats les plus sclérosés du monde ont sans doute contribué à stratifier les relations du travail au point qu’il est devenu impossible à une entreprise de licencier, en cas de diminution du carnet de commande.

 

Le rapport Gallois propose d’organiser la nécessaire adaptation des entreprises à des évolutions conjoncturelles qu’elles ne maîtrisent pas. Du point de vue de la compétitivité, la préservation maximum de l’emploi et des compétences est prioritaire. Elle justifie des souplesses nouvelles qui doivent trouver des contreparties dans la limitation du recours aux contrats les moins protecteurs.

 

C’est une manière polie de démontrer aux grandes centrales syndicales que la politique menée depuis 1945 en matière de droit du travail a conduit la France à la quasi-banqueroute, avec un taux de chômage de 10,8 % de la population active, alors même qu’en Suisse, où l’on peut licencier un collaborateur sans indication de motif (si l’employé ne le demande pas), le taux de chômage est de 2,8 % !

 

Bien entendu, la CGT, la CFDT ou FO ne vont pas accepter de bon cœur ces «souplesses nouvellesۚ» qui sont le contraire de leur credo. Plus les faits leur donnent tort et plus ils proclament qu’il faut aller encore plus loin. La persévérance dans l’erreur est une des caractéristiques des doctrinaires de la gauche. On l’a vu dans le canton de Vaud avec Mme Lyon et sa clique de pédagogistes menteurs sans vergogne.

 

M. Gallois n’a pas tort, mais ce n’est pas grâce à ses propositions seulement que la France pourra retrouver la compétitivité qui lui fait défaut. Aussi longtemps que les parités de chaque monnaie nationale ne seront pas revues au sein de l’euro, et tant que les syndicats français (qui représentent moins de 5 % des travailleurs) seront en mesure de paralyser le dialogue social, on ne sortira pas du tunnel.

 

Claude Paschoud

Thèmes associés: Economie - Politique française

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