Editorial

Voici ce qu’on pouvait lire dans la presse, le mercredi 28 novembre: «La Suisse apportera sa voix jeudi à la résolution octroyant à la Palestine un nouveau statut d’Etat observateur non membre à l’ONU. Le Conseil fédéral veut donner une chance supplémentaire au processus de paix, selon Didier Burkhalter, qui a rendu publique la décision.»

Et voici ce qu’on pouvait lire dans la même presse au lendemain de l’octroi du fameux statut par l’Assemblée générale de l’ONU: «Pour l’ambassadrice américaine à l’ONU, Susan Rice, le vote de jeudi ne fait qu’entraver davantage le processus de paix.»

Processus de paix? Quel processus de paix? Il n’ y a pas, il ne peut pas y avoir de processus de paix entre deux camps aux positions inconciliables, dont chacun rêve, tout en évoquant pour la galerie ce fameux processus de paix, de voir disparaître l’autre, et s’arrange pour «déraper» chaque fois que se dessine, grâce à l’intervention de quelque «quintette» ou «quartette» censé représenter la «communauté internationale», une menace d’arrangement.

D’autre part, il est abusif de parler de Palestine à propos du statut d’observateur d’un «Etat» qui n’existe pas et qui n’existera probablement jamais. Pour l’instant, la Palestine est une région et non un Etat, c’est une évidence.

Notre «ministre des affaires étrangères» aurait également déclaré: «Il ne s’agit pas du tout de prendre parti pour un Etat [la Palestine] plutôt que l’autre [Israël].»

C’est se moquer du monde. En soutenant l’octroi du statut d’Etat observateur non membre de l’ONU à la Palestine, le Conseil fédéral, en dépit des affirmations lénifiantes de Didier Burkhalter, prend évidemment parti.

Que l’exécutif fédéral souhaite, avec un manque de réalisme qui tend à devenir chronique, une Palestine à deux Etats le regarde. Mais que, dans cette optique, il adopte une attitude manifestement contraire à la neutralité nous regarde nous.

Nous avons toujours su et toujours dit que l’adhésion de la Suisse à l’ONU n’était pas compatible avec notre neutralité. On nous a toujours répondu que si. Dans le cas qui nous occupe, le seul moyen de prouver la compatibilité consistait à s’abstenir lors du vote de l’Assemblée générale de l’ONU du 29 novembre. Mais c’était compter sans l’incoercible besoin de se faire valoir sur la scène internationale qui semble être le principal moteur des décisions calamiteuses du Conseil fédéral en matière de politique étrangère.

Apparemment, il est indifférent à nos «sages» que la population suisse prenne un jour des bombes sur la figure.

Le Pamphlet

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